Le président américain Trump, refusant d’accepter les demandes nord-coréennes de levée totale des sanctions, a plutôt choisi de se retirer des pourparlers de HanoÏ avec le président Kim Jong-un, sans parvenir à un accord. Donald Trump a indiqué par la suite qu’il suivrait une approche similaire dans les négociations commerciales avec la Chine.
Certains observateurs voient dans le style de négociation de Trump un double objectif. En plus de maintenir la demande d’une péninsule coréenne dénucléarisée, le président américain envoie probablement un signal à la Chine et à son dirigeant Xi Jinping, avec qui Washington est également impatient de conclure un accord, cette fois sur le commerce.
Jeudi matin, le 28 février, lors d’une conférence de presse au Vietnam, M. Trump a déclaré aux journalistes que Kim avait demandé aux États-Unis de lever toutes les sanctions avant que la Corée du Nord ne commence à détruire son arsenal nucléaire, ce qui a mis fin au sommet.
« Je n’ai jamais peur de renoncer à un marché » a dit Trump. « Parfois, il faut renoncer ».
Le président Trump a spécifiquement mentionné les négociations avec Pékin: «Je suis toujours prêt à renoncer. Je n’ai jamais peur de renoncer à un marché. Et je le ferais aussi avec la Chine, si ça ne marchait pas».
L’attitude de Trump à HanoÏ met la pression sur Xi Jinping. (Image : wikimedia / CC0 1.0)
L’expert chinois Gordon G. Chang a déclaré, dans une interview à Fox News, que si le sommet Trump-Kim semble être une impasse diplomatique en surface, il laisse entrevoir à quoi s'attendre au niveau des relations du Président Trump avec Pékin. « Je pense que c’est un moment de réévaluation pour la Chine », a dit M. Chang.
Selon Chang, le fait que Trump ait choisi de quitter prématurément les pourparlers avec Kim alors qu’il n’avait pas obtenu la réponse qu’il recherchait, pourrait laisser entendre à Pékin qu'il serait prêt à faire de même et à rompre les négociations plutôt que de signer un accord défavorable. L’attitude de Trump à Hanoi met la pression sur Xi avant la rencontre des deux présidents dans la résidence de Trump à Mar-a-Lago, en Floride.
M. Chang a déclaré que Xi se trouvait dans une situation «sans issue», vu que la dégradation de l'économie chinoise signifie que Pékin doit conclure un accord commercial selon les termes américains, ou faire face à une augmentation des droits de douane qui aggraverait encore les difficultés du pays
« Xi comptait sur Trump pour signer un accord commercial, mais Pékin n’avait pas l’intention de l’honorer », écrit Chang dans un message sur Twitter. Chang pense également que refuser l’invitation chinoise à tenir un sommet Xi-Trump sur l’île de Hainan, dans le sud de la Chine, après la réunion de Hanoi, était une sage décision de la part de l’administration Trump.
Le président Donald Trump et la première dame Melania Trump posent pour une photo avec le président chinois Xi Jingping et son épouse, Mme Peng Liyuan, le jeudi 6 avril 2017, à l’entrée du Mar-a-Lago à Palm Beach, Fl. (Image: Photo officielle de la Maison blanche de D. Myles Cullen)
Selon Fox News, Jon Hilsenrath, journaliste économique du Wall Street Journal, a fait une analyse similaire du sommet Trump-Kim à Hanoi.
M. Hilsenrath a déclaré que, bien que le président Trump ait dit qu’il pourrait être prêt à conclure un accord avec Xi, il est également psychologiquement prêt à quitter la table des négociations.
« Il envoie un signal aujourd’hui (à la Chine) qu’il va renoncer », a dit M. Hilsenrath.
« Pékin a autant besoin d’un accord que Trump, peut-être davantage encore compte tenu de la récession de l’économie chinoise », a-t-il dit. « Oui, Trump a besoin d’une victoire, mais il n’acceptera pas un marché à tout prix ».
Robert Lighthizer, l’un des principaux responsables de l'administration Trump à la tête des négociations avec la Chine, a souligné que tout accord conclu avec la Chine devrait être exécutoire et que ce ne serait qu'un premier pas.
« Permettez-moi d’être clair : il reste encore beaucoup à faire avant qu’un accord ne soit conclu et, plus important encore, après qu’il soit réalisé, le cas échéant » a déclaré M. Lighthizer au Comité House Ways and Means, le 27 février dernier.
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