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Chine. Pénurie alimentaire : Pékin impose la culture de céréales

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Ces derniers mois, des spéculations ont été émises selon lesquelles la Chine se dirige vers une crise alimentaire et sera bientôt confrontée au risque de pénurie alimentaire. (Image : pixabay CC0 1.0)
 

Au cours des derniers mois, il y a eu des spéculations selon lesquelles la Chine se dirige vers une crise alimentaire et sera bientôt confrontée au risque de pénurie alimentaire. Comme pour confirmer ces soupçons, Les autorités chinoises auraient demandé aux agriculteurs de s’orienter vers des cultures de base comme les céréales.

La culture de céréales

En avril, le gouvernement local de la ville de Shilai a exigé que tous les agriculteurs stoppent les plantations d’arbres pour se consacrer à la culture de céréales au cours des cinq prochaines années, et que les arbres déjà plantés soient abattus. Dans le village de Zuojiagou, des peupliers ont été abattus sans l’accord des agriculteurs. Les agriculteurs se sont plaints, mais les autorités n’ont pas donné suite à leurs réclamations. « Ils ont détruit les arbres en toute discrétion, la nuit... Le gouvernement aurait dû au moins nous informer. Nous ne pourrons pas vendre les arbres abattus et nous devrons les utiliser comme bois de chauffage. C’est toujours le peuple qui souffre en Chine », a dit un villageois à Bitter Winter.

Un autre villageois a déploré le fait que cette politique prônant l’abattage d’arbres est obligatoire et que personne n’ose protester. Dans un village de la province du Guangdong, les personnes âgées ont été obligées de planter du riz dans des champs autrefois occupés par des arbres. Un septuagénaire a fait remarquer qu’il était en mauvaise santé et que cela faisait plus de dix ans qu’il n’avait pas travaillé la terre.

Mais, pour se conformer à la directive de l’État, il a été forcé de le faire. Un agriculteur a mentionné que la politique est entrée en vigueur le 1er mai, le gouvernement menaçant de révoquer les droits fonciers des agriculteurs qui ne respecteraient pas la directive. En Chine, les agriculteurs ne sont pas propriétaires de leurs terres agricoles. Elles appartiennent au gouvernement. Les agriculteurs n’ont que des droits contractuels sur ces terres et dépendent de l’État pour honorer cette obligation.

 

En Chine, le gouvernement est propriétaire de toutes les terres agricoles, tandis que les agriculteurs ne disposent que de droits contractuels pour travailler la terre. (Image : Bryon Lippincott / flickr / CC BY-ND 2.0)
En Chine, le gouvernement est propriétaire de toutes les terres agricoles, tandis que les agriculteurs ne disposent que de droits contractuels pour travailler la terre. (Image : Bryon Lippincott / flickrCC BY-ND 2.0)
 

En août, le président Xi Jinping a demandé à la population de stopper le gaspillage alimentaire, qu’il a qualifié de « choquant et affligeant ». Il a déclaré que la Chine doit maintenir un sentiment de crise en matière de sécurité alimentaire. Bien que le gouvernement n’ait pas ouvertement admis l’évidence d’une pénurie alimentaire dans le pays, les déclarations de Xi Jiping vont dans ce sens. En juillet, il a visité des exploitations agricoles dans la province de Jilin, demandant aux fonctionnaires de s’assurer que l’approvisionnement en céréales reste stable.

La sécurité alimentaire

Les causes sous-jacentes de l’insécurité alimentaire en Chine seraient dues à trois facteurs. Premièrement, la récente série d’inondations le long du fleuve Yangtze. Près de 70 % de la production de riz en Chine se fait dans le bassin du Yangtze. Selon Shenwan Hongyuan, une société de courtage chinoise, la production de riz dans le pays pourrait chuter de 5 % cette année en raison des inondations. Le prix du soja a augmenté de 30 % et celui du maïs de 20 %. De plus, les cultures de maïs ont été endommagées par les mites et l’année dernière, la grippe viticole africaine a tué près de 40 % de la population porcine.

 

Le prix du soja a augmenté de 30 % et celui du maïs de 20 %. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Le prix du soja a augmenté de 30 % et celui du maïs de 20 %. (Image : pixabay CC0 1.0)

 

Deuxièmement, la pandémie de Covid-19 a mis un frein à la production alimentaire. Troisièmement, Pékin est en conflit avec les États-Unis, l’Inde et plusieurs pays du monde qui exportent des cultures vers la Chine. En fait, Pékin importe pour 75 milliards de dollars de nourriture d’autres nations - 18 milliards des États-Unis, 5,6 milliards du Canada, 5,3 milliards de Nouvelle-Zélande et environ 2 milliards d’Inde.

Mais il existe aussi des conflits commerciaux et politiques entre la Chine et ces pays. Bien qu’aucun de ces pays n’ait interdit l’exportation de denrées alimentaires vers la Chine, la réalité est que la pandémie de Covid-19 suscite dans le monde entier de graves préoccupations en matière de sécurité alimentaire. Ainsi, si ces pays devaient faire face à une pénurie alimentaire, ils donneraient la priorité à leurs propres citoyens et bloqueraient les exportations de denrées alimentaires, affectant ainsi la Chine.

Pékin a récemment débloqué près de 62,5 millions de tonnes de riz, 760 000 tonnes de soja et 50 millions de tonnes de maïs de ses réserves stratégiques. C’est plus que la quantité de nourriture libérée des réserves stratégiques l’année dernière. Au cours des six premiers mois de 2020, les importations de céréales ont augmenté de 22 %. Tous ces chiffres indiquent une vérité simple : une pénurie alimentaire est en effet en train de se profiler en Chine. Hu Xingdou, un économiste, pense que la Chine aura bientôt du mal à se procurer de la nourriture à l’étranger. Il pense que l’autosuffisance du pays en matière de production alimentaire doit être portée à 95 %, contre 80 % actuellement.

Traduit par Fetty Adler

Version en anglais : Beijing Asks Farmers to Grow Grains as Country Faces Food Shortage

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