Les interrogations sont nombreuses quant à l’origine du porteur initial du virus de Wuhan, responsable de l’actuelle pandémie qui fait que le tiers de la population mondiale est confinée.
Décrite comme inédite, la pandémie du nouveau coronavirus a pourtant eu des précédents durant le siècle passé, qui engendrèrent aussi un taux de mortalité très élevé. Il s’avèrerait qu’un élément serait commun à toutes ces épidémies de grippe, à savoir le point de départ de ces pandémies, le pays d’origine...
En 1918, la Grippe Espagnole
Il y a un siècle, la Première Guerre Mondiale s’achevait, laissant la planète exsangue, les pays comptant leurs morts par millions. Si le début du conflit est marqué par l’entrée en guerre des principales puissances européennes, celles-ci seront ensuite rejointes par leurs colonies d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Seuls, quelques pays d’Amérique du Sud et d’Europe du Nord garderont une certaine neutralité pendant ces 4 années. Les Etats-Unis comme la Chine entreront en guerre en 1917.
En Chine, le peuple vit depuis 1911, une mutation profonde puisqu’il a vu disparaître sa dernière Dynastie d’Empereurs, les Qing, après une révolution qui installe la République. La Dynastie, affaiblie, a laissé les puissances occidentales s’installer et morceler le pays.
L’Empire du Milieu, dont les dynasties régnèrent pendant presque 4 000 ans, n’est plus. À l’instar de pays européens, la Chine veut, elle aussi, faire l’expérience de la République, mais sombre dans une instabilité politique entretenue par des guerres internes et des luttes de pouvoir entre révolutionnaires.
En 1918, alors que la fin de la guerre s’amorce, une pandémie de grippe, dénommée à tort « Grippe Espagnole », augmentera drastiquement le nombre de morts de par le monde. Touchant plus du tiers de la population mondiale entre 1918 et 1919, elle fut nommée « Grippe Espagnole » car l’Espagne étant restée neutre pendant la guerre, n’était pas concernée par le secret militaire et fut donc le premier pays à mentionner publiquement l’épidémie.
Mais, selon les recherches de l’Institut Pasteur, « Cette pandémie, la plus meurtrière de l’Histoire dans un laps de temps aussi court, prit probablement sa source en Chine avant de passer aux États-Unis, par le biais d’un bataillon américain revenant de la région de Canton vers une base de Boston. C’est dans des camps militaires américains que les premiers morts furent recensés dès février 1918. Le virus aurait muté aux Etats-Unis pour devenir plus virulent et plus mortel, puis aurait été introduit au printemps en Europe lors du débarquement des troupes américaines. Il diffusa, ensuite, dans le reste du monde au gré des échanges entre les métropoles européennes et leurs colonies. »
Urgences de l’hôpital du Camp Funston au Texas, pendant l’épidémie de la grippe espagnole en 1918. (Image : Otis Historical Archives, National Museum of Health and Medicine / wikimedia / Domaine public)
Le virus de souche A (H1N1), lointain ancêtre de la récente épidémie de 2009, serait donc apparu en Chine, puis aurait migré aux USA avant de toucher l’Europe et le reste du monde, faisant 40 millions de morts entre 1918 et 1919.
1957, la Grippe Asiatique
40 ans après la pandémie de 1918, la Chine est passée sous domination communiste et Mao Zedong, son leader, use de stratégies l’amenant à concentrer tous les pouvoirs. En mai 1956, il lance la « campagne des cent fleurs » et, sous le prétexte de recueillir ouvertement les critiques des intellectuels de tous bord en Chine, débute en 1957 une brutale répression à grande échelle de tous ceux qui expriment « le déviationnisme de droite », faisant des centaines de milliers de victimes.
C’est à cette époque que seront recensés en Chine les premiers cas, en fin d’année 1956 et début 1957, d’une grippe H2N2 qui sera dénommée « Grippe Asiatique ». Ce virus proviendrait d’une mutation de canards sauvages et d’une souche humaine de grippe.
Partie de Chine, la grippe touchera ensuite des pays d’Asie (Japon, Hong Kong…) avant d’atteindre l’Amérique et l’Europe pendant l’été 1957. Mais c’est à l’automne 1957 que la pandémie s’accentuera, touchant surtout les enfants, femmes enceintes et personnes âgées. En France, le recours au vaccin, arrivé en plein pic épidémique, s’avérera peu efficace car les chercheurs s’attendaient à une souche H1N1, identique à la « Grippe Espagnole ».
« La pandémie de 1957 est un mauvais coup pour les scientifiques ! », lance le virologue Claude Hannoun (1). En effet, les chercheurs comprendront tardivement que le virus de 1957 est un H2N2. « Le vaccin ne fonctionnait pas car il n’était tout simplement pas adapté au nouveau virus. Un peu comme si, aujourd’hui, on se vaccinait avec le vaccin contre la grippe saisonnière en pensant se protéger du H1N1 », explique Claude Hannoun.
La pandémie s’éteindra naturellement avec le temps. Le bilan s’élève alors à 3 millions de morts à travers le monde, dont 100 000 en France.
1968, la Grippe de Hong-Kong
C’est cette même souche H2N2 qui évolue et réapparaît 10 ans plus tard sous le nom de Grippe de Hong-Kong, puisqu’elle y fut d’abord repérée à l’été 1968. En effet, les premiers cas seraient apparus en Chine, « et plus précisément dans le centre de la Chine, en février 1968 », comme le rapporte l’historien Patrice Bourdelais. Mais, c’est à 700 km de là, dans la colonie britannique de Hong-Kong que l’épidémie prendra de l’ampleur, faisant plus de 500 000 cas en juillet 1968 et sera ainsi reconnue.
En examinant, le contexte de la Chine, à cette époque, on peut comprendre que les premiers cas soient passés inaperçus. En effet, après le « Grand bond en avant » qui entraîna une famine sans précédent dans toute la Chine, tuant plus de 45 millions de personnes, Mao Zedong lance ensuite la Révolution culturelle, dès 1966.
La grande famine de Mao
En France, les événements de mai 68, grèves et manifestations étudiantes, sont encore dans toutes les têtes quand apparaissent les premiers cas durant l’hiver 1968-69. Cette première vague passera quasiment inaperçue. Mais à partir de novembre 1969, de nombreux cas sont repérés dans le sud-ouest de la France. Bergerac, Toulouse, Périgueux, puis Marseille… La France entière sera ensuite touchée.
Le professeur Dellamonica, jeune externe en réanimation d’une vingtaine d’années à Lyon, se souvient de l’épidémie de 1969 et décrit au journal Libération : « Les gens arrivaient en brancard, dans un état catastrophique. Ils mouraient d’hémorragie pulmonaire, les lèvres cyanosées, tout gris. Il y en avait de tous les âges, 20, 30, 40 ans et plus. Ça a duré dix à quinze jours, et puis ça s’est calmé. Et étrangement, on a oublié. »
Il faut attendre l’épidémie de SRAS, apparue fin 2002 dans le sud de la Chine, mais qui touchera essentiellement l’Asie jusqu’en 2003, pour qu’une équipe de statisticiens et d’épidémiologistes dirigés par Antoine Flahault reviennent sur l’épidémie de 1968 et découvrent vraiment l’ampleur de cette Grippe de Hong-Kong qui fit 40 000 morts en France et un million de par le monde (chiffre cité par le CDC, organisme américain de surveillance et prévention des maladies CDC).
50 ans plus tard, le nouveau coronavirus est apparu une fois de plus en Chine, probablement dès novembre 2019. Le confinement paralyse la planète depuis plus d’un mois, laissant présager d’une crise économique mondiale sans précédent.
La Chine est devenue « la centrale de production à bas prix » pour les grandes puissances occidentales. Ainsi, la main d’œuvre bon marché, les usines polluantes qui dégradent la nature et les productions intensives de qualité inférieure qui caractérisent la Chine communiste attirent depuis des décennies nombre de multinationales qui semblent établir des chiffres d’affaires colossaux.
Alors, « l’exportation » sous-jacente de virus, qui paralysent et gangrènent le monde depuis près d’un siècle, ne devrait-elle pas interpeller les pays et dirigeants quant aux réelles conséquences de leur association à un régime qui défie la nature et soumet son peuple ?
(1) Auteur de La Grippe, ennemi intime, éditions Balland.
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.