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Opinion. Les Artistes de Shen Yun commémorent la persécution en Chine

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Veillée annuelle aux chandelles à Washington, D.C. (Photo prise le 20 juillet 2017 / Shenyunperformingarts.org)
 

À l'occasion d'un triste anniversaire, deux artistes de Shen Yun partagent leur expérience de la persécution en Chine, et comment celle-ci a influencé leur carrière artistique.

En tant que compagnie américaine, Shen Yun est devenue la nouvelle patrie de nombreux artistes chinois talentueux, autrefois persécutés pour leurs croyances. Aujourd'hui, nous rencontrons deux de ces artistes, le chorégraphe Gu Yuan et la joueuse de pipa Yu Liang. Écoutons leurs récits.

Il y a 21 ans, le 20 juillet 1999, des millions de pratiquants pacifiques de la pratique spirituelle du Falun Dafa en Chine ont été étiquetés comme ennemis de l'État. Depuis lors, un nombre incalculable de personnes ont été détenues, torturées et même tuées pour leur foi.

Le Falun Dafa, appelé aussi Falun Gong, est une pratique d'exercices souples de qigong guidés par les principes d’authenticité, de bienveillance et de patience. Dans les années 90, il est devenu la forme de méditation et de qigong la plus populaire en Chine. Grâce à cette pratique, beaucoup ont pu guérir de leurs maladies. Ils ont également bénéficié des enseignements basés sur un travail sur soi pour améliorer leur caractère, et qui constitue le fondement de cette pratique holistique.

En 1998, une enquête gouvernementale a révélé que 100 millions de personnes en Chine pratiquaient le Falun Dafa, se rendant dans les parcs le matin pour faire les exercices, ou pratiquant à la maison. Le chef du Parti communiste de l’époque a perçu cela comme une menace envers l’idéologie athée du régime communiste et entrepris de l'éliminer complètement.

Une force de sécurité extrajudiciaire - comparable à la Stasi, (Service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage de la RDA, République démocratique allemande) - a été constituée pour mener à bien la persécution. Dans tout le pays, des milliers de personnes de tous les milieux ont été arrêtées et incarcérées. Un grand nombre de livres ont été confisqués et brûlés. Les médias d'État alimentaient la propagande 24 heures sur 24, justifiant la vague de violence qui déferlait sur le pays.
 

Un chorégraphe célèbre

 

Le chorégraphe Gu Yuan. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
Le chorégraphe Gu Yuan. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
 

Gu Yuan est aujourd'hui l'un des chorégraphes les plus talentueux de Shen Yun. Chaque année, il a la responsabilité de mettre en scène certaines des histoires les plus fascinantes de Shen Yun, devenues un élément essentiel du spectacle. En voyant son attitude si calme, personne ne pourrait imaginer les épreuves que cet homme sans prétention a endurées.

« J'ai vécu les trois meilleures années de ma vie avant la persécution », se souvient-il en parlant de la fin des années 90. « J'avais commencé à pratiquer le Falun Dafa. Quand j'ai étudié les enseignements pour la première fois, j'ai ressenti une forme d'éveil. Je ne me sentais plus perdu dans la vie. »

« Professionnellement, j'avais déjà atteint le sommet de ma carrière artistique, en étant reconnu comme l'un des meilleurs chorégraphes en Chine. Je connaissais bien tous les styles de danse », dit Gu Yuan. « J'en étais déjà au point où je ne désirais plus rien. J'avais accompli tout ce que je pouvais désirer. »

Puis le 20 juillet 1999 est arrivé.

« Après cela, tout s’est écroulé en un instant », dit-il. « Des responsables du ministère de la culture sont venus me parler. Ils m'ont dit que j'avais le choix : soit de renoncer à ma foi, soit de tout perdre. Je n'ai pas hésité. »

Immédiatement, ils lui ont fait perdre son travail, son entreprise, son salaire, sa maison.

« Ma femme et moi savions que nos carrières en Chine étaient terminées. Nous savions qu’en Chine, les arts sont au service du Parti communiste. »

Pendant de nombreuses années, Gu Yuan n'a pas pu poursuivre sa carrière artistique et a fait d’autres choses pour gagner sa vie. Durant tout ce temps, il a du constamment trouver des solutions pour échapper aux agents spéciaux qui tentaient de l'arrêter.

En 2007, en apprenant qu'une compagnie d’art du spectacle appelée Shen Yun était en train de s'établir aux États-Unis, il a vu comme une lueur d'espoir lui permettant de s'impliquer à nouveau dans les arts, cette fois pour une cause bien plus noble. En 2012, Gu Yuan a immigré aux États-Unis et a rejoint Shen Yun.

Des histoires contemporaines sur le destin et le courage des pratiquants de Falun Dafa en Chine sont mises en scène dans les spectacles de Shen Yun. Lorsque Gu Yuan planifie la chorégraphie de ces scènes, il s'inspire souvent de sa propre expérience.

« En Chine, nous sommes allés à plusieurs reprises adresser des pétitions au gouvernement. Nous avons été détenus dans des centres de détention où les conditions étaient pires que dans les prisons chinoises ordinaires », dit-il. « Ces drames représentés sur scène, nous les avons vécus. Tout comme vous pouvez le voir dans une des danses, mon épouse, pour protéger son livre du Falun Dafa qu'elle tenait entre ses mains, a été battue par un groupe de sept policiers, jusqu'à ce qu'ils finissent par lui arracher le livre. »

« J’ai toujours en mémoire cette image d'un médecin de la prison qui nous menaçait avec une grande seringue, en répétant : « si vous continuez à pratiquer, je vous fais une injection ! » Cela a jeté les bases pour créer le personnage du médecin de cette prison, qui apparaît dans l'une des chorégraphies. »

Aujourd'hui encore, plusieurs membres de la famille de Gu Yuan vivent en Chine, sous la menace constante du Parti communiste qui les réprime pour leurs croyances.
 

Les cordes pincées

Yu Liang, joueuse de Pipa. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
Yu Liang, joueuse de Pipa. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
 

Yu Liang, joueuse de pipa pour l’orchestre de Shen Yun, se rappelle de la première fois où sa mère a été arrêtée pour sa croyance.

Elle se souvient : « Un matin d’août 1999, ma mère m’a réveillée et m’a demandé si je voulais aller avec elle faire les exercices de Falun Dafa, comme nous le faisions d’habitude. »

« Je lui ai dit « D’accord ». Lorsque j’étais enfant et que nous méditions, je m’agitais sans cesse. Mais à chaque fois que j’ouvrais les yeux et que je voyais ma mère et le visage serein de toutes les personnes qui méditaient autour de nous, j’arrivais à me calmer et à refermer les yeux. »

Mais après seulement quelques minutes de méditation tranquille, Yu Liang a soudain été dérangée par des manifestations bruyantes autour d’elle.

« J’ai ouvert les yeux et j’ai vu un essaim d’agents secrets et de policiers se dirigeant vers nous. Leurs véhicules étaient stationnés partout. Très vite, ils ont emmené de force dans leur camion ma mère et les autres dames qui faisaient la méditation. Et en un clin d’œil tout le monde était parti. J’étais la seule qui restait. »

Yu Liang n’avait même pas encore quatre ans.

L’année suivante sa mère a été libérée de prison. Elle est alors allée dénoncer ces exactions auprès du gouvernement . Elle a été arrêtée et mise en détention à maintes reprises.

« Je l’ai souvent vue partir, de nuit comme de jour, affrontant la neige ou le soleil brûlant. À chaque fois, j’attendais son retour avec impatience, dit-elle. »

En 2001, Yu Liang vivait seule avec son père. Comme elle n’était pas assez grande pour tresser ses cheveux toute seule, son père s’est chargé de cette tâche et ses cheveux étaient constamment aussi emmêlés qu’un « nid d’oiseau ».

« Je lui ai demandé tellement de fois : quand est-ce que maman revient ? À chaque fois, d’une voix grave il me donnait la même réponse : « Bientôt, bientôt. Maman sera bientôt là… »

Les années ont passé. Alors que Yu Liang fréquentait l’école primaire, puis le collège, le lycée et ensuite l’université, ses parents étaient la cible systématique d’intimidation sur leur lieu de travail. À l’école, Yu Liang a également dû faire face à des intimidations et des interrogations car elle ne voulait pas adhérer au Parti communiste.

« Les nouvelles des compagnons de cultivation - ces oncles, tantes, papis, mamies, grands frères ou soeurs que je connaissais depuis toute petite - la façon dont ils étaient illégalement arrêtés, envoyés dans les camp de travaux forcés ou emprisonnés… cela semblait ne jamais s’arrêter. »

« Chaque jour en Chine, je vivais dans la terreur profonde que ces moments cauchemardesques reviennent nous hanter. Je me demandais constamment si j’allais être la suivante. »

 

Yu Liang répétant avant un concert à Chicago pendant la tournée de l’Orchestre Symphonique de Shen Yun en 2019. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
Yu Liang répétant avant un concert à Chicago, pendant la tournée de l’Orchestre Symphonique de Shen Yun en 2019. (Photo : Shenyunperformingarts.org)
 

En 2015, Yu Liang, qui à l’époque était déjà une joueuse de pipa confirmée, a quitté la Chine pour intégrer l’orchestre de Shen Yun et poursuivre ses études musicales au Fei Tian College. Mais parfois, alors qu’elle est en répétition ou qu’elle regarde le spectacle, les scènes de ce qu’elle a vécu en Chine s’imposent à son esprit.

« Cette brutalité qui dure depuis 21 ans aurait dû cesser il y a longtemps. Il est temps que la justice soit rétablie. »

Source : https://fr.shenyunperformingarts.org/

 

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