Il y a très longtemps existait une montagne, la Montagne noire, où vivaient de nombreux saints, sages, et moines. Un jour, les Anciens conduisirent quelques personnes en pèlerinage sur la montagne.
À cette époque, vivait une pauvre femme mendiante. Elle vit les pèlerins qui montaient et se dit : « Ils ont dû faire de bonnes actions au cours de leurs vies passées pour mériter une telle vie aujourd’hui. Leur bonne fortune ne les a pas non plus égarés : malgré leurs privilèges, ils essaient toujours d’aider les autres avec diligence. »
La femme commença alors à songer à sa propre situation et conclut qu’elle ne devait pas avoir accompli assez de bonnes actions dans ses vies passées. « Si je ne fais pas de bonnes actions dans cette vie, ma vie future sera encore plus pénible », pensa-t-elle. Alors, elle se souvint qu’elle avait deux pièces de monnaie qu’elle avait gardées précieusement. Elle les avait trouvées dans un tas de fumier.
La mendiante décida de donner les pièces aux pèlerins, pour lesquels elle éprouvait un profond respect.
Un abbé sortit de la foule et bénit la femme, comme le voulait la coutume des moines de la Montagne Noire. On entendit alors une vague de murmures à travers la foule jusque là silencieuse.
L’abbé donna alors à la mendiante la moitié de son repas végétarien. Les autres, voyant l’abbé si courtois et respectueux, voulurent l’imiter. Ce jour-là, la femme repartit chargée de nourriture. Elle se reposa sous un grand arbre et s’endormit rapidement.
Entre temps, la reine du pays était morte. Craignant que la nation ne puisse pas survivre sans reine, le roi envoya un messager chercher une femme digne de la remplacer et digne de lui.
« Il y aura un sage sous un nuage jaune », conseilla l’oracle royal, alors qu’il voyageait avec le messager. Ils rencontrèrent la femme mendiante qui dormait encore sous l’arbre. L’oracle chuchota : « Voici la nouvelle reine. »
Le messager demanda à une femme de chambre de laver et habiller la mendiante avec les vêtements de reine. Le roi, en la voyant, sentit une joie et un respect profonds l’envahir : il devinait combien elle était vertueuse.
Une fois reine, elle voulut remercier les moines. (Image : Musée national du Palais,Taipei, Domaine publique)
« L’abbé de la Montagne Noire m’a tellement donné, il me faut exprimer ma reconnaissance » : cette pensée accompagna la nouvelle reine. Elle demanda alors au roi la permission de remercier les moines. Le roi la lui accorda, très heureux.
La reine partit donc pour la Montagne Noire avec un serviteur royal et des calèches remplies de nourritures végétariennes et de trésors.
Cette fois, l’abbé ne salua pas la femme, mais demanda à un moine de donner la bénédiction. La reine était confuse. « A l’époque, je ne vous ai offert que deux petites pièces et vous m’avez personnellement accordé la bénédiction. Maintenant, je vous propose bien plus. Pourquoi ne souhaitez-vous pas me rencontrer en personne ? », demanda-t-elle à l’abbé.
« Dans le Dharma, un cœur pur a une valeur bien plus grande que les trésors, cette valeur est inestimable. Lorsque vous m’avez donné vos deux petites pièces, Votre Majesté, votre bonté était exceptionnellement pure. Vos trésors vous ont aveuglée : votre cœur poursuit désormais ses intérêts personnels et attend quelque chose en retour. »
Le cœur pur de la mendiante avait mis fin à son interminable chagrin et lui avait permis de gagner une vertu immense. Elle était alors devenue reine du jour au lendemain. Ce n’était pas sa richesse qui l’avait libérée, mais sa bonté authentique.
Traduit par Lia Suzuran
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