L’abbaye cistercienne, nichée au nord-est du Val d’Oise, est sans doute l’un des plus beaux trésors patrimoniaux du département. Classée aux monuments historiques en 1927 pour ses vestiges, puis en 1948 pour ses bâtiments et son parc, l’abbaye royale émerveille à la fois par sa beauté mais aussi par son lien avec un glorieux Roi de France.
Une abbaye fondée par Saint Louis
L’abbaye de Royaumont, c’est tout d’abord un lieu de recueillement fondé par un roi légendaire de l’histoire de France : Louis IX, dit Saint Louis, seul roi de France à avoir été canonisé. Son immense dévotion et la sincérité de sa foi firent sa réputation au-delà des âges. Il fut un roi aimé de ses sujets du fait de sa grande bonté et de son humilité. Sous le règne de Louis IX, la France connut une longue période de paix et de prospérité. Durant cette période, la plupart des grands trésors gothiques français arrivent à maturité : la Basilique st Denis, Notre Dame de Paris, la cathédrale de Reims, ou encore la cathédrale d’Amiens... Ainsi grâce à l’influence considérable du souverain à cette époque, le XIIIème siècle français est souvent qualifié de « Siècle de Saint Louis ».
Ce roi bâtisseur est âgé d’une quinzaine d’années au moment de la construction de l’abbaye de Royaumont, en 1228. Le nom de Royaumont n’est pas choisi par hasard, il symbolise le lien étroit entre l’abbaye et la famille royale. Elle est à ce jour l’abbaye cistercienne la mieux conservée d’Île de France. Entourée d’étangs, de ruisseaux, et d’un environnement verdoyant, l’abbaye fut édifiée en seulement sept années dans un cadre protégé et façonné par les moines. Saint Louis surveillera attentivement la construction de son abbaye, et ira même jusqu’à s’investir physiquement dans son élévation, en portant les pierres sur le chantier avec les artisans. Preuve ultime de l’affection du roi pour ces lieux, il choisira d’y faire reposer trois de ses enfants, morts prématurément.
L’abbaye de Royaumont, c’est tout d’abord un lieu de recueillement fondé par un roi légendaire de l’histoire de France : Louis IX, dit Saint Louis. (Image : F551_ph_CamilleRidoux2011.JPG - Photo de presse)
Des lieux imprégnés du passage des anciens moines
Peu après la fin des travaux de l’abbaye royale, une centaine de moines vivent, travaillent et prient en ces lieux. Conformément à la volonté du jeune roi de France, la plupart de ces moines étaient des cisterciens, et provenaient de la grande abbaye mère de Cîteaux. Ces derniers ne faisaient pas vœu de silence, mais portaient une attention toute particulière à la modération de la parole, y compris pendant leur repas dans l’immense réfectoire.
Ce réfectoire est l’un des espaces les mieux conservés de l’abbaye, il communique avec les cuisines par un guichet. Vouté d’ogives et soutenu par d’élégantes colonnes monolithiques, il offre à ses occupants une sensation de légèreté. De plus, grâce aux carreaux retrouvés lors de fouilles archéologiques, le dallage du sol a pu être reproduit avec les mêmes motifs que ceux présents au Moyen-Âge.
Réfectoire des moines - Chaque repas était accompagné d’une lecture des textes religieux.
Les moines se détachaient ainsi des choses matérielles. Il ne fallait
pas perdre de temps, il fallait toujours élever son âme vers le spirituel.
(Image : wikimedia / Clicsouris / CC BY-SA 3.0)
Les cisterciens venaient s’installer dans le calme autour des tables, réparties de part et d’autre de la pièce. Pendant toute la durée du repas, un moine allait s’établir sur la chaire, au-dessus de l’assemblée, pour faire la lecture à haute voix. Chaque repas était accompagné d’une lecture des textes religieux. Les moines se détachaient ainsi des choses matérielles. Il ne fallait pas perdre de temps, il fallait toujours élever son âme vers le spirituel.
En plus de ce remarquable réfectoire, l’abbaye de Royaumont dispose d’un magnifique cloître, élément central de la vie monastique. Il est un lieu de circulation donnant accès aux différents bâtiments de l’abbaye. Celui de Royaumont est l’un des plus vastes de l’ordre cistercien en France, formant un rectangle de 46,80 mètres sur 48,35 mètres. Ses quatre grandes galeries se composent chacune de neuf travées, voûtées d’ogives. De puissantes colonnes maçonnées, enveloppées de ravissantes colonnettes en délit, finissent d’harmoniser l’ensemble. On raconte que dans l’une de ces galeries, Saint Louis aurait voulu laver les pieds des moines, à l’image du Christ le Jeudi saint, mais que l’abbé de Royaumont l’en empêcha in extremis, de peur semble-t-il de voir le roi se rabaisser devant de simples moines. Cette profonde humilité démontre une fois de plus le caractère vertueux de ce grand souverain.
L’abbaye de Royaumont dispose d’un magnifique cloître, élément central de la vie monastique. C’est un lieu de circulation donnant accès aux différents bâtiments de l’abbaye. (Image : jardin_cloitre_A_Poupeney.jpg - Photo de presse)
La grande abbatiale de l’abbaye et les méfaits de la Révolution française
Édifiée entre 1228 et 1235, elle fut démantelée à la Révolution pour servir de carrière de pierres. Avec une nef de 106 mètres de long et une hauteur sous voûte de près de 28 mètres, les dimensions de l’abbatiale de Royaumont atteignaient presque celles de la cathédrale de Soissons. C’est grâce notamment à l’unique tourelle qui subsiste de la construction d’origine et au mur du cloître, que les historiens de l’architecture ont pu obtenir les plans en trois dimensions de cette majestueuse église.
En 1792, le marquis de Travenet, sous la pression des révolutionnaires, prit la malheureuse décision de détruire l’abbatiale. Il fit scier ses piliers et attela des bœufs pour provoquer l’effondrement de l’édifice.
En 1792, le marquis de Travenet, sous la pression des révolutionnaires, fit scier ses piliers et attela des bœufs pour provoquer l’effondrement de l’édifice. (Image : wikimedia / Clicsouris / CC BY-SA 3.0)
La destruction de cette superbe abbatiale incite à la réflexion. Durant la période révolutionnaire, d’innombrables châteaux et monuments sacrés furent vandalisés avec une violence inouïe dans tout le pays. De même, des œuvres d’art inestimables furent perdues à jamais. La folie destructrice révolutionnaire causa un tort incontestable aux villes et villages de France, et porta un coup terrible à notre précieux patrimoine. Il nous revient à présent de chérir et de protéger ce qu’il reste de l’immense héritage de nos ancêtres, qui ont tant œuvré au rayonnement de notre territoire.
Avec l’aimable collaboration de l’abbaye de Royaumont
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