Le gouvernement chinois a rendu obligatoire l’installation de « serrures intelligentes » dans les immeubles locatifs de toute la Chine. Ces dispositifs permettent de verrouiller ou de déverrouiller les portes par le biais des téléphones et des pièces d’identité. Pékin soutient qu’ils sont nécessaires pour stopper la propagation de la Covid-19. Mais la vérité est que les « serrures intelligentes » sont essentiellement un moyen pour le Parti communiste chinois (PCC) de renforcer son contrôle sur les citoyens.
Serrures intelligentes
En avril, le Bureau de la sécurité publique de la ville de Zhuji a émis un ordre exigeant que des serrures intelligentes soient installées dans toutes les communautés résidentielles d’ici fin septembre. Le Bureau a fait valoir que ces serrures permettraient au gouvernement de créer un système de gestion des communautés résidentielles « intelligent », « raffiné » et de type hôtelier.
Les informations recueillies par les serrures peuvent être utilisées pour affiner le contrôle sur la population migrante. Ces informations incluent le moment où une personne entre dans une communauté résidentielle, le moment où elle en sort, etc. Le projet est actuellement mis en œuvre à Zhuji, après quoi il sera étendu à d’autres régions de la province du Zhejiang, puis à l’ensemble du pays.
Les informations recueillies par le biais des serrures peuvent être utilisées pour un contrôle précis de la population migrante. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les serrures intelligentes ont déjà commencé à causer des problèmes aux habitants de Zhuji. Les propriétaires qui refusent d’installer les serrures n’ont pas le droit de louer des propriétés. Les frais d’installation s’élèvent à 400 RMB (environ 50 Euros ), généralement partagés entre le locataire et le propriétaire.
Un résident s’est vu interdire l’accès à sa maison parce qu’il avait oublié de décrocher son téléphone en sortant, ce qui l’a empêché d’ouvrir le verrou « intelligent ». Une travailleuse migrante qui était retournée dans son dortoir après avoir visité son domicile natal a été appréhendée par les autorités. Son entrée a déclenché le verrou intelligent et envoyé une alerte aux fonctionnaires qui attendaient pour détenir et isoler la femme dans le cadre des mesures de contrôle du virus.
Une surveillance renforcée
L’épidémie de Covid-19 a donné au gouvernement chinois exactement ce qu’il cherchait : une excuse pour étendre sa surveillance. « Les techniques de surveillance de masse sont devenues plus fréquentes après ces événements... Avec l’épidémie de coronavirus, l’idée d’évaluer les risques et de restreindre les déplacements est rapidement devenue réalité... Avec le temps, nous constatons une utilisation de plus en plus intrusive de la technologie et une moindre capacité des personnes à la repousser », a déclaré Maya Wang, chercheuse principale sur la Chine pour Human Rights Watch, au Guardian.
Des systèmes de reconnaissance faciale pouvant analyser la température des personnes se déplaçant dans une foule et vérifier si elles portent un masque facial, sont en cours d’installation. Certaines villes encouragent les gens à espionner leurs voisins, en distribuant des récompenses à ceux qui informent les autorités de la présence d’une personne malade. Dans certaines entreprises, des contrôles de santé ont été imposés quotidiennement, sans lesquels un employé ne peut pas entrer dans le bureau.
Des systèmes de reconnaissance faciale pouvant analyser la température des personnes et vérifier si elles portent ou non un masque, sont en cours d’installation. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Un des systèmes les plus préoccupants est le « Code du suivi de la santé », mis en œuvre par le biais de WeChat. Ce système évalue la santé d’une personne à l’aide de trois couleurs : vert, jaune et rouge. Les autorités peuvent ensuite vérifier l’état d’infection d’une personne en consultant le code barre sur le téléphone, ce qui les informera si la personne est ou non exempte du virus, si elle a été en contact avec un patient infecté, etc. Ce type de balayage est désormais courant dans les hôtels, les supermarchés et autres lieux publics à forte circulation.
Toutes les informations que WeChat collecte aboutissent dans le système de surveillance de l’État et sont, dit-on, partagées avec la police. Des dysfonctionnements du système ont été signalés. Une personne a apparemment traversé le Hubei sans s’arrêter et a pourtant vu sa couleur passer du vert au jaune, ce qui indiquait qu’elle serait mise en quarantaine.
Traduit par Fetty Adler
Version en anglais : CCP Tightens Population Control Measures With ’Smart Locks’
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