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Chine. Le destin tragique de Xia Guangyan (2)

ACTUALITÉ > Chine

À son arrivée  en Chine,  Xiao Guangyan a rejoint le ministère du Pétrole. (Image : wikimedia / GNU FDL)
 

La veille du Nouvel An de l’année 1959, il a assisté au Gala de l’Institut de chimie et de physique de Dalian. Il a été accueilli par des insultes et des propos humiliants insoutenables. Au milieu des rires jubilatoires des invités, Xiao Guangyan, choqué et horrifié, a entendu l’hôte annoncer à haute voix : « Le spectacle en direct " Présentation du Docteur étranger ", a commencé ! »

Au son d’un petit gong, le rideau s’est ouvert et un clown à l’image de Xiao Guangyan est apparu sur scène. Le clown s’est présenté : « Je suis le Docteur Xiao. J’ai utilisé l’argent de mes parents pour devenir docteur aux Etats-Unis et j’envisage de commettre un délit. J’ai entendu dire que le parti communiste est au pouvoir en Chine. Je vais voler des informations précieuses et me rendre en Chine pour trouver un emploi... »

Xiao était sous le choc ! Il aurait voulu disparaître six pieds sous terre. Tout le monde savait que le clown faisait référence à lui. Cependant, il n’a pas dit un mot. De par sa nature douce et humble, il ne pouvait pas comprendre pourquoi il était la cible de tant de méchanceté.

Cet événement a profondément marqué Xiao Guangyan et sa dignité s’en est trouvée sévèrement  ébranlée. Il a dû faire face à de graves insomnies par la suite. Cependant, il était patriotique et loyal et aimait toujours profondément son pays. Il a donc continué à faire tout ce qu’il pouvait, avec détermination.

En 1961, il a pris l’initiative de travailler comme chercheur à l’Institut d’océanologie de Qingdao et il a proposé un sujet de recherche sur la biocatalyse. À l’époque, ce sujet n’était pas très avancé en Chine ni dans les pays occidentaux. Ce n’est que dans les années 1990 que les pays étrangers ont commencé des recherches sur la biocatalyse et c’est seulement au 21e siècle qu’ils l’ont mise en pratique. En revanche, grâce aux recherches et à la contribution de Xiao Guangyan, la Chine a commencé les recherches dans ce domaine 30 ans plus tôt que l’Occident.

 

En 1961, Xiao Guangyan a pris l’initiative de travailler comme chercheur à l’Institut d’océanologie de Qingdao et il a proposé un sujet de recherche sur la biocatalyse. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
En 1961, Xiao Guangyan a pris l’initiative de travailler comme chercheur à l’Institut d’océanologie de Qingdao et il a proposé un sujet de recherche sur la biocatalyse. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
 

En 1964, lorsque le gisement pétrolier chinois de Daqing a rencontré des difficultés pour produire du kérosène destiné aux avions et du diesel à faible point d’ébullition, Xiao Guangyan a créé un catalyseur à taux de conversion élevé, résolvant ainsi totalement le problème.

Xiao Guangyan a apporté une contribution de plus en plus grande et il est devenu le fondateur de l’industrie pétrochimique chinoise. Malheureusement, cette période prospère n’a pas duré longtemps et le mauvais sort allait bientôt s’abattre, non seulement sur lui, mais aussi sur sa famille. Au cours de la révolution culturelle, comme d’innombrables autres intellectuels en Chine, Xiao Guangyan est devenu une cible impuissante face au régime communiste.

Le PCC l’a accusé de conspirer avec une puissance étrangère et d’être un agent secret. La situation a empiré : plusieurs personnes ont emménagé au domicile de Xiao Guangyan, surveillant, humiliant et intimidant sa famille. Elles accompagnaient même les membres de sa famille sur le chemin pour rentrer à la maison, les admonestant tout au long du chemin. Il ne leur était même plus permis de cuisiner.

Ils ne se nourrissaient que d’eau et de biscuits. Xiao Guangyan supportait tout cela car il pouvait au moins rentrer chez lui tous les jours. Sa fille, Xiao Luoluo, n’avait que 14 ans à l’époque. C’était une fille très douée  depuis son enfance. À l’école primaire, elle était capable d’assembler seule une radio à semi-conducteurs. Elle devait maintenant faire face à une énorme pression en assistant aux dénonciations, harcèlement et humiliations que subissaient ses parents. Leur vie à tous trois était solitaire et douloureuse et ils se réconfortaient mutuellement pour survivre.

 

Le Parti communiste chinois a accusé Xiao Guangyan de conspirer avec une puissance étrangère et d’être un agent secret.
Le Parti communiste chinois a accusé Xiao Guangyan de conspirer avec une puissance étrangère et d’être un agent secret. (Image : Domaine public)
 

Le 5 octobre 1968, l’Institut de Physique et Chimie a envoyé plus d’une vingtaine d’hommes de main de l’équipe de propagande au travail, entièrement armés, au domicile de Xiao Guangyan. Ils se sont emparés de lui, l’ont jeté dans un enclos, ont fouillé toute la maison et lui ont volé tous ses objets de valeur.

Par la suite, Xiao Guangyan a été soumis à une série interminable d’interrogatoires « Xiao Guangyan, tu as gagné tant d’argent et tu as si bien vécu aux États-Unis - pourquoi es-tu venu ? Tu as su ramener des données américaines en Chine, alors tu dois certainement faire passer des données chinoises aux États-Unis. Tu dois honnêtement avouer la quantité de renseignements que tu as recueillis pour les américains ! »

De toute évidence, il n’y avait aucun moyen pour Lui de s’expliquer avec eux et de les convaincre qu’il était innocent et qu’il était venu en Chine par patriotisme. Ces voyous l’ont sauvagement battu, torturé, le traitant d’« ordure blanche ».

Ils l’ont torturé jusqu’à ce qu’il rédige 26 déclarations de repentance. Auparavant, lorsqu’il rentrait chez lui et retrouvait sa femme et sa fille, Xiao Guangyan reprenait courage. Mais maintenant, il n’était plus autorisé à les voir. Au début, il y croyait encore et gardait l’espoir, mais plus tard, il a perdu l’espoir. Tout son corps était couvert de bleus et d’ecchymoses. Il avait l’impression d’avoir tout perdu et il semblait n’y avoir aucun moyen de sortir de cette épreuve sans fin.

Cela faisait presque 20 ans que Xiao Guangyan était venu pour servir son pays. Même dans ses pires cauchemars, il n’aurait jamais pu imaginer subir un tel traitement. Il se posait la question de savoir si au cours de ces deux décennies il avait failli à servir correctement la Patrie.  Il était impossible pour lui de comprendre ce monde absurde. Ses larmes se mêlaient à son sang. Il semblait se résigner à son destin. Afin de ne pas impliquer sa femme et sa fille bien-aimées, Xiao Guangyan a décidé de couper pour toujours les liens qui les unissaient.

Le 11 décembre 1968, après avoir été torturé pendant plus de 60 jours, Xiao Guangyan s’est suicidé par overdose de somnifères. Il n’avait que 48 ans. Il pensait que son départ permettrait à sa femme et à sa fille de retrouver une vie normale.

 

Après avoir été torturé pendant plus de 60 jours et se sentant impuissant à affronter ce monde cruel, Xiao Guangyan s’est suicidé par overdose de somnifères, le 11 décembre 1968. (Image: meesh via flickr CC BY 2.0 )
Après avoir été torturé pendant plus de 60 jours et se sentant impuissant à affronter ce monde cruel, Xiao Guangyan s’est suicidé par overdose de somnifères, le 11 décembre 1968. (Image : meesh / flickr / CC BY 2.0 )
 

Mais il n’y a pas eu de répit. Au contraire, la pression s’est intensifiée à l’égard de sa femme et de sa fille. Au cours de l’après-midi qui a suivi son suicide, sa femme a été arrêtée et informée : « L’espion contre-révolutionnaire Xiao Guangyan s’est suicidé par peur de ses crimes. Il était impliqué dans une conspiration avec l’ennemi. Vous devez continuer à avouer ».

Ils l’ont traitée de façon inhumaine pendant le processus de sa confession. Elle n’a pas versé une seule larme. En partant, elle a jeté un dernier regard sur le corps de son mari bien-aimé.

Après cela, elle a demandé qu’on lui accorde deux jours de congé pour s’occuper de sa fille. Étonnamment, sa demande a été approuvée et elle est rentrée chez elle ce jour-là. Le 13 décembre, comme il n’y avait aucun bruit dans la maison de Xiao Guangyan et que personne ne répondait aux coups frappés à la porte, quelqu’un a forcé la porte. Zhen et sa fille étaient étendues sur le lit double recouvert d’un édredon. La mère serrait sa fille chérie dans ses bras - Elles avaient cessé de vivre depuis longtemps. En raison de la sombre persécution, elles étaient tombées dans le désespoir et avaient décidé de rejoindre Xiao Guangyan, en ingérant des barbituriques.

Après la mort de Xiao Guangyan, toutes ses photos ont été détruites, et on ne sait toujours pas où se trouvent ses cendres.

Le destin cruel infligé à cet homme honorable et patriotique et à sa femme et sa fille bien-aimées, devraient interpeller le monde entier quant à la nature immuable et maléfique du Parti communiste chinois. Collaborer avec le Parti communiste chinois, même avec la plus pure intention, se termine inévitablement par une tragédie et des larmes.
 

Voir la première partie : Le destin tragique de Xia Guangyan (1)
 

Traduit par Fetty Adler

Version en anglais : The Terrifying Betrayal of a Genius and His Family (Part 2)

Traduit du chinois par Joseph Wu
 

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