L’épidémie de Covid-19 a mis de nombreuses personnes sous pression financière. Les institutions financières ayant durci leurs conditions de prêt, les gens ne peuvent plus obtenir de crédit pour traverser cette période difficile. Toutefois, le secteur bancaire parallèle (prêts informels) en Chine a connu une croissance remarquable au cours du premier trimestre de cette année, selon un rapport de l’agence de notation Moody’s. Dans l’ensemble, les actifs des banques parallèles chinoises auraient augmenté pour la première fois depuis 2017.
Les préoccupations des banques parallèles
Le rapport de Moody’s indique que « les actifs des banques parallèles de la deuxième puissance économique mondiale ont augmenté de 100 milliards de yuans (14 milliards de dollars US) pour atteindre 59,1 billions de yuans (8,4 billions de dollars US) au cours du premier trimestre 2020, contre une baisse de 1,2 billions de yuans à 60,2 billions de yuans au cours de la même période en 2019. Cette hausse suggère que Pékin, qui avait resserré son contrôle sur les prêts hors bilan des banques depuis 2016 afin de limiter les risques financiers, s’est concentré sur le soutien à la reprise économique en permettant lentement au crédit parallèle de se développer à nouveau », selon le South China Morning Post.
Bien que la politique du gouvernement visant à stimuler la reprise économique entraîne une nouvelle croissance du crédit parallèle, Moody’s ne prévoit pas de rebondissement rapide puisque la stabilité du système financier est l’objectif principal des autorités. Le gouverneur de la Banque populaire de Chine (PBOC), Yi Gang, a récemment déclaré que la banque centrale conservera suffisamment de liquidités financières au cours du second semestre 2020. Toutefois, M. Gang a admis que la banque devra retirer son soutien budgétaire à un moment donné, étant donné les préoccupations croissantes concernant la dette. La société financière Nomura a fait remarquer que les régulateurs chinois tentent de trouver une sorte d’équilibre entre la stimulation politique et la gestion des bulles d’actifs potentielles des banques parallèles.
Les régulateurs financiers chinois tentent de trouver une sorte d’équilibre entre les mesures de relance et la gestion des bulles d’actifs potentielles des banques parallèles. (Image : Capture d’écran / YouTube)
La Commission de réglementation du secteur bancaire et des assurances de Chine (CBIRC) a récemment publié une « circulaire concernant les problèmes majeurs découverts par l’inspection réglementaire des opérations bancaires et financières parallèles au cours de ces dernières années », à l’intention des institutions financières actives dans le secteur de la banque et des assurances. L’organisation a demandé aux agences de réglementation de sévir contre les opérations bancaires parallèles illégales et de freiner ainsi leur réapparition. La CBIRC avertit que plusieurs activités bancaires parallèles ont adopté de nouvelles formes pour tenter de revenir. L’organisation a prédit une pression à la hausse sur les prêts non performants.
Certains experts avertissent que l’activité dans le secteur fiduciaire de 3 000 milliards de dollars, un secteur de l’industrie bancaire parallèle, va envoyer des ondes de choc dans tout le système financier chinois cette année en raison du fait que le taux de défaillance habituel a doublé. Près de 766 milliards de dollars US d’offres de fonds fiduciaires sont attendus cette année, dont une grande partie devrait se retrouver en défaut de paiement. Selon Xu Zijun, un analyste de Reality Finance Research, près de 300 de ces produits seront en défaut en 2020, contre 118 l’année dernière.
Nuire aux petites entreprises
Bien que la tentative du gouvernement chinois de contrôler le système bancaire parallèle soit dans l’intérêt du pays, une telle décision aura des conséquences négatives pour les milliers de petites et moyennes entreprises du pays. Après l’annonce par la Cour suprême chinoise d’un plan visant à limiter les taux d’intérêt pratiqués par les banques parallèles, de nombreux prêteurs ont décidé de réduire leurs services aux emprunteurs à haut et moyen risque.
De nombreux prêteurs en Chine ont décidé de limiter les services aux emprunteurs à haut et moyen risque. (Image : Capture d’écran / YouTube)
C’est une mauvaise nouvelle pour le secteur des petites et moyennes entreprises (PME), car ces dernières dépendent généralement de ces prêts de banques parallèles pour répondre à leurs besoins de liquidités. Selon Pékin, la décision de la Cour garantira que les PME ne seront pas victimes de taux d’intérêt exorbitants. Cependant, ce qui se passera, c’est que les PME auront désormais moins de possibilités d’obtenir des crédits. Beaucoup de ces entreprises n’ont pas les documents financiers adéquats ou les garanties nécessaires pour obtenir des prêts auprès d’institutions financières régulières, c’est pourquoi elles empruntent auprès de prêteurs bancaires parallèles malgré les taux d’intérêt très élevés qu’elles doivent payer.
Traduit par Fetty Adler
Version en anglais : Shadow Banking in China Surges During COVID-19 Outbreak
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