Avec la consolidation du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan au sein de l'administration turque, la répression contre la presse est devenue un phénomène courant dans le pays. Tout journaliste ayant une opinion contraire au gouvernement se voit rapidement enfermé par l'administration. Depuis le début de 2019, le gouvernement a refusé de renouveler l'accréditation d'un grand nombre de journalistes étrangers. Reporters sans frontières, groupe de défense de la liberté de la presse, demande aux autorités turques de cesser de bloquer les journalistes étrangers et de résoudre rapidement ce problème.
Faire obstacle aux journalistes
Les représentants du gouvernement ont affirmé que le retard dans le renouvellement des accréditations des journalistes était dû au passage d'un modèle parlementaire à un système présidentiel après les élections de juin dernier. Cependant, l'explication a été rejetée par Reporters sans frontières, qui a affirmé que ce retard n'était qu'une tentative d'Ankara visant à limiter les reportages indépendants de l’étranger.
Près de la moitié des journalistes étrangers dont l'accréditation est refusée viennent d'Allemagne. En outre, plus de 100 journalistes ont été emprisonnés, ce qui a permis au groupe de qualifier la Turquie de plus grande prison du monde pour les journalistes professionnels. Le refus d'accréditation met également en danger les permis de séjour des journalistes, beaucoup d'entre eux se voyant obligés de quitter la Turquie. La plupart des journalistes ont été informés du rejet par courrier électronique, sans aucune explication quant aux raisons pour lesquelles leur renouvellement avait été refusé.
Avec la consolidation du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, au sein de l'administration turque, la répression contre la presse est devenue un phénomène courant dans le pays. Image: Kremlin.ru via wikimedia CC BY 3.0)`
«Les documentaires que j'ai réalisés sur les violations des droits de l'homme et de la liberté de la presse auraient pu causer des ennuis [au gouvernement]. Mais c'est notre métier - nos reportages peuvent être à la fois positifs et négatifs... S'ils nous sanctionnent uniquement en fonction de nos reportages critiques, c'est injuste. J'ai réalisé de nombreux programmes culturels qui ont contribué à la promotion de la Turquie et j'ai reçu de nombreuses réactions positives», a déclaré à Al-Monitor Halil Gulbeyaz, journaliste de la chaîne NDR.
Selon la plate-forme pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, la Turquie était le plus grand geôlier des journalistes en 2018, avec environ 110 journalistes derrière les barreaux. La condition des femmes journalistes est également déplorable avec 14 femmes journalistes en prison. La plupart d’entre elles ont été condamnées pour des motifs sans fondement. La Chine arrive en deuxième position avec sept femmes journalistes en prison.
«La majorité des journalistes détenus sont accusés d'infractions liées au terrorisme, tandis que la définition large du concept de propagande terroriste utilisée par les autorités turques aurait été dénoncée par la communauté internationale, y compris le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe», selon Ahval News.
L'atteinte à la liberté d'expression
L' état de l’adhésion de la Turquie à la liberté d'expression peut être vérifié par une remarque faite par Sedat Ergin, journaliste turc de renom, alors qu’il acceptait le prix DW de la liberté d'expression en Allemagne en 2016. «La liberté d'expression est l'une des valeurs les plus fondamentales de l'humanité... C'est un aspect essentiel de notre existence dans les sociétés humaines... Lorsque le sujet du prix que vous avez reçu concerne la liberté d'expression, l'état troublant de cette liberté est inévitablement souligné», a-t-il dit dans une déclaration (DW).
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