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Monde. Le président chinois au pays des Droits de l’Homme

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L’arrivée du président chinois en France met en lumière les relations ambiguës de la France et de l’Union Européenne entretenue avec la Chine. (Image : Harold Escalona Lugo / 123rf)
 

Mardi 26 mars se sont réunis pour la deuxième fois, à Paris, Emmanuel Macron et Xi Jinping, qui terminait sa tournée européenne en France. La chancelière allemande et le président de la Commission européenne ont également été invités à cette rencontre, alors que cette invitation fait débat.

Pourquoi la visite du président chinois Xi Jinping à l’Elysée n’est pas une rencontre franco-chinoise ? Est-ce pour afficher une unité de l’Union Européenne face à la Chine, comme l’affirme le président Macron, ou est-ce révélateur d’une faiblesse gouvernementale en France ? L’arrivée du président chinois en France met en lumière les relations ambiguës de la France et de l’Union Européenne entretenue avec la Chine.

Enjeux commerciaux

L’un des principaux objectifs de la réunion avec le président chinois est commercial. En effet, à l’occasion du 19e congrès du Parti communiste chinois en octobre 2017, le président s’est exprimé ainsi pour justifier la mise en oeuvre du projet « les nouvelles routes de la soie », considérable projet ferroviaire et maritime:

« D’ici à 2050, la Chine devra se hisser au premier rang du monde en termes de puissance globale et de rayonnement international »

Cité par Courrier International :

Le gouvernement français n’affiche pas une position claire face au projet chinois « les nouvelles routes de la soie ». En effet, les investissements chinois en France, nombreux, sont mal reçus par la population, mais le gouvernement ne s’y oppose pas nettement. Prenons trois exemples:

D’abord, des vignobles sont achetés par de très grandes fortunes chinoises, qui misent sur le renom de grands vins bordelais.

L’achat de forêts françaises par les chinois est aussi source de mécontentement. Philippe Siat, président de la Fédération Nationale du Bois (FNB) affirme : « Pour contrer l'avancée du désert dans ses régions du nord et stopper la surexploitation de ses forêts, la Chine a fortement réduit ses coupes de bois et cherche donc à s'approvisionner sur les marchés extérieurs ». Ces investissements ralentiraient le travail du bois en France de manière considérable. Des membres de la FNB se tournent donc vers le président de la République pour ne plus permettre la sortie du territoire du bois.

(https://www.larvf.com/,vins-chine-bordeaux-sauternes-barsac-vins-cite-des-civilisations-du-vin,4428609.asp)

 

Des vignobles sont achetés par de très grandes fortunes chinoises, qui misent sur le renom de grands vins bordelais.(Image : jill111/ Pixabay)
Des vignobles sont achetés par de très grandes fortunes chinoises, qui misent sur le renom de grands vins bordelais.( Image : jill111 / Pixabay)
 

Enfin, rappelons que malgré la méfiance affichée par le gouvernement français à l’heure actuelle, l’Italie a été le premier pays du G7 a accepter de participer au projet chinois, sans le désaccord frontal des autres pays européens. Face aux immenses enjeux commerciaux et aux capitaux investis, l’Union Européenne n’adopte donc pas une décision claire et unifiée. En ces temps de trouble (le Brexit occupe les esprits), Macron souhaiterait afficher une Union Européenne unie face à la Chine et donne le ton : « la naïveté européenne face à l'appétit chinois est révolue », mais son discours laisse songeur. Souvenons-nous en effet de la controverse autour de la privatisation de l’aéroport de Toulouse. Macron, à l’époque ministre de l’économie, avait décidé de vendre l’aéroport à un groupe créé par un consortium chinois, Casil Europe. Comment s’accorder sur une politique commune face au géant économique que représente la Chine, alors que la politique française, entre autres, n’affiche pas une position claire ?

La réunion du mardi 26 mars marque donc un événement d’une valeur symbolique, et révèle toutes les contradictions auxquelles est confronté le gouvernement français.

Bien évidemment, les accords commerciaux sont au coeur du programme des dirigeants. L’annonce, lundi 25 mars, d’un contrat très conséquent entre la Chine et la France ne laisse planer aucun doute à ce propos. Mais en vendant 300 avions à la Chine, et en signant cet accord, qu’attend la Chine en retour ?

« Au pays des Droits de l’Homme »

La Chine, pays où la censure des réseaux sociaux (Twitter), et des géants d’internet (google), a établi une dictature technologique sans précédent. Macron profitera-t-il de cette rencontre pour aborder la question des droits de l’Homme, alors qu’il représente la France ? Difficile pour le président français de faire preuve d’exemplarité à ce propos, alors que l’ONU dénonce l’utilisation d’une force disproportionnée à l’encontre des gilets jaunes.

Et pourtant, comment le président français ne pourrait-il pas aborder cette question, alors que le gouvernement chinois est dénoncé à travers le monde, montré du doigt à ce point ? C’est à ce titre que la visite de Xi Jinping en France est l’occasion d’affronter cette question. En effet, en Chine, la torture des opposants et autres groupes dissidents est une pratique toujours courante. On ne pourrait se contenter d’évoquer seulement les questions économiques : c’est le regard que portent les pratiquants de Falun Gong.

 

Ils manifestent ainsi leur désaccord et dénoncent les tortures et les prélèvements d’organes forcés: «Stop aux prélèvements forcés forcés d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine».
Ils manifestent ainsi leur désaccord et dénoncent les tortures et les prélèvements d’organes forcés: «Stop aux prélèvements forcés forcés d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine».
 

Ils manifestent ainsi leur désaccord et dénoncent les tortures et les prélèvements d’organes forcés : « Stop aux prélèvements forcés forcés d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine », lisait-on sur certaines banderoles, devant l’ambassade de Chine à Paris, lundi 25 mars. Europe1 déclare que Macron a affirmé avoir abordé le sujet des Droits de l’Homme, qui inquiète le monde entier, mais des réponses plus précises sont attendues.

Le président chinois laissera sur son passage de nombreuses interrogations et nous invite à réfléchir sur la nature des relations France-Chine ou plus largement, les rapports que le reste du monde pourrait entretenir avec la Chine. A l’heure où Donald Trump, de l’autre côté de l’Atlantique n’hésite pas à s’opposer fermement à la Chine sur la question des pratiques commerciales, peut-on espérer un rêveil français et européen sur cette question également et qui aille plus loin que de simples déclarations d’intentions?

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