Pékin prévoit d’imposer à Hong Kong une nouvelle législation sur la sécurité nationale qui mettrait fin de manière effective à l’autonomie de la ville. La proposition a déclenché un énorme scandale mondial à l’encontre du Parti communiste chinois (PCC). Chris Patten, le dernier gouverneur britannique de Hong Kong, estime que la Chine a trahi la ville.
Trahir Hong Kong
Si un Hongkongais réclame un système démocratique plus fort dans la ville et a une histoire liée à une organisation pro-démocratie aux États-Unis, il peut être accusé d’association avec des « ennemis étrangers ». (Image : Studio Incendo / flickr / CC BY 2.0)
Chris Patten a fait valoir que le gouvernement britannique a le devoir économique, moral et juridique de soutenir le peuple de Hong Kong, car c’est l’administration britannique, en vertu de l’accord « un pays, deux systèmes » décidé dans la Déclaration conjointe sino-britannique de 1984, qui a remis l’ex-colonie à la Chine. L’accord est ce qui donne à Hong Kong ses libertés et son système démocratique.
En apparence, la loi sur la sécurité nationale cherche à interdire les activités liées à l’ingérence étrangère, à la sécession, à la sédition et au terrorisme, ce qui semble être une justification suffisamment raisonnable. Mais en réalité, ces lois seront simplement utilisées par le régime chinois pour réprimer les militants pro-démocratie. Par exemple, si un Hongkongais réclame un système plus démocratique dans la ville ou est en lien avec une organisation pro-démocratie aux États-Unis, il peut être accusé d’association avec des « ennemis étrangers ».
Chris Patten souligne que la législation sur la sécurité nationale détruira la déclaration sino-britannique et conduira à une nouvelle dictature chinoise. Il appelle l’Occident à cesser sa course folle aux ressources et à la monnaie chinoises. Il recommande à la Grande-Bretagne de réfléchir soigneusement avant d’autoriser le fabricant d’équipement chinois Huawei à mettre en place un réseau 5G dans le pays. « Nous devrions cesser d’être dupes que, d’une manière ou d’une autre, à la fin de toutes les courbettes, cette mine d’or nous attend. Cela a toujours été une illusion… Nous continuons à nous imaginer que nous manquerons de grandes opportunités commerciales si nous ne faisons pas tout ce que la Chine veut. C’est une stupidité », selon Reuters.
Après l’adoption du projet de loi proposé, certains axes doivent être examinés avant d’être promulgués, pour leur mise en œuvre à Hong Kong, dès le mois de septembre. Cette loi permettra au régime communiste de créer des agences à Hong Kong pour « sauvegarder la sécurité nationale » en cas de besoin. Des milliers de citoyens de Hong Kong, mécontents de la loi sur la sécurité nationale, ont récemment organisé une manifestation massive contre le gouvernement chinois. Au moins 180 personnes ont été arrêtées par la police.
Le fait que des gens descendent dans la rue malgré la menace du Covid-19 indique qu’ils sont plus préoccupés par le danger que représente le Parti communiste que par le virus. De nombreux manifestants ont agité des drapeaux et appelé à l’indépendance de Hong Kong. En 2003, la Chine a tenté d’introduire des lois sur la sécurité nationale à Hong Kong. Ce plan a finalement été abandonné à la suite de manifestations de masse. Cette fois-ci, Pékin semble déterminé à tout faire pour que ces lois soient appliquées.
Soutien à Hong Kong
Le fait que les gens descendent dans la rue malgré la menace du Covid-19 indique qu’ils sont plus préoccupés par le danger que représente le Parti communiste que par le virus infectieux. (Image : Studio Incendo / flickr / CC BY 2.0)
De nombreux pays ont annoncé leur soutien à Hong Kong. Des politiciens de 23 pays ont publié une déclaration commune critiquant le gouvernement chinois pour avoir tenté d’imposer la loi sur la sécurité nationale dans la ville. La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen s’est engagée à soutenir les Hongkongais et a promis de fournir « l’assistance nécessaire » à ceux qui en auraient besoin. Elle a averti que la loi éroderait considérablement l’indépendance et la liberté judiciaires à Hong Kong.
Aux États-Unis, le secrétaire d’État Mike Pompeo a ajourné un rapport évaluant l’autonomie de Hong Kong. Si l’évaluation s’avère négative en raison des pressions de la Chine en faveur de la loi sur la sécurité nationale, l’administration américaine pourrait décider de retirer le traitement économique spécial accordé à Hong Kong. Une telle décision serait catastrophique pour l’économie de la région.
Traduit par Nello Tinazzo
Version en anglais : China Taking Over Hong Kong
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