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Chine. Des femmes pakistanaises vendues à des hommes chinois

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La Chine et le Pakistan effectuent des échanges par la route du Karakoram. (Image : 123RF )
 

Au cours de la phase initiale du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), les citoyens pakistanais étaient remplis de joie et d’espoir. Ils pensaient que leur pays disposerait enfin d’une sorte de stimulant économique qui apporterait la prospérité. Quelques années plus tard, cet optimisme est toujours vivant, bien que sous une forme diminuée. Mais en plus d’être moins exigeants, les Pakistanais se méfient aussi d’une menace majeure pour leur société : le trafic des femmes autochtones vers la Chine. 

Faux mariages 

L’énorme demande de la Chine à l’égard des femmes pakistanaises provient d’un problème social que Pékin avait engendré – une pénurie de femmes. La « politique de l’enfant unique » adoptée il y a quelques décennies a abouti à une société où les parents préféraient souvent les garçons aux filles. En conséquence, il y a environ 30 à 40 millions de femmes « disparues » en Chine. En raison de la pénurie aiguë, beaucoup d’hommes sont incapables de trouver une femme et d’avoir une vie de famille. C’est ce qui explique la demande d’épouses étrangères, surtout en provenance des pays de l’Asie du Sud-Est et maintenant du Pakistan.

S’il y a de véritables Chinois qui veulent épouser des femmes pakistanaises et mener une vie respectable, il y a aussi des réseaux suspects impliqués dans la traite des êtres humains. Ces groupes entrent généralement en contact avec des proches parents de femmes vulnérables et leur offrent de l’argent en échange du mariage de la jeune fille avec un citoyens chinois. Une fois arrivée en Chine, la mariée se retrouve coupée de toute communication avec son pays d’origine. Au début, les femmes chrétiennes pauvres étaient la cible des courtiers.

 

L'énorme demande de la Chine pour les femmes pakistanaises provient d'un problème social – une pénurie de femmes engendré par Pékin. (Image: 123RF)
L’énorme demande de la Chine pour les femmes pakistanaises provient d’un problème social – une pénurie de femmes engendré par Pékin. (Image : 123RF)
 

« Le rêve de vivre heureux pour toujours en Chine a ruiné la vie d’au moins 50 jeunes femmes chrétiennes. Ces touristes chinois recherchent des familles pauvres par l’intermédiaire de soi-disant pasteurs dvéglises non enregistrées. La commission pour la célébrations des mariages chrétiens varie de 50.000 à 100.000 roupies. C’est de la traite des êtres humains », a déclaré Saleem Iqbal, un militant chrétien des droits humains basé à Lahore, à UCA News.

Des campagnes de sensibilisation sociale sont menées, avertissant les gens des dangers du mariage de leur petite fille avec un Chinois par l’intermédiaire de courtiers qui offrent de l’argent. Un législateur a même accusé des ressortissants chinois de prélever des organes de femmes pakistanaises à leur arrivée en Chine. Toutefois, une telle affirmation n’a pas de preuve. Philip Dubow, un chercheur basé à Lisbonne qui se concentre sur les crimes associés à la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention), estime également que de telles allégations ont tendance à être fausses.

« Bien que l’exposé pakistanais mette en lumière ce problème longtemps ignoré (des mariages), les accusations de prostitution forcée et de prélèvement d’organes, bien que possibles, semblent plutôt exceptionnelles... Pour le moment, nous pouvons être raisonnablement sûrs que les mariages en question étaient rauduleux, en raison de leur incompatibilité avec les lois locales », a-t-il déclaré à Nikkei Asian Review.

 

Répression du trafic des êtres humains 

Avec l’augmentation de la couverture médiatique du trafic de jeunes femmes, la Chine a décidé de s’attaquer à ce problème avant qu’il ne devienne un problème majeur de relations publiques. Les autorités ont identifié des courtiers en mariages populaires dans diverses provinces et les ont arrêtés. Dans le comté de Caoxian, deux organisations de « jumelage » qui ont permis à des hommes chinois de rencontrer des femmes pakistanaises pour 100 000 Yuans (13 000 €) ont été perquisitionnées en février.

 

La route du Karakoram. (Image: Wikipedia )
La Chine et le Pakistan effectuent des échanges par la route du
Karakoram. (Image : Wikipedia)
 

« Nous rappelons aux citoyens chinois et pakistanais de rester vigilants et de ne pas être trompés... Nous espérons que le public ne croit pas aux informations trompeuses et travaille ensemble pour préserver l’amitié sino-pakistanaise... La Chine coopère avec les forces de l’ordre pakistanaises pour réprimer les centres de rencontres illégales », a déclaré l’ambassade de Chine dans un communiqué (VOA News). 

En 2015, la Chine comptait 113,5 hommes pour 100 femmes. D’ici 2020, ce chiffre devrait tomber en dessous de 112, puis en dessous de 107 d’ici 2030. Il y a quelques années, la Chine avait permis aux couples d’avoir deux enfants. C’est pourquoi de nombreux experts pensent que le rapport hommes-femmes biaisé de la Chine commencera à se normaliser après deux ou trois décennies. Dans l’intervalle, le gouvernement pakistanais doit mettre en œuvre des mesures strictes pour freiner la vente de leurs jeunes filles aux hommes chinois.

 

Traduit par Swanne Vi

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