Faire pousser des légumes, des fleurs et des fruits est une expérience très enrichissante, faite de joie et parfois de déceptions. C’est un apprentissage qui nous emmène de découverte en découverte.
La houe est un des plus vieux instruments du potager et toujours utilisé de nos jours, il sert à sarcler, biner, butter, faire des trous. (Image : 123rf / Igor Stevanovic)
Le potager existait déjà, à l’époque néolithique. Les hommes ont cultivé des plantes pour se nourrir mais aussi pour se soigner ou faire des rituels religieux. Comme il ne reste que quelques traces, il est difficile de connaître avec certitude quelles plantes ils utilisaient. Ce qui est sûr, c’est qu’au fil du temps, les hommes ont sélectionné les graines, bulbes, rhizomes des plus belles plantes pour les cultiver. Petit à petit, une plante sauvage à très faible rendement s’est transformée en légume, fruit et fleur de nos jardins.
Dans le potager du Moyen Âge : il y avait des légumes racines, des choux, des légumineuses comme les pois chiches et les lentilles, ainsi que des salades. On y trouvait des herbes aromatiques et médicinales. Avec la découverte des Amériques, au XVème siècle, la collection s’agrandit avec les tomates, pommes de terre, aubergines, poivrons, haricots et maïs.
Au début du XXème siècle, le concept de variété hybride F1, inventé par Shull (1908) est le début d’une vraie révolution. On féconde une variété, avec une autre variété de la même famille pour améliorer ses qualités et sa résistance aux maladies. Les graines d’une plante F1 sont dites : stériles, car elles perdent leurs caractéristiques pour laisser la prévalence à une des variétés utilisées dans le croisement. Cela n’a rien à voir avec les OGM qui ont leur ADN modifié et qui, peuvent transmettre leur mutation au plantes sauvages et détruire des insectes utiles ce qui perturbe le système écologique.
Si les pesticides existent depuis très longtemps, l’arrivée de produits phytosanitaires chimiques, dans les années 1930, a marqué un tournant dans notre agriculture. Ils ont permis de multiplier considérablement le rendement. Après avoir eu son heure de gloire, de plus en plus d’études tirent la sonnette d’alarme : l’agro-industrie appauvrit gravement les sols et l’écosystème. Si les potagers familiaux ont abusé de ces produits, ce n’est plus le cas, et de nombreuses approches permettent d’avoir un bon rendement sans nuire à l’environnement.
Cultiver son jardin sans produit chimique permet de retrouver la biodiversité. (Image : LG_A / Pixabay)
Cultiver son potager sans produits chimiques
Avoir un beau potager sans produits chimiques demande quelques connaissances, de la patience et de l’expérience. Chaque jardin est différent, la qualité de sa terre et son microclimat varient. La personne qui cultive le jardin a aussi une grande importance de par ses capacités, ses désirs et son énergie. Les plantes ont des affinités entre elles, elles en ont aussi avec les humains. La main verte s’acquière en partie mais rare sont ceux qui peuvent se vanter de réussir toutes les cultures. J’ai une formation en horticulture et j’ai cultivé des jardins en communauté puis seule durant plus de quarante ans. Cela m’a apporté beaucoup de connaissance que je voudrais partager.
Au fil du temps, la terre bien cultivée devient riche en humus et légère. (Image : Dean Moriarty / Pixabay)
La base, c’est la terre
La terre d’un potager doit être équilibrée. Pour être sûr de bien faire, il est possible de faire analyser sa terre mais ça coûte assez cher.
Plus simplement, apportez un peu de compost, de quoi recouvrir la terre d’une épaisseur de 1 à 2 centimètres chaque année. Votre compost sera parfait. L’avantage du compost est qu’il va abriter beaucoup de petits animaux utiles comme le hérisson et certains insectes.
Si votre terre est lourde, collante et qu’il y pousse des champignons, ce qui arrive parfois, surtout sur les balcons, c’est qu’elle est trop acide. Ajoutez des cendres mais pas de compost pour équilibrer.
Si la terre est argileuse, apportez-lui du sable et du compost, un peu chaque année jusqu’à ce qu’elle soit légère. Par contre, si elle est caillouteuse, donnez-lui plus de compost, ou du fumier décomposé.
Ne retournez pas la terre, il suffit de l’aérer avec une grelinette car la vie microscopique en surface a besoin d’air pour vivre ce qui n’est pas le cas des profondeurs, en retournant la terre, vous tuez beaucoup de microorganismes. De même, garder toujours la terre couverte avec un paillis. Le paillis va se décomposer et nourrir la terre, il va limiter la déperdition d’eau et la prolifération de « mauvaises herbes » et pour le paillis de fougères, empêcher la venue des limaces.
L’ortie possède énormément de qualité. Prenez des gants et préparez votre purin loin de la maison, l’odeur ressemble au vrai purin. (Image : Vanessa Matthyssen / Pixabay)
Des plantes pour soigner d’autres plantes
Pour soigner les plantes naturellement, vous pouvez utiliser des plantes que vous trouvez dans votre jardin. Par exemple, l’ortie est particulièrement utile. Quelques feuilles au fond du trou de plantation de vos tomates les rendront vigoureuses. Le purin d’ortie en pulvérisation va fortifier vos plantes et les protéger des nuisibles. Pour avoir de belles fleurs et de beaux fruits, le purin de consoude fait bien l’affaire. Il y a beaucoup d’autres recettes sur Internet, à vous de les tester.
La grandeur de l‘hôtel à insectes dépend de la grandeur de votre jardin. (Image : Sabine Fenner / Pixabay)
Inviter les animaux utiles
Si vous avez assez de place, réservez un endroit pour votre compost, le purin et un hôtel à insectes. Vous pouvez le fabriquer vous-même où l’acheter mais ce sera plus cher. Un mini-hôtel est aussi possible sur un balcon, par exemple. Plus il y a de variétés d’insectes et de plantes, plus elles interagiront entre elles et s’équilibreront. Par exemple, si vous avez la chance d’avoir un hérisson ou un crapaud, ceux-ci vont se régaler de vos limaces et escargots. Les larves des coccinelles raffolent des pucerons.
Le triton est, comme le crapaud et le hérisson, un carnivore qui croque volontiers de la limace. (Image : ankreastudio / Pixabay)
Pour le hérisson, vous pouvez construire sous l’hôtel à insectes une petite caisse avec une entrée de 12cm sur 12cm. L’abri doit être protégé du vent et de la pluie et contenir des feuilles mortes ou de la paille à l’intérieur. Donnez-lui de l’eau en période sèche et des croquettes pour chat en hiver. Pour le crapaud ou le triton, laissez quelques cailloux, des morceaux de bois avec des pots dans un coin humide.
Les plantes amies
Il est bon de faire tourner les cultures et d’associer des plantes qui se protègent entre elles. Par exemple : une ligne de maïs et haricots rames. Les haricots grimpent sur le maïs et le maïs profite de la production d’azote des haricots. Idem pour les haricots nains et les courgettes ou les courges. La culture de haricots se termine plus vite que celle des courges, de cette façon la terre est toujours recouverte.
La saison suivante, plantez au même endroit des tomates en les associant au basilic, à la capucine. Les capucines attirent les pucerons et n’iront pas piquer vos légumes. Les choux se marient avec les pommes de terre et les oignons et poireaux avec les carottes qui se protègent mutuellement des mouches : Psila rosae pour la carotte et Napomyza gymnostoma pour le poireau.
Il y a encore d’autres façons de faire son potager, mais ce sera pour une autre fois...
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