La Fête des fantômes chinoise - Zhongyuan Jie - est une fête traditionnelle chinoise, célébrée le 15e jour du septième mois du calendrier lunaire. Elle est également connue sous le nom de « mi-juillet ». Cette fête, qui remonte à la dynastie des Han (漢朝, 206 av. J.-C. – 220 ap.J.-C.), était à l’origine une fête destinée à vénérer les dieux des champs et à célébrer une bonne récolte. Pendant la dynastie Song (宋朝, 960–1279), elle a été influencée par le festival taoïste de Zhong Yuan, qui vénère les âmes des défunts, par le festival bouddhiste d’Ullambana, qui sacrifie les fantômes affamés, et par le culte des ancêtres confucéens.
Vénérer le Dieu des champs
Sous la dynastie Han, les agriculteurs offraient ce jour-là des sacrifices au Dieu des champs. Les paysans faisaient des offrandes au Dieu au carrefour des champs, incluant de la pâte à farine, des poulets, du millet, des melons, des légumes, etc, pour augurer une bonne récolte.
Origine Taoïste : Jour de l’absolution des péchés pour les morts
Dans le taoïsme, le 15e jour du septième mois du calendrier lunaire célèbre l’anniversaire du Dieu de la Terre, responsable du Palais souterrain et dont le principal devoir est de pardonner aux esprits des morts. En ce jour de l’année, il était sensé ouvrir le Palais souterrain pour que les esprits puissent retourner chez eux auprès de leurs enfants et petits-enfants. Il libérait également les esprits des âmes solitaires afin qu’ils puissent profiter des offrandes sur terre. Ce jour-là, les Chinois rendent également un hommage solennel à leurs ancêtres selon des rituels traditionnels et allument des lanternes en forme de lotus sur la rivière pour aider les âmes des ancêtres à retrouver leur chemin. À cette époque, le 15e jour du septième mois, qui était à l’origine un jour de gratitude envers la terre, a donné lieu à une fête taoïste pour les ancêtres et les esprits des morts.
Origine bouddhiste : fête Ullambana pour sauver les pretas de l’enfer
Par ailleurs, dans le bouddhisme, le 15e jour du 7e mois est le jour de réjouissance du Bouddha, également appelé la fête Ullambana. Le terme « Ullambana » vient du sanskrit. Cette fête est pour effacer les péchés des âmes défuntes, augmenter les bénédictions des morts et leur souhaiter un repos en paix.
Selon une histoire bouddhiste relatée dans le Sutra Ullambana, traduite par le vénérable maître Zhu Fafu de la dynastie occidentale des Jin (西晋, 265–316), la fête d’Ullambana est née d’une histoire d’un disciple du Bouddha Shâkyamuni, le vénérable Moggallana, qui a sauvé sa mère.
« 目连救母 », dans le bouddhisme chan. Moggallana interroge le Bouddha sur la façon de sauver sa mère de l’enfer (esprit famélique en bas à droite). Cette légende, relatée dans le Sutra Ullambana, est à l’origine de la fête Ullambana, O-Bon ou Zhongyuan Jie. (Image : wikimedia / Miuki / Domaine public)
Afin de sauver sa mère décédée, qui était tombée dans la voie de la cupidité à cause de ses calomnies sur les enseignements du Bouddha, le vénérable Moggallana a demandé au Bouddha Shâkyamuni des conseils sur la façon de la sauver.
Le vénérable Moggallana a obéi à l’enseignement du Bouddha et le 15e jour du 7e mois, il a proposé un régime végétarien aux moines des dix directions. Avec l’aimable autorisation du Bouddha et ses propres pensées bienveillantes, Moggallana a uni l’énergie bienveillante des moines dans les dix directions et a finalement réussi à sauver sa mère. Le Bouddha Shâkyamuni a ensuite profité de cette occasion pour prêcher la loi Ullambana.
Cette coutume a été transmise et est devenue le rituel de salut universel de Zhongyuan Jie, où chaque famille dresse une longue table devant sa maison sur laquelle elle dispose de somptueuses offrandes afin que les esprits puissent trouver un endroit pour se nourrir. Cette pratique a coïncidé et fusionné avec le festival taoïste Zhongyuan Jie pour devenir l’actuel festival de Zhongyuan Jie.
Coutumes et activités de la fête de Zhongyuan Jie de nos jours
Aujourd’hui, en Chine continentale, seul le rituel ancestral consistant à faire des offrandes et à brûler du papier-monnaie a été conservé. En revanche, à Taïwan qui n’a pas été gouverné par le régime communiste, les rituels de célébrations traditionnelles originales du festival ont pu être sauvegardés. Les populations locales attachent une grande importance à divers rituels et célébrations traditionnels, en particulier le salut universel aux esprits solitaires.
Les cérémonies de salut universel privées se font à plus petite échelle et sont limitées à la famille ou à quelques personnes. Elles se déroulent généralement en plein air pour chaque foyer, avec trois à cinq sacrifices, cinq plats et différentes autres denrées alimentaires, déposés devant la maison ou dans la cour. Après avoir brûlé de l’encens et récité des prières, on brûle des billets funéraires pour transcender les esprits solitaires.
Avant la cérémonie, des lanternes, communément appelées lanternes d’eau, sont allumées sur l’eau pour accueillir les esprits des morts et les inviter à profiter des offrandes. Les lanternes, en forme de palais, sont généralement faites de papier, et décorées de drapeaux triangulaires en papier coloré, avec des bougies allumées au milieu.
La cérémonie se termine par la danse de « Zhong Kui », une divinité taoïste, dont le rôle est joué par un prêtre taoïste ou un comédien, affichant le visage majestueux et sévère de Zhong Kui, afin de faire revenir les âmes du monde Yang dans le monde Yin. Cette cérémonie étant dédiée aux esprits des défunts et non aux vivants, les gens ne doivent pas assister à cette danse afin de ne pas être frappés par les mauvais esprits.
Accueil de Maitreya à Ryūkyū
Boîte ronde en laque rouge à décor sculptée à l’effigie de Maitréya, Dynastie Ming, XVIe-XVIIe siècle. (Image : Musée Nationale du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)
Dans les autres pays asiatiques, on célèbre également la fête de Zhongyuan Jie, mais cette fête est plutôt en hommage aux divinités. Le peuple de Ryūkyū intègre la foi en Maitreya dans sa croyance Shinto du sanctuaire Ryugu et prie pour une bonne récolte lors de la cérémonie d’accueil du Festival traditionnel de Maitreya. Lors de ce rituel, les gens portent des masques à l’image de Maitreya, représentant un moine souriant portant un sac en tissu sur le dos, et chantent des chansons folkloriques en attendant l’arrivée de la paix et de la prospérité de Maitreya. La fête de Maitreya, qui était généralement célébrée le 16ème jour du 7ème mois lunaire, est désormais célébrée le dimanche le plus proche du 16ème jour du 7ème mois lunaire.
Traduit par Yi Ming
Sources : https://www.secretchina.com/news/gb/2017/09/05/834318.html
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