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Chine. Le destin tragique de Xia Guangyan (1)

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Xiao Guangyan a insisté pour aller en Chine afin de « servir la mère patrie », une démarche qui s’est plus tard révélée tragique pour lui et sa famille en raison des mensonges du gouvernement communiste chinois. (Image : pixabay / CC0 1.0)
 

Xiao Guangyan (1920-1968), né au Japon de parents chinois, était un pionnier de la pétrochimie. Son père était lieutenant général à l’ambassade de la République de Chine au Japon et a ensuite été ministre sous le gouvernement de Wang Jingwei. Xiao Guangyan a connu une enfance privilégiée et insouciante et plus tard une vie de rêve aux États-Unis avec une charmante épouse et une carrière accomplie. Il a pourtant pris la décision d’aller en Chine après la création de la République populaire de Chine, afin de « servir la mère patrie », une décision qui s’est révélée tragique pour lui et sa famille en raison des mensonges du gouvernement communiste chinois.

Dès son plus jeune âge, Xiao Guangyan a fait preuve de talents extraordinaires. À l’âge de 9 ans, il maîtrisait déjà trois langues : le chinois, le japonais et l’anglais. À 12 ans, il a intégré le meilleur collège du Japon. Malgré cela, il était modeste et humble. Il aimait lire et étudier et obtenait les meilleures notes à l’école.

Xiao s’est installé aux États-Unis et a obtenu son diplôme en chimie avec mention, au Pomona College, en 1942. Après avoir obtenu son diplôme, il a étudié sous la direction du professeur James Frank, un lauréat du prix Nobel de physique.

En 1945, à l’âge de 25 ans, il a obtenu un doctorat en physique et chimie à l’université de Chicago et en 1946, on lui a offert le poste de chercheur assistant au département de chimie de l’université de Chicago. Plus tard, il a été engagé par Esso (devenu Exxon-Mobile) comme chimiste. Chez Esso, Xiao a participé au développement de la première unité de reformage catalytique au platine, à lit fixe. Il s’agissait de la technologie de raffinage du pétrole la plus avancée au monde à l’époque. Son travail acharné et son talent lui ont valu la médaille d’or de l’American Petroleum pendant quatre années consécutives.

 

Xiao Guangyan, un pionnier chinois de la pétrochimie, est né au Japon en 1920 de parents chinois. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
Xiao Guangyan, un pionnier chinois de la pétrochimie, est né au
Japon en 1920 de parents chinois. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
 

À cette époque, Xiao Guangyan avait tout pour être heureux : il vivait dans un manoir, conduisait une voiture élégante et avait une charmante épouse.

À l’automne 1949, la Chine a créé aux Etats-Unis une association scientifique, afin de mobiliser les scientifiques et les faire venir en Chine.

En apprenant la nouvelle, Xiao Guangyan était ravi. Il a écrit au gouvernement chinois pour s’enquérir des besoins de l’industrie pétrolière en Chine. Après avoir reçu une réponse favorable, Xiao Guangyan a renoncé à toutes ses activités sociales et à ses passe-temps, et a même dépensé des milliers de dollars en matériel de photocopie pour recueillir des informations cruciales. Après une année de travail éprouvant et de beaucoup de stress, il avait rassemblé tout ce dont il avait besoin. Ce matériel est ensuite devenu d’une importance capitale pour l’industrie pétrolière chinoise.

Zhen Suhui, l’épouse de Xiao Guangyan, était très attachée à son mari et était satisfaite de sa vie. Cependant, elle nourrissait de grandes inquiétudes quand à leur départ pour la Chine. Elle ne comprenait pas pourquoi son mari voulait abandonner une vie confortable aux États-Unis pour s’installer en Chine.

Le couple s’est disputé à maintes reprises à ce sujet. Zhen Suhui disait : « Je ne peux même pas parler chinois, qu’est-ce que je vais faire en Chine ? Le parti communiste est maintenant au pouvoir. Nous n’avons apporté aucune contribution au Parti communiste. Qui nous accueillerait à nouveau ? »

Quand à Xiao Guangyan, la politique ne l’intéressait pas, peu lui importait qui était au pouvoir. Il voulait simplement ramener la technologie américaine en Chine, qu’il considérait comme son pays natal. Il a fini par dire à sa femme : « Si tu ne veux pas aller en Chine avec moi, j’irai seul. » Sachant qu’elle ne pourrait pas le faire changer d’avis, Zhen Suhui s’est résignée à le suivre.

En 1950, Xiao Guangyan a donc décidé de quitter les États-Unis. Le gouvernement américain a tenté de le dissuader, de l’empêcher, voire de lui interdire de quitter le pays pour des raisons de secret d’État et de sécurité nationale. Il a dû surmonter beaucoup d’obstacles, il est finalement arrivé en Chine, en passant par Hong Kong. 
Là, il a travaillé pour le ministère du pétrole. Le ministère du pétrole n’étant pas en mesure de créer un institut de recherche, il a été envoyé à l’Institut de chimie et de physique de Dalian. Là-bas, les conditions de travail étaient difficiles et l’équipement très vétuste.

Malgré une vie complètement différente de celle des États-Unis, il vivait heureux avec sa famille. Les hauts fonctionnaires du gouvernement chinois ont évalué les matériaux qu’il avait ramenés. Après avoir soigneusement vérifié ces documents et ces matériaux, ils ont confirmé qu’ils étaient très précieux et qu’ils avaient immédiatement contribué à combler les lacunes techniques de l’industrie pétrolière en Chine.

À cette époque, la technologie pétrolière en Chine était encore rudimentaire. Xiao Guangyan a fourni les connaissances et le savoir-faire nécessaires sur le type de catalyseurs à utiliser dans le raffinage du pétrole.

 

À cette époque, la technologie dans le secteur pétrolier en Chine était encore rudimentaire. (Image : pixabay / CC0 1.0)
À cette époque, la technologie dans le secteur pétrolier en Chine était encore rudimentaire. (Image : pixabay CC0 1.0)
 

Grâce à la contribution de Xiao Guangyan dans le domaine technologique, la Chine a pu construire au début des années 60 des équipements industriels de grande envergure, répertoriés alors comme l’une des cinq technologies essentielles en Chine. Xiao Guangyan a joué un rôle essentiel dans le succès de l’industrie pétrolière chinoise. Sous sa direction, son équipe a réalisé 15 essais en un an et demi, jetant les bases essentielles à l’industrie pétrolière en Chine.

Cependant, de façon soudaine et choquante, en 1958, alors qu’il était à la pointe de sa carrière, il a été catalogué de « personne en quête de gloire et de gain », et le parti communiste l’a classé comme contre-révolutionnaire. Xiao Guangyan était sidéré et ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Des affiches, imprimées en caractères gras étaient placardées dans les couloirs : « Vous n’avez aucune affection pour la mère patrie. Vous avez apporté du matériel inutile en vue d’obtenir des promotions. Vous recevez un gros salaire mais vous n’avez rien fait d’utile depuis des années. Vous faites de beaux discours mais ce ne sont que des mensonges... »

Á suivre...

Traduit par Fetty Adler

Version en anglais : The Terrifying Betrayal of a Genius and His Family (Part 1)

Traduit du chinois par Joseph Wu

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