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Tradition. Chongyang Jie : origine et coutumes de la fête du double neuf

CHINE ANCIENNE > Tradition

 

 

Escalader la montagne, admirer les chrysanthèmes : coutumes traditionnelles
de la fête Chongyang. (Image : Carte lunaire de septembre, par l’Académie,
Dynastie Qing (1644-1911) / Musée Nationale du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
 

Dans le calendrier chinois, le 9ème jour du neuvième mois lunaire correspond à la fête traditionnelle du double neuf. « Chong » (重) signifie double, « Yang » (阳) vient d’un concept taoïste signifiant « six yin et neuf yang ». C’est-à-dire que, dans le taoïsme, six est considéré comme le nombre yin et neuf comme le nombre yang. Par conséquent, le 9e jour du neuvième mois lunaire signifie « double yang », et les anciens pensaient que c’était un jour propice qui méritait d’être célébré. En plus d’offrir des sacrifices aux ancêtres, l’essentiel de la fête du double neuf est bien sûr d’escalader les montagnes, de cueillir des feuilles de cornouiller et de boire du vin de chrysanthème. Cette année elle se déroulera le 25 octobre.

En chinois le mot « neuf » est homophone du mot « éternité »  et ces deux mots se prononcent deux « Jiu-Jiu », ce qui signifie long et longévité. Les anciens disent que parmi les cent bienfaits, la piété filiale est la plus importante. Ils accordent donc une grande importance à la piété filiale. C’est de là qu’est née la tradition d’offrir des sacrifices aux ancêtres et de respecter les personnes âgées. Les double neuf (Jiujiu) sont les chiffres au plus haut degré, et les personnes âgées sont les plus élevées en terme d’âge dans la famille. L’homonyme de double neuf (Jiujiu) est long, espérant que les personnes âgées vivront une vie longue et saine et seront heureuses pendant longtemps. La fête du double neuf est également connue sous le nom de « fête du respect des personnes âgées ». 

Concernant l’origine de la fête du double neuf, bien qu’elle ne puisse être vérifiée concrètement, elle pourrait être liée à l’histoire d’un taoïste éliminant le démon et sauvant la famille de son disciple, d’après le roman « La suite des histoires fantastiques de la dynastie Qi » (續齊諧記;Xu Qi Xie Ji).

Sous la dynastie des Han de l’Est (東漢;25—220), un jeune homme du nom de Huan Jing devint le disciple de l’immortel Fei Changfang. Un jour, Fei Changfang dit à Huan Jing : « Le neuvième jour du neuvième mois lunaire, il va y avoir un désastre chez toi. Retourne chez toi et sauve ta famille ». Il donna un paquet de feuilles de cornouiller à Huan Jing, et lui demanda d’apprendre, une fois rentré chez lui, à sa famille à coudre des sachets de tissu rouge qu’ils rempliraient par la suite de feuilles de cornouiller et attacheraient à leur bras. Fei Changfang lui donna également un pot de vin de chrysanthème et lui demanda de s’abriter ce jour-là avec sa famille dans un endroit surélevé et de boire ce vin avec tout le monde. Il précisa qu’ainsi, Huan Jing et sa famille pourraient échapper au désastre. Sur les recommandations de son maître, Huan Jing rentra chez lui avec les feuilles de cornouiller et le vin de chrysanthème.

 

Fei Changfang, maître spirituel taoïste de renom sous la dynastie Han de l’Est, s’apprêtant à sauter dans une gourde d’alcool pour apprendre les techniques prodigieuses. (Image : Wikimedia / Hong Zicheng / Domaine public)
Fei Changfang, maître spirituel taoïste de renom sous la dynastie Han de l’Est, s’apprêtant à sauter dans une gourde d’alcool pour apprendre les techniques prodigieuses. (Image : Wikimedia / Hong Zicheng / Domaine public)
 

Le matin du neuvième jour du neuvième mois lunaire, selon les instructions de son maître, Huan Jing conduisit sa famille au sommet d’une montagne, et donna à chacun un sachet rempli de feuilles de cornouiller ainsi qu’une tasse de vin de chrysanthème. 

À la nuit tombée, la famille descendit de la montagne et rentra à la maison. Ils découvrirent que les poules et les canards étaient tous morts. Ils réalisèrent qu’ils avaient échappé à une calamité. Depuis lors, chaque neuvième jour du neuvième mois lunaire du calendrier chinois, porter un sachet parfumé rempli de feuilles de cornouiller pour les femmes, escalader les montagnes et boire du vin de chrysanthème sont devenus les coutumes de la fête du double neuf, qui se transmettent de génération en génération. 

Le terme Chongyang (double yang) existait déjà à la période des Printemps et Automnes et à la période des Royaumes combattants. La première fois qu’il est apparu, c’était dans le poème Le Voyage lointain (遠游;Yuan You)  de Qu Yuan, mais il faisait plutôt référence au ciel. Selon les Chinois, il y a neuf couches de ciel au total. Chongyang signifie donc « les couches après couches de ciel superposées ». Dans son poème, Qu Yuan a imaginé un voyage lointain qui s’arrêtait au sommet des neuf couches de ciel puis son esprit accédait au palais impérial céleste et arrivait à l’étoile Xunshi afin d’y visiter le Palais Qingdu de l’Empereur céleste.

C’est sous la dynastie Tang (唐朝; 618-907) que la journée du double neuf est devenue un festival officiel, célébré jusqu’à aujourd’hui.

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