Autrefois, lorsque les occidentaux partaient en voyage, on disait qu’ils emportaient avec eux un peu de terre pour surmonter le mal du pays. Quant aux Han de Chine, lorsqu’ils partaient s’installer ailleurs, les cendres de leur encens étaient ce qu’ils emportaient de plus précieux.
Le peuple Han accordait une grande importance à son héritage culturel et à la préservation de la tradition de l’encens à travers les âges. À ce jour, on ignore encore quand les Han ont commencé à brûler de l’encens pour vénérer leurs ancêtres. Cependant, selon Mathew Tuward, la vénération des ancêtres est devenue une pratique courante aux alentours de 10200 avant J.-C. et a pris de l’importance dans la région du Fleuve Jaune sous les dynasties Xia, Shang et Zhou.
La fumée de l’encens sert de support aux pensées filiales. Autrefois, les gens accordaient une grande importance au culte des ancêtres. Plus les descendants étaient nombreux, plus il y avait de personnes qui vénéraient leurs ancêtres et cela exigeait davantage d’encens à brûler. Si personne ne brûlait de l’encens pour les ancêtres, cela pouvait signifier qu’il n’y avait pas de descendants dans la famille. Autrefois, brûler de l’encens était donc quelque chose de primordial. On disait d’ailleurs que parmi les trois types de piété filiale, avoir une descendance était considérée comme la plus importante.
Les Han de Taiwan sont originaires du bassin du Fleuve Jaune en Chine et ont traversé une série de guerres et de pressions qui les ont poussés à migrer vers le sud. Au 13ème siècle, vers la fin de la dynastie des Song du Sud, le peuple Han arriva à Taiwan pour commercer avec la population autochtone.
La culture et les objets du passé sont comme l’esprit et le corps. (Image : 该图片由 / Silentpilot / 在 / Pixabay /上发布)
Au 16ème siècle, pendant la dynastie Ming, a eu lieu un grand mouvement de migration du peuple Han vers Taiwan. Dans leurs modestes bagages, se trouvait la chose à laquelle ils tenaient le plus : le brûleur de leur ancêtre contenant des cendres d’encens. Ils n’ont cessé de vénérer leurs ancêtres depuis leur immigration jusqu’à leur installation définitive à Taiwan. Plus tard, après quelques cérémonies, ils ont versé à l’intérieur de leur nouveau brûleur les cendres d’encens apportées de leur pays natal. Ces cendres symbolisaient les veines de leurs ancêtres et elles étaient encore activement reliées à leur terre natale et non pas à leur nouvelle île montagneuse.
La culture et les objets du passé sont comme l’esprit et le corps. Le peuple chérit sa tradition de l’encens et cela s’est manifesté par la préservation des cendres dans les boîtes à encens. Ces vestiges ethniques ont été détruits, sans grande difficulté, par les changements politiques. En 1895, lors du traité de Shimonoseki, la dynastie Qin concéda Taiwan et Penghu au Japon. Les Han de Taiwan et la population autochtone s’y sont opposés, ce qui a déclenché une résistance armée tragique dans diverses régions du pays. Cependant, compte tenu du déséquilibre des forces, les Han ont dû se soumettre au changement politique.
Les Japonais savaient que la façon d’éradiquer complètement un peuple était de le dépouiller de son identité culturelle. Ainsi, à partir de 1937, les Japonais ont demandé aux habitants de Taiwan d’échanger leurs noms de familles contre des noms d’origine japonaise. Ils ont également détruit leurs objets d’adoration dans le but clairement annoncé de faire disparaître leurs divinités. De surcroît, il leur a été ordonné de détruire eux-mêmes leurs tablettes ancestrales et de mettre fin à tout ce qui pouvait encore les relier à leurs ancêtres. De nombreux Han de Taiwan ont refusé d’obéir et ont mis leur propre vie en danger en gardant leurs tablettes. C’est seulement à la fin de la Seconde Guerre mondiale qu’ils ont pu les ressortir au grand jour.
La population de Taiwan comprend le plus grand nombre d’hommes et de femmes d’origine Han et ce sont leurs ancêtres qui ont introduit l’encens sur l'île.
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