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Univers. Les feux de forêt retiennent le carbone pendant des siècles…

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Le charbon de bois produit par les incendies de forêt pourrait retenir le carbone pendant des centaines d’années et contribuer à atténuer les changements climatiques. (Image : Skeeze / Pixabay)
 

Le charbon de bois produit par les feux de forêt pourrait retenir le carbone pendant des centaines d’années et contribuer à atténuer les changements climatiques, selon une nouvelle recherche qui vient d’être publiée. L’étendue et l’ampleur sans précédent des feux de forêt dans l’Arctique et les énormes quantités de CO2 qu’ils émettent ont fait les gros titres dans le monde entier.

Mais une nouvelle étude de Nature Geoscience mesure le rôle important que joue le charbon de bois en aidant à compenser les émissions de carbone des incendies. L’équipe de recherche a déclaré que ce charbon de bois pourrait effectivement « stocker » une quantité considérable de carbone pour les années à venir.

En moyenne annuelle, les incendies de forêt dans le monde brûlent une superficie équivalente à celle de l’Inde et émettent plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que les transports routiers, ferroviaires, maritimes et aériens mondiaux réunis. À mesure que la végétation des zones brûlées se régénère, elle libère le CO2 dans l’atmosphère par photosynthèse.

Cela fait partie du cycle normal de récupération suite aux incendies, qui peut prendre moins d’un an dans les prairies ou plusieurs décennies dans les forêts adaptées au feu. Dans les cas extrêmes, comme les tourbières arctiques ou tropicales, le rétablissement complet peut ne pas se produire avant des siècles. Cette récupération de la végétation est importante car le carbone non capturé reste dans l’atmosphère et contribue au changement climatique.

Les feux de déforestation contribuent de manière particulièrement importante au changement climatique, car ils entraînent à long terme une perte de carbone dans l’atmosphère. À présent, une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Swansea et de la Vrije Universiteit Amsterdam a mesuré le rôle important que joue le charbon de bois produit lors des incendies, appelé carbone pyrogène, pour compenser les émissions de carbone.

L’auteur principal, le Dr. Matthew Jones, qui a récemment rejoint l’École des sciences de l’environnement de l’Université de Swansea, a déclaré : « Le CO2 émis lors des incendies est normalement à nouveau stocké à mesure que la végétation se régénère et les chercheurs considèrent généralement les incendies de forêt comme sans incidence sur le  carbone une fois que la biomasse a été complètement récupérée. »

 « Cependant, lors d’un incendie, une partie de la végétation n’est pas consumée par le feu, mais transformée en charbon de bois. Ce matériau riche en carbone peut être stocké dans les sols et les océans sur de très longues périodes. »

« Nous avons combiné des études de terrain, des données par satellites et une modélisation afin de mieux mesurer la quantité de carbone stockée par les incendies à l’échelle mondiale. »

L’article, co-écrit  par Cristina Santin et Stefan Doerr, de l’Université de Swansea, et Guido van der Werf, de la Vrije Universiteit Amsterdam, explique qu’en plus d’émettre du CO2 dans l’atmosphère, les incendies de forêts transfèrent également une fraction importante du carbone de la végétation affectée au charbon de bois et à d’autres matériaux carbonisés.

Les chercheurs affirment que ce carbone pyrogène doit être pris en compte dans les modèles globaux d’émissions de feu. Le Dr Jones a dit : « Nos résultats montrent qu’à l’échelle mondiale, la production de carbone pyrogène équivaut à 12 % des émissions de CO2 provenant des incendies et peut être considérée comme un tampon important pour les émissions des incendies de forêts ».

« Le réchauffement climatique devrait accroître la prévalence des incendies de forêt dans de nombreuses régions, en particulier  dans les forêts. Cela peut entraîner une augmentation globale des émissions atmosphériques de CO2 provenant des feux de forêt, mais aussi une augmentation du stockage pyrogénique du carbone. »

« Si on laisse la végétation se régénérer naturellement, alors le CO2 émis sera récupéré par la repousse dans les décennies à venir, laissant derrière lui un stock supplémentaire de carbone pyrogène dans les sols, les lacs et les océans ».

 « Nous nous attendons à ce que tout carbone pyrogène supplémentaire soit retenu pendant des siècles, voire des millénaires. Même s’il est amené à revenir dans l’atmosphère à mesure que le charbon se dégrade, il sera  emprisonné et incapable d’affecter notre climat dans lintervalle. »

 « C’est une bonne nouvelle, bien que l’augmentation des émissions de CO2 causées par l’activité humaine, notamment la déforestation et certains incendies de tourbières, continue de représenter une menace sérieuse pour le climat de la planète ».

Il reste encore d’importantes questions à résoudre sur la façon dont un climat plus chaud et plus sujet à la sécheresse affectera à l'avenir l’étendue mondiale des feux de forêt. Par exemple, y aura-t-il plus de feux dans les tourbières arctiques que ceux que nous avons connus cet été, et quelle proportion des émissions de CO2 sera récupérée par la repousse future de la végétation ?

Mais cette nouvelle recherche montre que la production de carbone pyrogène devrait être considérée comme un produit significatif des incendies et un élément important du cycle global du carbone. Les résultats sur les émissions globales de feux de forêt atténuées par la production de carbone pyrogène, sont publiés dans la revue Nature Geoscience.
 

Fourni par : University of East Anglia (Note: Le contenu et la longueur des documents peuvent être modifiés).

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