Il y a environ 20 ans, l’Australie était un pays riche, qui pouvait compter sur son agriculture, son élevage et sa pêche, ses riches ressources naturelles et ses nombreuses activités manufacturières locales florissantes. En 2018, plus de 10 % des terres australiennes appartenaient à des États étrangers, son eau, son charbon et ses produits de qualité étaient exploités et expédiés à l’étranger, ses principales industries essentielles étaient délocalisées hors du pays. Aujourd’hui, ce chiffre a progressivement augmenté. Le résultat est un pays qui perd son indépendance et devient l’otage de certaines grandes puissances, dont principalement la Chine.
En 1998, l’Australie était riche et prospère, le coût de la vie était abordable pour la majorité de sa population, les taux de chômage et de pauvreté étaient faibles. Les produits locaux étaient savoureux et abondants. Malgré la quantité abondante de ressources naturelles, il y avait un sens des responsabilités, une prise de conscience et un respect et le gouvernement écoutait les opinions de ses citoyens.
Depuis lors, la recherche de profits de trop nombreux politiciens et hommes d’affaires, a permis à des suprématies, comme le régime chinois, d’infiltrer de façon tentaculaire l’économie, la politique, l’éducation, les soins de santé, le système d’infrastructures et la culture de l’Australie. Depuis lors, les Australiens ont progressivement et silencieusement perdu leur liberté et leurs richesses sans réaliser que les personnes au pouvoir, sensées protéger le pays, autorisent son rachat.
La station d’élevage Yakka Munga dans le Kimberley a été rachetée par Zenith, une entreprise chinoise, qui a complètement ignoré l’écosystème et a défriché 120 hectares de terres, détournant l’eau de pluie et commençant des travaux d’excavation. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
En 2020, la Chine possède certaines des terres agricoles les plus fertiles, les plus grandes stations d’élevage, les plus grandes fermes laitières, les meilleurs établissements vinicoles, des pêcheries de qualité, des mines de charbon, des soins de santé et des infrastructures, notamment la propriété d’un aéroport en Australie occidentale, le bail du port de Darwin jusqu’à la fin de ce siècle et la propriété de 20 % du port de Melbourne.
Selon un rapport du 30 juin 2018 du Register of Foreign Ownership of Agricultural Land, « 11 % des terres agricoles australiennes étaient de propriété étrangère, la proportion la plus élevée (24 % ) se trouvant dans le Territoire du Nord ». Le Royaume-Uni reste le plus grand propriétaire étranger de terres agricoles (2,6 % des terres agricoles), suivi par la Chine (2,3 % des terres agricoles).
La Chine possède également les plus grandes et plus saines exploitations laitières en Australie. Mengniu Dairy, la société chinoise responsable de l’empoisonnement d’environ 300 000 bébés avec son lait toxique en 2008, possède les marques suivantes grâce à l’acquisition de la division Lion Dairy & Drinks : Dairy Farmers, Pura, Farmers Union, Masters, Moove, Dare, Vitasoy, Yoplait, Frûche, Divine Classic, YoGo, Big M, Berri, Just Juice et Daily Juice. En septembre 2019, Mengniu a également fait l’acquisition de Bellamy, entreprise australienne spécialisée dans le lait en poudre pour nourrisson pour 1 milliard de dollars US, avec l’approbation du Foreign Investment Review Board (Firb).
Récemment, il a été rapporté que la plus grande société de production laitière d’Australie occidentale, Brownes, fondée il y a 130 ans, a été vendue à un consortium dirigé par Shanghai Ground Food Tech.
En Tasmanie, le parc éolien Cattle Hills appartient à une entreprise publique chinoise cotée en bourse. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
La plupart des industries essentielles se trouvent dans la même situation et les producteurs de riz et de produits laitiers du bassin du fleuve Murray en sont des exemples. Au lieu d’être soutenus par le gouvernement, ils sont contraints d’assister impuissants, tandis qu’on prend leur eau. En fait, les droits sur l’eau ont été vendus au plus offrant, en l’occurrence, une fois de plus, la Chine. En conséquence, l’Australie, qui pourrait être totalement autosuffisante, importe 95 tonnes de riz chaque année. Des politiques similaires ont également été adoptées en Australie du Sud, où les voies navigables ont été déviées et réservées aux grandes entreprises, laissant les communautés locales aux prises avec la sécheresse et les feux de brousse.
Selon le gouvernement fédéral, 10,4 % des droits sur l’eau en Australie sont détenus par des personnes ou des entreprises étrangères et la Chine est le principal acteur avec ses 732 gigalitres, soit 1,89 % du marché de l’eau, plus que le port de Sydney, qui détient 500 gigalitres. Ces données sont révélées dans un nouveau registre de l’ATO (Australian Taxation Office), dont la tâche est de contrôler la propriété des ressources naturelles de l’Australie.
D’autres exploitations, dont la Cubbie Station, l’un des plus grands fabricants de coton australien situé à la frontière du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud, ont vendu leur entreprise. 51 % de la célèbre station a été rachetée par le géant chinois du textile Shandong Ruyi, en 2012.
La station de bétail Yakka Munga dans le Kimberley a été rachetée par Zenith, une entreprise chinoise, qui a complètement ignoré l’écosystème et qui, sans permis et sans avoir consulté la communauté locale, a défriché 120 hectares de terre, détournant les eaux de pluie et commençant des travaux d’excavation. En 2019, le gouvernement d’Australie occidentale leur a ordonné de réhabiliter le site, mais cela prendra de nombreuses années.
En Tasmanie, le parc éolien de Cattle Hills est entre les mains d’une entreprise publique chinoise cotée en bourse, tandis qu’en Nouvelle-Galles du Sud, Yancoal Australia Ltd. (entreprise chinoise) a racheté le 1er septembre 2017, l’activité de charbon thermique de Rio Tinto Coal & Allied Hunter Valley.
En février, de nombreuses organisations soutenues par le PCC à Melbourne et à Sydney, coordonnées par M. Kuang, un ancien officier de l’Armée de libération du peuple, ont organisé une expédition aérienne de fournitures médicales d’Australie vers Wuhan. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
En février de cette année, le magnat chinois Qingnan Wen, déjà propriétaire des 2000 hectares de Lal Lal Estate près de Ballarat, pour lesquels il a payé 20 millions de dollars en 2014, a fait une offre d’achat d’une célèbre ferme lainière patrimoniale Mawallokestate près de Beaufort dans l’ouest du Victoria. L’accord est en cours d’approbation par le FIRB (Foreign Investment Review Board).
La liste des actifs que l’Australie a vendus à la Chine se poursuit avec certains des plus prestigieux vignobles de la vallée de la Barossa, de grands hôpitaux et des prestataires de soins de santé - ce qui donne également à la Chine l’accès à nos données médicales.
En 2017, le nombre de centres médicaux australiens entre les mains de la Chine est passé à 35 après que l’opérateur d’hôpitaux privés Health Care - acheté par le groupe chinois Luye Medical en 2016 pour 938 millions de dollars - ait acquis 15 cliniques de Pulse Health dans le cadre d’une transaction de 155 millions de dollars, suivies de trois autres - l’hôpital privé Shellharbour, l’hôpital privé de santé mentale de la côte sud et le cabinet de chirurgie ambulatoire Wollongong - tous en Nouvelle-Galles du Sud. Selon le Financial Review, au moment de l’achat, le groupe a assuré un revenu de plus de 700 millions de dollars US et exploitait plus de 2 500 lits.
Ces accords, et bien d’autres, font de l’Australie le sixième partenaire commercial de la Chine. 25 % des importations de produits manufacturés de l’Australie proviennent de la Chine et 13 % de ses exportations sont du charbon thermique vers la Chine.
Pour le grand public, acheter des produits locaux est devenu de plus en plus difficile, car la plupart des produits de première nécessité sont exportés et les Australiens sont souvent obligés d’acheter des produits de moindre qualité ou d’origine douteuse. Les étiquettes sont souvent trompeuses; en fait, certains produits sont fabriqués en Australie avec des matériaux ou ingrédients importés, ou bien ils sont fabriqués localement, mais la propriété est étrangère. Bien que l’Australie soit entourée d’océans, les meilleurs homards et poissons sont transportés frais à l’étranger, tandis que les australiens se retrouvent avec des fruits de mer de second choix.
Il y a quelques jours, la Chine a exprimé son intérêt pour le rachat de Virgin Australia, dont les actions sont déjà détenues à 90 % par des sociétés d’État (Chine, Abu Dhabi, Singapour). (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Malgré les nombreuses mises en garde de l’ASIO (Australian Security Organization Intelligence) sur les risques de l’influence croissante du gouvernement chinois en Australie, les gouvernements locaux et fédéraux continuent à dépendre fortement de l’argent du régime chinois qui ne respecte pas l’éthique et viole des droits de l’homme. En 2019, Daniel Andrews (le premier ministre de l’État de Victoria) a signé l’accord « Belt and Road Initiative » avec le Parti communiste chinois (PCC), qui prévoit une forte implication du dragon rouge dans le développement des infrastructures de l’État de Victoria et des liens encore plus étroits avec celui-ci.
En plus de la possession d’innombrables actifs et de l’influence directe sur l’économie australienne, la Chine exerce son soft power, son influence s'accroît sur nos libertés et impact aussi notre système éducatif, notre liberté d’expression et notre vie quotidienne. Au cours des dernières années, le PCC a infiltré notre culture au point qu’il y a eu des cas de personnes pénalisées pour avoir critiqué le PCC. Un exemple récent est celui d’un étudiant en philosophie à l’Université du Queensland qui, comme beaucoup d’autres, dépend fortement des frais de scolarité des étudiants chinois. Drew Pavlou a fait l’objet de mesures disciplinaires, y compris la possibilité d’être expulsé, pour avoir été pro-démocrate de Hong Kong et avoir critiqué le régime de Pékin pour avoir réprimé et persécuté ses minorités, notamment le Falun Gong, les Ouïghours et les Tibétains.
Les événements actuels liés à la propagation du virus du PCC, (dissimulé par le gouvernement chinois pendant des semaines), ont révélé la dangereuse dépendance de l’Australie vis-à-vis de la Chine pour leurs biens essentiels et la vente de leurs précieuses ressources. En février, de nombreuses organisations soutenues par le PCC à Melbourne et à Sydney, coordonnées par M. Kuang, un ancien officier de l’Armée de libération du peuple, ont organisé deux expéditions aériennes de fournitures médicales d’Australie à Wuhan. Les cargaisons comprenaient 10 tonnes de désinfectant, 35 000 combinaisons médicales de protection et 200 000 paires de gants. M. Kuang a également utilisé une plateforme publique pour appeler tous les Chinois d’Australie à contribuer en achetant plus d’équipements et de produits de première nécessité et en les envoyant dans leur pays d’origine, ainsi que de l’argent et tout ce qu’ils pouvaient rassembler en Australie. Le résultat a été que l’Australie a manqué de fournitures au moment où elle en avait le plus besoin.
En plus de la possession d’innombrables actifs et de l’influence directe sur notre économie, la Chine exerce son soft power sur notre système éducatif, notre liberté d’expression et notre vie quotidienne. (Image : Pavel / Wikimedia / CC BY 2.0 )
Malgré les nombreux procès intentés dans le monde entier pour tenir le PCC responsable des dommages causés par COVID-19, certains des politiciens australiens continuent de faire l’éloge de ce régime et sont prêts à continuer à signer des accords avec lui.
Le dragon rouge pourra très probablement essayer de tirer profit de la situation en achetant les meilleurs actifs étrangers rendus possibles par la crise profonde et les pertes économiques créées par la pandémie.
Le gouvernement australien, dans une tentative de protéger ses entreprises, a légiféré en faveur du filtrage de toutes les offres d’achat par le biais du FIRB. Cela dit, jusqu’à présent, le FIRB, qui est censé protéger les intérêts australiens, a peu exercé son veto à la vente de ses meilleures entreprises.
La semaine dernière, la compagnie aérienne Virgin Australia, touchée par la crise liée à la pandémie de Covid-19, s'est déclarée en cessation de paiements et s’efforce de sauver 1600 emplois, mais un soutien supplémentaire du gouvernement ne semble pas être une option.
L’Australie est en train de perdre sa liberté et son indépendance avec la complicité de son gouvernement qui échange la démocratie et les droits de l’homme contre l’argent et les intérêts personnels.
On peut espérer que cette pandémie soit un signal d’alarme concernant les dangers croissants de continuer à faire des affaires et de nouer des liens avec la Chine, et qu’elle soit l'occasion pour convaincre ceux qui détiennent le pouvoir de commencer à inverser la situation.
Traduit par Fetty Adler
Version en anglais : How China Is Conquering Australia With the Blessings of Its Politicians
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