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Tradition. L’Impératrice la plus vertueuse de la dynastie des Qing

CHINE ANCIENNE > Tradition

L’Impératrice Xiaoxianchun et l’Empereur Qianlong, Musée d’art de Cleveland aux Etats-unis. (Image : wikimedia / 郎世宁 / Domaine public)
 

L’Impératrice Xiaoxianchun, ou Lady Fuca, (1712-1748) était l’une des trois Impératrices les plus illustres de l’histoire de la Dynastie des Qing. Malgré l’absence de réalisations politiques de l’Impératrice Xiaozhuang (1613-1688) ou de pouvoir politique de l’Impératrice douairière Cixi (1835-1908), la courte vie de Lady Fuca représentait une vie quasiment accomplie puisqu’elle symbolisait à elle seule, l’Impératrice la plus vertueuse de la dynastie des Qing.

Lady Fuca naquît dans une famille noble, le clan Fuca de la bannière jaune bordée de Mandchous : Son grand-père paternel était ministre des finances, son père, duc de première classe et son oncle paternel, fonctionnaire. Elle bénéfiait d’une nature élégante, digne et modeste.

 

L’Impératrice Xiaoxianchun. (Domaine public)
L’Impératrice Xiaoxianchun. (Image : wikimedia / Giuseppe Castiglione / Domaine public)
 

À l’âge de 9 ans, le Prince Yinzhen rendit visite à sa famille et vit un texte qu’elle avait écrit à la manière du grand calligraphe chinois Liu Gongquan. Le Prince demanda, alors, à Lady Fuca de faire une démonstration en personne et elle écrivit donc, un poème à la manière de l’empereur Kangxi.

Le Prince lui demanda d’expliquer le sens du poème. Lady Fuca répondit : « La Grande Muraille de Chine peut être forte et perfide, mais sans une administration bienveillante et vertueuse, elle ne pourrait arrêter la prise de contrôle par les héros mandchous. » L’intelligence de Fuca laissa une profonde impression sur le Prince Yinzhen, qui fut ensuite intronisé sous le nom de : Empereur Yongzheng.

Le quatrième fils de l’Empereur Yongzheng, Hongli, épousa Lady Fuca. Après la mort de l’Empereur Yongzheng (anciennement Prince Yinzhen), le Prince Hongli fut intronisé Empereur Qianlong et Lady Fuca, Impératrice, prit alors le nom de Xiaoxianchun.

 

L’Empereur Qianlong, Musée de la Cité interdite de Pékin. (Domaine public)
L’Empereur Qianlong, Musée de la Cité interdite de Pékin. (Image : wikimedia / Giuseppe Castiglione / Domaine public)
 

L’Impératrice Xiaoxianchun et l’Empereur Qianlong avaient de nombreux centres d’intérêts communs. Lorsqu’ils étaient ensemble, ils récitaient souvent des poèmes, peignaient et jouaient du « guzheng » (ancienne cithare). Confidente de l’Empereur, elle partageait ses joies et ses peines et résolvait ses problèmes. Lors des sécheresses, ils priaient ensemble pour obtenir les bénédictions du Ciel et, quand la pluie et la neige arrivaient enfin, ils les célébraient ensemble. L’Impératrice s’occupait quotidiennement de l’Empereur. Chaque fois que l’Empereur tombait malade, elle s’occupait personnellement de lui jusqu’à ce qu’il se rétablisse complètement.

 

Légende : «Prince Hongli et un enfant», Musée de la Cité interdite de Pékin. (Domaine public)
Prince Hongli et un enfant, Musée de la Cité interdite de Pékin. (Image : wikimedia  / Qing Dynasty Imperial Painter / Domaine public)
 

Bien que l’Empereur Qianlong eût 3 000 concubines, sa préférée demeurait l’Impératrice Xiaoxianchun. L’Impératrice, décrite comme gentille et discrète, respectait les traditions, menait une vie frugale. Elle préférait orner ses cheveux de fleurs au lieu d’épingles en or, en argent ou en perles.

L’Empereur Qianlong lui raconta une fois l’histoire des luttes de ses ancêtres mandchous, trop pauvres pour fabriquer leurs propres sacs en tissu. Ils utilisaient, alors, de la peau de cerf. Après avoir entendu cette histoire mandchoue, l’Impératrice cousit immédiatement une pochette en peau de cerf et la présenta à l’Empereur. Celui-ci fut très ému par son présent et l’emportait partout où il allait. La pochette lui rappelait ses ancêtres et le lien d’amour qui l’unissait à l’Impératrice.

L’Empereur Qianlong avait une grande estime pour la piété filiale et l’Impératrice traitait la mère douairière comme sa propre mère, avec respect et gentillesse.

 

«Grand Canal à Suzhou», Metropolitan Museum of Art de New York. (Domaine public)
Grand Canal à Suzhou, Metropolitan Museum of Art de New York. (Image : wikimedia / Metropolitan Museum of Art / CC0)
 

L’Impératrice prenait son devoir très au sérieux. En tant que chef du quartier des femmes du Palais, elle n’utilisait ni l’autorité, ni la politique pour superviser les concubines, au lieu de cela, elle restait courtoise, attentionnée et juste envers tous ses subordonnés. Elle gagna ainsi, le respect de tous, des domestiques jusqu’aux concubines.

Selon la légende, la femme du premier Empereur de Chine, Luozu, fut la première Impératrice à enseigner aux gens comment cultiver des mûriers et comment élever des vers à soie pour fabriquer la soie. On l’honora en lui conférant le titre de : « L’Ancêtre des vers à soie ». Depuis la dynastie Zhou, les Chinois pratiquaient des rituels afin de rendre hommage à l’Ancêtre des vers à soie, Luozu pour sa transmission de la fabrication de la soie. L’Impératrice Xiaoxianchun devint la première Impératrice de la dynastie des Qing à effectuer le rituel aux côtés des concubines de l’Empereur. La cérémonie entière fut peinte sur quatre rouleaux, en 1751, à la mémoire de l’Impératrice.

 

L’Empereur Qianlong chasse un cerf. (Image : wikimedia / 郎世宁 / Domaine public)
L’Empereur Qianlong chasse un cerf. (Image : wikimedia / 郎世宁 / Domaine public)
 

Chaque troisième mois lunaire de l’année, l’Impératrice effectuait la cérémonie. Quand il y avait une abondance de soie, elle la colorait et la tissait en vêtements pour l’Empereur. L’Empereur Qianlong appréciait vraiment les vêtements de soie, et il les portait pour honorer et assister aux affaires de la Cour.

L’Impératrice eut quatre enfants. Malheureusement, trois d’entre eux moururent en bas âge. Sa peine éroda sa santé au fil des ans. Lors d’une visite en bateau, avec l’Empereur à Shandong, à l’est, tout en regardant les poissons évoluer dans la rivière, l’Impératrice soupirait de tristesse : « Je ne suis pas un poisson. Je ne saurai jamais à quel point le poisson est heureux ». L’Impératrice décéda, à Dezhou, à l’âge de 36 ans, sur le chemin du retour vers la capitale.

 

L’Empereur Qianlong, Musée de la Cité interdite de Pékin. (Domaine public)
L’Empereur Qianlong, Musée de la Cité interdite de Pékin. (Image : wikimedia / Giuseppe Castiglione / Domaine public)
 

L’Empereur Qianlong pleura la perte de l’Impératrice avec grande tristesse. Il ordonna de conserver ses biens en l’état d’origine pendant 40 ans. L’Empereur Qianlong visitait sa tombe chaque année et écrivait de nombreux poèmes en sa mémoire. L’amour de l’Empereur Qianlong pour l’Impératrice Xiaoxianchun fut si profond qu’il lui fallut beaucoup de temps pour installer une nouvelle Impératrice.

Lorsque l’Empereur Qianlong eut 80 ans, et fut à nouveau sur la tombe de l’Impératrice Xiaoxianchun pour lui rendre hommage, il écrivit : « Chaque automne, je ne peux m’empêcher de pleurer quand je vous rends hommage. Je vieillis et je ne veux pas vivre jusqu’à cent ans. Ainsi, il est réconfortant de savoir que nous serons réunis dans moins de vingt ans. » Chaque fois qu’il y avait des événements majeurs, l’Empereur Qianlong visitait la tombe et lui en faisait part. L’Empereur Qianlong et l’Impératrice Xiaoxianchun furent mariés pendant 22 ans, et après sa mort, il continua à l’aimer durant 51 ans de plus.

Traduit par Alex André

Version en anglais : The Most Virtuous Empress of the Qing Dynasty

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