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Monde. La Chine espionne les dirigeants africains

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Selon un rapport, les entreprises de construction chinoises qui construisent des bureaux et des résidences clés pour des fonctionnaires africains devraient faire l’objet d’une enquête pour espionnage potentiel. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Selon un rapport de la Heritage Foundation, un groupe de réflexion conservateur, les entreprises de construction chinoises qui construisent des bureaux et des résidences clés pour des fonctionnaires africains devraient faire l’objet d’une enquête pour espionnage potentiel. Comme d’habitude, les porte-parole du Parti communiste chinois (PCC) ont pointé du doigt les Américains et le groupe de réflexion, les accusant de « creuser un fossé entre des partenaires amis ».

Le rapport

Préparé par Joshua Meservey, analyste principal des politiques pour l’Afrique et le Moyen-Orient, le rapport comporte plusieurs éléments clés.

Grâce à ses relations étendues basées sur les prêts, la construction et le commerce, Pékin a indéniablement mis en place un excellent réseau de surveillance en Afrique, par rapport aux autres superpuissances.

Au moins 186 bâtiments entrant dans la catégorie « sensible » ont été construits et rénovés par des entreprises chinoises.

Tout comme cela reviendrait à remettre les clés de la maison au cambrioleur, les sociétés de télécommunications chinoises ont mis en place pas moins de 14 réseaux « sécurisés » utilisés pour relayer l’information au sein des gouvernements africains.

Trente-cinq gouvernements africains utilisent des équipements chinois « surdoués » pour l’informatique et dans leurs réseaux.

L’Afrique compte 54 pays en tout. Parmi ceux-ci, au moins 40 ont un bâtiment gouvernemental construit par La Chine, les plus nombreux étant la Namibie (25 bâtiments), l'Angola (15), la Guinée équatoriale (11), le Ghana (11) et l’Ouganda (11).

Les bâtiments comprennent les résidences et les bureaux du président ou du premier ministre, les parlements, les bureaux des affaires étrangères, voire les installations militaires et policières. Ce sont des occasions potentielles d’espionner les gouvernements et de découvrir leur fonctionnement interne. Les bâtiments ne sont pas nécessairement très rentables en soi. Alors pourquoi le gouvernement chinois a-t-il dépensé autant d’argent pour les construire ?

 

Les bâtiments africains construits ou rénovés par des entreprises chinoises incluent les résidences et les bureaux du président ou du premier ministre, les parlements, les bureaux des affaires étrangères et les installations militaires et policières. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les bâtiments africains construits ou rénovés par des entreprises chinoises incluent les résidences et les bureaux du président ou du premier ministre, les parlements, les bureaux des affaires étrangères et les installations militaires et policières. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Les informations obtenues par la surveillance peuvent inclure les préférences personnelles des dirigeants d’un pays, leur situation financière, leurs tendances politiques et d'autres données personnelles essentielles.

En outre, les entreprises de construction chargées des projets sont pour la plupart des entreprises d’État, ce qui signifie que le gouvernement chinois a un droit de regard direct sur la manière dont elles mènent leurs activités. Elles doivent rendre compte au parti communiste chinois.

Un précédent

Selon Meservey l’auteur du rapport, la nécessité de ce rapport est née du scandale de 2018 qui a vu la Chine installer des dispositifs d’écoute au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie. Le journal français Le Monde a mis cette accusation au jour, sur la base d'enquêtes qui ont révélé que des serveurs basés au siège de l'Union africaine envoyaient régulièrement des données à Shanghai de minuit à 2 heures du matin.

Bien entendu, les serveurs ont été mis en place par des ingénieurs chinois qui ont laissé des « portes dérobées » ouvertes pour la collecte d’informations.

Pourquoi le monde doit faire attention ?

Le Parti communiste chinois pèse lourd en Afrique. Mais, pourquoi l’Afrique ? L’Afrique compte de nombreux pays et est bien représentée aux Nations unies. Influencer les dirigeants africains à se soumettre à la volonté de Pékin peut avoir une incidence sur les décisions démocratiques basées sur le vote aux Nations unies.

 

L'Afrique compte de nombreux pays et est bien représentée aux Nations unies. Influencer les dirigeants africains à se soumettre à la volonté de Pékin peut donc avoir une incidence sur les décisions démocratiques basées sur le vote aux Nations unies. (Image : Capture d’écran / YouTube)
L’Afrique compte de nombreux pays et est bien représentée aux Nations unies. Influencer les dirigeants africains à se soumettre à la volonté de Pékin peut donc avoir une incidence sur les décisions démocratiques basées sur le vote aux Nations unies. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

En 1971, les nations africaines ont été à l’origine de la plupart des votes qui ont chassé Taïwan de l’ONU et ont fait de Pékin le représentant unique et officiel de la Chine. Après le massacre de Tiananmen, ce sont les nations africaines qui ont aidé Pékin à surmonter les critiques de l’Occident. Aujourd'hui, l’ONU ne se soucie guère du sort des Ouïghours ou du prélèvement d’organes des pratiquants de Falun Gong. Pourquoi ?

Les capacités d’espionnage de Pékin sont inégalées. Si des informations sensibles sont recueillies sur un dirigeant africain jugé critique, il ou elle peut faire l’objet d’un chantage et être placé sous le contrôle du PCC. En outre, les pays développés qui ont à faire avec l’Afrique pour le commerce et la coopération internationale courent des risques importants.

Les secrets d’affaires, les stratégies, les offres et les processus sont tous laissés à la merci des équipements d’espionnage trouvés dans les résidences, les bureaux et les réseaux de télécommunications. Cela crée des obstacles incroyables à la coopération avec les entreprises et les gouvernements occidentaux qui accordent de l'importance à l’intégrité des communications sécurisées.

Pour une lecture plus détaillée du rapport de la Heritage Foundation, cliquez ici.

Traduit par Fetty Adler

Version en anglais : China Spying on African Leaders

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