La simulation correcte des variations des courants océaniques à des centaines de pieds sous la surface de l’océan - où sous-courant équatorial - pendant les événements El Niño, est essentielle pour réduire l’incertitude des prévisions du réchauffement climatique futur dans le Pacifique tropical oriental. C’est ce qu’a révélé une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’université d’Hawaï dans le quartier de Mānoa à Honolulu et publiée dans Nature Communications.
Les vents alizés et les températures dans l’océan Pacifique tropical connaissent d’année en année de grands changements, en raison du phénomène El Niño et de l’Oscillation australe, ce qui affecte les régimes climatiques à travers le monde. Par exemple, si le Pacifique tropical est plus chaud et que les alizés sont plus faibles que d’habitude, comme cela se produit dans le cas d’El Niño, des phénomènes comme des inondations en Californie et des moussons en Inde et en Asie de l’Est, préjudiciables à la production locale de riz, vont généralement se produire. En revanche, lors d’un épisode La Niña, les tendances météorologiques mondiales s’inversent, avec des températures plus fraîches et des alizés plus forts dans le Pacifique tropical.
1997 El Nino avec l’eau chaude (en rouge), et 1988 La Nina avec l’eau froide (en bleu) dans le Pacifique. (Image : University of Hawaiʻi at Mānoa)
A Hawaï, lors du passage d’El Niño, on assiste à une diminution des précipitations hivernales, à un renforcement des vagues sur la côte nord et à une plus grande probabilité de cyclones tropicaux menaçant les îles. En revanche, au cours d’un épisode La Niña, on observe généralement le schéma inverse pour Hawaï. Ces variations climatiques naturelles affectent les écosystèmes, la pêche, l’agriculture et de nombreux autres aspects de la société humaine. Les modèles informatiques utilisés pour la projection des climats futurs permettent de prévoir correctement le réchauffement de la planète dû à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les variations climatiques naturelles à court terme, d’une année sur l’autre, associées à El Niño et à La Niña. Malte Stuecker, co-auteur et professeur adjoint au département d’océanographie et au centre de recherche international du Pacifique de l’école des sciences et technologies de la terre et de l’océan de l’UH Mānoa, a déclaré : « Il y a cependant une certaine divergence de modèle sur la quantité de chaleur que va connaître le Pacifique tropical ».
Simulations de modèles
Les chercheurs travaillent depuis des décennies à réduire les incertitudes persistantes des modèles dans les simulations de réchauffement du Pacifique tropical. De nombreux modèles climatiques simulent des événements El Niño et La Niña d’intensité similaire. Dans la nature, cependant, le réchauffement associé aux événements El Niño tend à être plus important que le refroidissement associé à La Niña. En d’autres termes, alors que dans la plupart des modèles, El Niño et La Niña sont symétriques, ils sont de nature asymétrique.
L’augmentation de l’intensité d’El Nino/La Nina accentue le réchauffement du Pacifique (L) et vice versa (R). (Image : University of Hawai‘i at Mānoa)
Dans cette étude, les scientifiques ont analysé les données d’observation et de nombreuses simulations de modèles climatiques et ont constaté que lorsque les modèles simulent plus précisément les variations des courants océaniques souterrains, l’asymétrie simulée entre El Niño et La Niña augmente - devenant ainsi plus semblable à ce que l’on voit dans la nature. L’auteur principal de l’Etude, Michiya Hayashi, associé de recherche à l’Institut national pour les études environnementales du Japon et ancien chercheur postdoctoral à l’Université de l’Hexagone Mānoa, a déclaré : « Identifier les modèles qui simulent correctement ces processus associés à El Niño et La Niña dans le climat actuel peut nous aider à réduire l’incertitude des projections climatiques futures. Seul un tiers de tous les modèles climatiques peuvent reproduire de manière réaliste la force du courant de subsurface et les variations de température des océans qui y sont associées ».
Fei-Fei Jin, co-auteur et professeur au département des sciences atmosphériques de l’UH Mānoa, a ajouté : « Il est essentiel de simuler correctement El Niño et La Niña pour prévoir le changement climatique dans les tropiques et au-delà. Des recherches supplémentaires doivent être menées pour réduire les biais dans les interactions entre le vent et l’océan afin que les modèles climatiques puissent générer l’asymétrie El Niño-La Niña de manière réaliste ».
Stuecker a conclu en disant : « La grande incertitude quant à la modification de l’intensité d’El Niño et de La Niña en réponse au réchauffement dû aux gaz à effet de serre, est un autre problème qui subsiste. Une meilleure compréhension des oscillations climatiques naturelles de la Terre telles qu’El Niño et La Niña permettra de réduire l’incertitude quant au changement climatique futur dans les tropiques et au-delà ».
Fourni par : Université d’Hawaï à Mānoa (Note : le contenu et la longueur des documents peuvent être modifiés).
Traduit par Fetty Adler
Version en anglais : Accuracy of El Niño Simulation Hones Climate Change Estimates
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