Voici le premier d’une série de deux articles sur le discours du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, à la bibliothèque présidentielle Richard Nixon en Californie le 23 juillet. La deuxième partie peut être consultée ici.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exhorté le « monde libre » et le Peuple chinois à se joindre à l’Amérique pour faire face à la menace posée par le Parti communiste chinois.
Le 23 juillet, Mike Pompeo s’est exprimé à la bibliothèque présidentielle Richard Nixon en Californie. Il a expliqué que son allocution était la quatrième d’une série de discours sur la Chine qu’il avait demandé au conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien, au directeur du FBI Chris Wray et au procureur général des États-Unis Barr, de prononcer à ses côtés.
Il a ajouté que son objectif était de résumer ce que la menace chinoise signifie pour l’économie américaine, pour la liberté de l’Amérique et, en fait, pour l’avenir des démocraties libres dans le monde entier.
L’échec d’un engagement aveugle
« L’année prochaine, cela fera un demi-siècle que le Dr Kissinger a effectué sa mission secrète en Chine, et le 50e anniversaire du voyage du président Nixon qui aura lieu en 2022 approche à grands pas. », a déclaré M. Pompeo. « Le monde était alors bien différent ».
M. Pompeo a déclaré que les Américains pensaient à l’époque que « le dialogue avec la Chine conduirait à un avenir de brillantes promesses de courtoisie et de coopération ».
« Mais aujourd’hui, nous portons tous encore des masques et sommes témoins de l’augmentation du nombre de victimes de la pandémie parce que le Parti Communiste chinois (PCC) n’a pas tenu ses promesses envers le monde. Nous lisons chaque matin de nouveaux titres sur la répression à Hong Kong et dans le Xinjiang », a-t-il indiqué.
M. Pompeo a également expliqué que la Chine n’avait pas évolué comme elle l’avait espéré et que « l’ancien paradigme de l’engagement aveugle avec la Chine » avait tout simplement échoué.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo prononce son discours sur « la Chine communiste et l’avenir du monde libre » le 23 juillet 2020. (Image : Ron Przysucha / U.S. State Department / Domaine public)
Le secrétaire d’État a parlé de l’héritage du président Nixon avec l’ouverture de la Chine tout en précisant que le 37e président des États-Unis avait fait ce qu’il estimait être le mieux pour le peuple américain à l’époque.
Nixon a établi des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine par le biais d’une série de contacts qui ont impliqué une visite dans la capitale chinoise, Pékin, en 1972.
« Il a brillamment étudié la Chine, c’était un guerrier féroce et froid et un grand admirateur du peuple chinois, comme je pense que nous le sommes tous », a déclaré M. Pompeo.
« Il a l’immense mérite d’avoir réalisé que la Chine était trop importante pour être ignorée, alors même que le pays était affaibli par la brutalité communiste qu’il s’infligeait à lui-même », a-t-il déclaré.
M. Pompeo a souligné que Nixon - qui fut président de 1969 à 1974 - a cherché à « induire le changement » en Chine.
« Il cherchait noblement un monde plus libre et plus sûr, et il espérait que le Parti communiste chinois prendrait le même engagement », a-t-il dit à propos de Nixon, qui est mort en 1994.
Le président américain Richard Nixon et le premier ministre chinois Zhou Enlai portent un toast lors de la visite de Nixon en Chine en 1972. (Image : Richard Nixon Presidential Library and Museum)
M. Pompeo a poursuivi en expliquant comment les politiques ultérieures des États-Unis et celles d’autres nations libres ont ressuscité l’économie défaillante de la Chine, pour ensuite voir Pékin mordre les mains qui la nourrissait.
« Nous avons ouvert nos bras aux citoyens chinois, pour voir ensuite le Parti communiste chinois exploiter notre société libre et ouverte. La Chine a envoyé des propagandistes à nos conférences de presse, dans nos centres de recherche, nos lycées, nos collèges, et même dans nos réunions PTA (parent–teacher association) (association parents/professeurs) », a-t-il expliqué.
« Nous avons marginalisé nos amis de Taïwan, qui s’est ensuite transformée en une démocratie vigoureuse », a-t-il dit.
« Nous avons accordé au Parti communiste chinois et au régime lui-même un traitement économique spécial, pour voir ensuite le PCC insister pour qu’on passe sous silence ses violations des droits de l’homme en échange de la présence d’entreprises occidentales en Chine », a-t-il ajouté.
M. Pompeo a expliqué que le conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien avait déjà cité l’ exemple de Marriott, American Airlines, Delta et United, qui ont tous supprimé les références à Taïwan de leurs sites web, afin de ne pas s’attirer les foudres de Pékin.
Le président Donald Trump et le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Robert C. O’Brien, le 18 septembre 2019, lors de leur départ à bord d’Air Force One à l’aéroport international de Los Angeles. (Image : Official White House Photo / Shealah Craighead)
Fidélité des entreprises
M. Pompeo a ajouté que : « Hollywood ... l’épicentre de la liberté créative américaine, et l’arbitre autoproclamé de la justice sociale, s’autocensure même pour éliminer toute référence la plus légèrement défavorable à la Chine ».
« Cette complaisance des entreprises vis à vis du PCC s’observe également dans le monde entier », a-t-il souligné.
Il a fourni des exemples sur la manière dont cette « fidélité des entreprises » a fonctionné.
« La Chine a volé notre précieuse propriété intellectuelle et nos secrets commerciaux, causant la perte de millions d’emplois dans toute l’Amérique », a-t-il déclaré. « Elle a aspiré les chaînes d’approvisionnement de l’Amérique, et y a ensuite ajouté une touche de travail forcé. Cela a rendu les principales voies navigables du monde moins sûres pour le commerce international ».
Mike Pompeo a ensuite prononcé une phrase que de nombreux médias ont reprise depuis.
« Le président Nixon a dit un jour qu’il craignait d’avoir créé un Frankenstein en ouvrant le monde au PCC, et nous y voilà ».
« Maintenant, les gens de bonne foi peuvent débattre des raisons pour lesquelles les nations libres ont laissé ces mauvaises choses se produire pendant toutes ces années. Peut-être avons-nous été naïfs à propos de la virulente souche du communisme en Chine, ou triomphalistes après notre victoire dans la guerre froide, ou encore lâchement capitalistes, ou dupés par les discours de Pékin sur une " ascension pacifique " », a-t-il dit.
« Aujourd’hui, la Chine est de plus en plus autoritaire chez elle et plus agressive dans son hostilité à la liberté partout ailleurs. Et le président Trump a dit : Assez ».
M. Pompeo a déclaré qu’il ne pensait pas que les gens, quel que soit leur parti, contesteraient ses propos.
« Mais même maintenant, certains insistent pour que nous préservions le modèle de dialogue pour l’amour du dialogue », a-t-il déclaré.
« Maintenant, pour être clair, nous allons continuer à dialoguer. Mais les conversations sont différentes de nos jours. Je me suis rendu à Honolulu il y a quelques semaines pour rencontrer Yang Jiechi », a déclaré M. Pompeo, en référence au membre du Politburo du PCC considéré comme le meilleur diplomate chinois.
Des promesses vides de sens
Mike Pompeo a rencontré Yang Jiechi à Hawaii le mois dernier pour échanger des vues sur les relations entre les États-Unis et la Chine.
« C’était la même vieille histoire - beaucoup de mots, mais littéralement aucune offre pour changer les comportements », a-t-il fait remarquer à propos de la réunion de 7 heures, qui comprenait des discussions sur la nécessité d’une transparence totale et d’un partage des informations pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
« Les promesses de Yang Jiechi, comme tant d’autres que le PCC a faites avant lui, étaient vides de sens. Je suppose qu’il s’attendait à ce que je cède à leurs exigences car, franchement, c’est ce qu’ont fait trop de gouvernements précédents. Je ne l’ai pas fait, et le président Trump ne le fera pas non plus », a t’il ajouté.
Yang Jiechi, du ministère des affaires étrangères de la RPC, responsable
des affaires de l’Amérique du Nord, de l’Océanie et de l’Amérique latine.
(Image : Balk / MSC / securityconference.org / CC BY 3.0)
Il a ensuite souligné pourquoi les Américains ne peuvent plus ignorer l’idéologie qui anime Pékin.
« Comme l’a si bien expliqué l’ambassadeur O’Brien, nous devons garder à l’esprit que le régime du PCC est un régime marxiste-léniniste. Le secrétaire général Xi Jinping croit fermement en une idéologie totalitaire en faillite », a-t-il déclaré.
« C’est cette idéologie, c’est cette idéologie qui alimente depuis des décennies, son désir d’une hégémonie mondiale du communisme chinois. L’Amérique ne peut plus ignorer les différences politiques et idéologiques fondamentales entre nos pays, tout comme le PCC ne les a jamais ignorées », a-t-il ajouté.
Méfiance et vérification
M. Pompeo a ensuite expliqué comment son expérience au sein de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, en tant que directeur de la CIA, et dans son poste actuel depuis maintenant plus de deux ans, l’a amené à comprendre que l’Amérique doit agir en fonction de comment le PCC se comporte , et non sur la base de ce qu’il dit.
« La seule façon de changer réellement la Chine communiste est d’agir non pas en fonction de ce que disent les dirigeants chinois, mais de leur comportement. Vous pouvez voir la politique américaine en réponse à ce constat. Le président Reagan a déclaré qu’il traitait avec l’Union soviétique sur la base du principe " faire confiance mais à condition de vérifier ". En ce qui concerne le PCC, je dis que nous devons nous méfier et vérifier », a-t-il dit.
M. Pompeo a poursuivi en expliquant ce que les pays épris de liberté doivent faire à propos de la Chine. « Nous devons amener la Chine à changer de manière plus créative et plus affirmée car les actions de Pékin menacent notre peuple et notre prospérité ».
« Nous devons commencer par changer la façon dont notre peuple et nos partenaires perçoivent le Parti communiste chinois. Nous devons dire la vérité. Nous ne pouvons pas traiter cette incarnation de la Chine comme un pays normal, comme n’importe quel autre pays », a-t-il ajouté.
« Nous savons que commercer avec la Chine n’est pas comme commercer avec une nation normale et respectueuse des lois », a-t-il déclaré.
« Nous savons aussi que faire des affaires avec une entreprise soutenue par le PCC n’est pas la même chose que faire des affaires avec, disons, une entreprise canadienne. Ces entreprises ne rendent pas de comptes à des conseils d’administration indépendants, et beaucoup d’entre elles sont parrainées par l’État et n’ont donc pas besoin de chercher à faire des bénéfices ».
Les Etats-Unis assurent que le géant des équipements de télécommunications Huawei Technologies est soutenu par l’armée populaire de libération de Chine. (Image : Kārlis Dambrāns / flickr.com / CC BY 2.0)
M. Pompeo a pris comme exemple le géant technologique chinois Huawei.
« Nous avons cessé de prétendre que Huawei est une société de télécommunications innocente qui entend seulement s’assurer que vous puissiez parler à vos amis. Nous l’avons dénoncée pour ce qu’elle est vraiment - une véritable menace pour la sécurité nationale - et nous avons pris des mesures en conséquence », a-t-il déclaré à propos de Huawei, qui a récemment été désignée par l’administration Trump comme l’une des 20 sociétés détenues ou contrôlées par des militaires chinois opérant en Amérique.
« Nous savons aussi que si nos entreprises investissent en Chine, elles peuvent, consciemment ou non, soutenir les violations flagrantes des droits de l’homme commises par le Parti communiste », a-t-il ajouté. « Nos départements du Trésor et du Commerce ont ainsi sanctionné et mis sur liste noire les dirigeants et les entités chinoises qui portent atteinte aux droits les plus fondamentaux des personnes du monde entier et les violent. Plusieurs agences ont travaillé conjointement à la préparation d’un avis aux entreprises pour s’assurer que nos PDG soient informés du comportement de leurs chaînes d’approvisionnement à l’intérieur de la Chine ».
Le secrétaire d’État Mike Pompeo prononce son discours sur la politique chinoise à la bibliothèque présidentielle Richard Nixon à Yorba Linda, en Californie :
Traduit par Fetty Adler
Version en anglais : Pompeo: It’s Time to Act Against the Chinese Communist Party (Part 1)
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