Durant la dynastie Qing (1644 - 1912), un fermier dans la soixantaine et répondant au nom de Li vivait dans un petit village de la province du Sichuan avec ses deux fils. Le père et les fils étaient honnêtes, travaillaient dur et avaient tout juste de quoi vivre. La sixième ou septième année du règne de Daoguang (1821 - 1850), le père emprunta 100 rouleaux de pièces de monnaie (chaque rouleau équivalant à une once d’argent) à Chen Liangdong, un homme du même village.
La famille Li était assez économe, et en quelques courtes années ils réussirent à accumuler une certaine somme. Soudainement, le père tomba malade. Sur le point de mourir, il dit à ses deux fils, « l’argent que nous avons emprunté à Chen Liangdong doit être rendu immédiatement, intérêts et principal. Chen n’est pas un homme décent en dépit de sa richesse. Vous devez récupérer la note d’engagement originale pour éviter tout ennui à l’avenir. » Les deux fils suivirent ses instructions et retournèrent l’argent. Cependant, Chen Liangdong leur mentit en disant qu’il ne pouvait pas trouver la note d’engagement originale pour la leur restituer. Le père demanda à ses fils de redemander la note, mais Chen refusa simplement. Peu de temps après, le vieux Li mourut. Ses deux fils travaillèrent encore plus dur, et leur richesse continua de croître.
Chen Liangdong, faisant fi de sa conscience, vint à la maison de Li exiger l'’rgent la note d’engagement d’origine à la main. Les deux fils avancèrent qu’ils avaient remboursé la dette il y a bien longtemps. Chen réfuta avoir gardé la note d’engagement d’origine et insista pour obtenir l’argent. Il menaça de dénoncer la famille Li aux autorités s’il y avait du retard. Les deux fils s’inquiétaient d'entrer dans un procès. En fin de compte, ils demandèrent à Chen de prêter serment, en prenant le ciel pour témoin. Chen se mit à genoux sur les marches, et déclara : « si je récupère deux fois votre dette, dans ma future vie, je me transformerai en cheval ou en boeuf pour vous rembourser. » La famille Li dût à nouveau payer la dette d’après les termes de la note, et seulement alors purent ils récupérer la note.
Environ un an plus tard, Chen Liangdong mourut d’une maladie soudaine. Avant qu’il ne meurt, il dit à son épouse, « je suis en route pour rembourser la dette que je dois à la famille Li. » Il mourut en disant ces mots. Au même moment, une vache dans la famille Li donna soudain naissance à un petit boeuf. Sur le front du boeuf, il semblait y avoir plusieurs caractères. Les caractères étaient tout à fait illisibles. Un an plus tard, les caractères devinrent lisibles, et on pu lire « Chen Liangdong. »
L’épouse de Chen rêva que Chen la priait de le racheter, mais elle ne crut pas en son rêve. Ce n’est que lorsqu’elle apprit que le petit boeuf dans la famille Li avait les caractères sur son front, qu’elle leur rendit visite. Il s’avéra que ce qu'elle avait rêvé était vrai. Le boeuf se mit à genoux devant elle, apparemment pour la prier de l’acheter aux Li.
L’épouse de Chen était très triste. Elle dit à la famille Li qu’elle était disposée à retourner le paiement aux frères Li en échange du boeuf, mais la famille Li n’était pas d’accord. En dépit des demandes répétées de l’épouse de Chen, les frères Li refusèrent son offre d’une grosse somme d’argent pour acheter le boeuf. L’épouse de Chen intenta un procès auprès des autorités, et le commissaire du comté jugea que l’épouse de Chen devait payer 1200 onces d’argent afin de racheter le boeuf. Les frères Li refusaient toujours de s’y soumettre. Le jugement du commissaire du comté n’aida pas l’épouse de Chen.
Dans la onzième année de Daoguang, un fonctionnaire de niveau cantonal appelé Li Sizhi passa par ce village. Il pensait que cette histoire était tout à fait merveilleuse et il alla jeter un coup d’œil par lui-même. Il découvrit que les caractères sur le front du bœuf étaient tout à fait clairs. En conséquence, il crut vraiment au principe de rétribution de cause et d’effet. Il considéra également que l’insistance des frères Li pour ne pas laisser l’épouse de Chen payer le bœuf allait aussi à l’encontre de la bonté et du pardon. Si cette mauvaise volonté restait irrésolue, elle pourrait même provoquer de nouvelles rancœurs. Si, par exemple, les frères Li punissaient le bœuf, comment le rembourseraient-ils dans le futur ?
Cette histoire nous apprend que nous ne devrions pas commettre de méfaits, et que le pardon est la meilleure recette pour régler les rancœurs.
Traduit par Constance Ladoux
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