Le patrimoine français est l’un des plus fabuleux du monde. La France a le bonheur de posséder sur son territoire de véritables joyaux. Le Château de Chenonceau fait évidemment partie de ces joyaux, avec son allure si particulière, on le dirait sorti d’une histoire fantastique. De la Renaissance à la Seconde guerre mondiale, il nous raconte l’histoire de France.
La construction du château en lui-même
L’histoire de ce fleuron de la Renaissance débute lorsque Thomas Bohier, intendant général des finances du roi, décide de sa construction. C’est donc sur les vestiges d’un ancien moulin, aménagé sur le cours du Cher, que débutera la construction du fameux édifice. À la distinction des autres châteaux de la Loire, bâtis sur des forteresses médiévales, c’est l’environnement qui a été privilégié pour le choix de son emplacement. Fort de sa situation, Chenonceau s’inscrit merveilleusement bien au sein du cadre enchanteur des lieux, et éblouit par la clarté de ses façades.
Le style du château correspond bien à celui de la Renaissance : de larges fenêtres à meneaux, des lucarnes en pierre blanche de tuffeau... De plus, le corps de logis carré affiche une originalité pour l’époque : les pièces sont placées de chaque côté d’un vestibule central et distribuées par un escalier en rampe droite, certainement inspiré des Palais Vénitiens.
Les premières installations majeures à Chenonceau
En 1547, Diane de Poitiers se voit offrir le château par le roi Henri II. Elle confiera plus tard à l’éminent architecte, Philibert Delorme, le soin de construire un pont à arcades reliant le château à l’autre rive du Cher. Souhaité de longue date, comme le confirme les plans originels des Bohier, le pont fait enfin son apparition à Chenonceau en 1559, contribuant ainsi à sa formidable élégance.
D’autre part, Diane de Poitiers fera réaliser sur la rive droite du château, le jardin qui porte encore aujourd’hui son nom. Le terrain, protégé des crues de la rivière par une levée de terre, est renforcé par des murs en pierre. Surélevé, le jardin est semblable à une île au cœur du domaine. Ses allées, perpendiculaires et diagonales, séparent huit remarquables triangles de pelouses, décorés de fines volutes de santolines. De même, fleurs et arbustes finissent d’encercler l’ensemble. Enfin, un jet d’eau s’invite au centre du jardin.
Les galeries et le jardin de Catherine de Médicis
Après la mort du Roi Henri II, blessé mortellement le 30 juin 1559 à Paris lors d’un tournoi, Diane de Poitiers doit quitter Chenonceau. Catherine de Médicis, qui détient à présent les clés du pouvoir, récupère le domaine.
La Reine utilisera le pont créé par la précédente propriétaire, pour y édifier deux superbes galeries superposées. Jamais vues ailleurs, ces deux galeries donneront définitivement au château une allure merveilleuse et surprenante, et deviendront un espace d’accueil unique au monde. Par cet ajout architectural, Chenonceau semble sortir tout droit d’un conte de fée.
En outre, Catherine de Médicis se lancera elle aussi dans la création de son propre jardin. Celui-ci a l’avantage d’offrir aux promeneurs une magnifique vue sur la façade ouest du château. Le jardin se dessine comme suit : un élégant bassin circulaire, ponctué de boules de buis, s’entoure de cinq panneaux de pelouses. Des cordons de lavande et des rosiers offrent une douce fragrance au visiteur.
Il est bon de noter que le XVIème siècle fut, en ce qui concerne l’architecture et le tracé des jardins, un siècle d’innovation extraordinaire. À ce titre, Chenonceau, dont les jardins nous sont parvenus intacts de cette époque, est un précieux témoin de cette période.
Château de Chenonceau – Jardin de Catherine de Médicis. (Image : Wikimedia / MFSG / CC BY-SA 2.0 DE)
Un château au rôle salvateur lors des deux guerres mondiales
Le splendide château de Chenonceau aura une fonction déterminante lors de la première guerre mondiale. Il sera transformé en hôpital militaire, ce qui permettra de soigner près de 2250 blessés de 1914 à 1918. Un espace dédié, dans la « Galerie des Dômes », rend d’ailleurs hommage à tous ceux qui vinrent assister les souffrants.
Mais Chenonceau aura un autre rôle, pour le moins inattendu, pendant la deuxième guerre mondiale. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la ligne de démarcation du Cher entre la France libre et la France occupée passait juste au milieu du château. L’entrée principale se trouvait en zone occupée, tandis que le pont levis conduisait vers la France libre. L’histoire se souviendra qu’à la nuit tombée, nombreux étaient ceux qui parcouraient les grandes galeries du château pour échapper à la tyrannie nazie. Seul accès vers la liberté, ce passage représentait la lueur d’espoir de milliers de personnes.
Château de Chenonceau – Galerie du Rez-de-chaussée. (Image : Wikimedia / Peter Dutton from Forest Hills, Queens, USA / CC BY)
En définitive, la dimension poétique de ce château n’est plus à prouver. Par son style architectural et son rôle pendant les deux grandes guerres, Chenonceau illustre avec brio le terme « Renaissance ».
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