Le papier est omniprésent dans la vie d’aujourd’hui : livres, journaux, dépliants, affiches, etc. En fait, dans la Chine ancienne, il y a plus de 3 000 ans, le « papier » existait, mais sous diverses formes.
Ecriture ossécaille
Pendant la dynastie Shang (商) aussi appelée dynastie Yin (殷) (1570 - 1046 av. J. - C.), et la dynastie Zhou (周) (1046 – 256 av. J.-C.), les idéogrammes étaient bien développés, mais il manquait un support pour les enregistrer. Les Chinois des temps anciens ont alors utilisé les carapaces de tortue et des omoplates d’animaux tels que les bovins et les moutons pour y graver les textes.
Ces fragments d’os ont une histoire d’environ 3 500 ans et leurs gravures sont principalement constituées d’interprétations liées à la divination : c’est pourquoi ils sont également connus sous le nom d’Inscriptions divinatoires ou Inscriptions d’oracle. Les os d’Oracle étaient peu nombreux et difficiles à graver. Mais comme les Anciens révéraient les cieux et suivaient la volonté du ciel, ils préservaient tous ces précieux matériaux pour enregistrer les résultats de la divination. En plus des os, il y avait quelques inscriptions sur les bronzes.
Carapace de tortue datant de la dynastie Shang (-XVIe siècle – -XIe siècle) comportant de l’écriture ossécaille, provenant d’Anyang, Musée de l’imprimerie de Chine. (Image : Wikimedia / Popolon / CC BY-SA)
Les livres en bambou sec et soie
Après Période des Printemps et des Automnes (春秋) (771 – 453 av. J. - C.) et la Période des Royaumes combattants (戰國) (475 – 221 av. J. -C.), les Chinois ont commencé à utiliser de nouveaux matériaux pour écrire, comme le bambou sec et le tissu de soie fine. La largeur des morceaux de bambou était très variée. Par contre la longueur était stricte lorsquel’on rédigeait un texte de loi ou des livres canoniques : tous les morceaux devaient être de deux pieds quatre pouce de long, soit 80 cm.
La soie était également utilisée comme matériau pour l’écriture. Le tissu de soie fine était tissé et souvent le texte entier d’un livre était écrit sur un rouleau de tissu en soie fine. Le bambou et la soie fine comme support pour l’écriture présentaient des avantages évidents par rapport à l’os d’oracle et au bronze. Le bambou et le bois étaient largement utilisés pour la fabrication de documents. On pouvait écrire sur le bambou et le bois avec des pinceaux et de l’encre, et s’il y avait des erreurs, on pouvait les racler avec un couteau et corriger les erreurs. La soie est douce, lisse, légère et fine : elle se prête facilement à l’écriture et est facile à enrouler.
Dans les tombes n° 1 et 3 de Mawangdui (馬王堆) à Changsha, datant de la dynastie Han occidentaux (西漢 (206 av. J.-C. - 9 apr. J.-C.), plus de 900 dessins sur bambou et un livre en soie contenant plus de 120 000 idéogrammes et cinq belles peintures sur soie ont été mis au jour. Cela montre que, jusqu’à la dynastie des Han Occidentaux, les bambous et la soie étaient largement utilisés comme matériel pour l’écriture.
Édition moderne sur bambous de L’Art de la guerre.
(Image : wikimedia / Shanghai Museum / Domaine Public)
Les bambous et la soie avaient leurs avantages, mais aussi leurs inconvénients. Le bambou ne pouvait pas être conservé sur le long terme, il se fendait facilement. Une fois fissurés, les morceaux de bambou s’éparpillaient et il était difficile de les restaurer dans leur ordre d’origine. De plus, les documents étaient lourds et il n’était pas aisé de les feuilleter et de les transporter.
Fabrication du papier par Cai Lun
Quand le premier papier chinois est-il apparu ? Il existe différentes versions. Les historiens pensent que les papiers ont été fabriqués par Cai Lun (蔡倫), un eunuque haut fonctionnaire à la cour impériale sous la dynastie des Han Orientaux (25 - 220 apr. J.-C.).
La Biographie de Cai Lun dans Le Livre des Han postérieurs ( 後漢書, Hou Hanshu) nous relate la mise en place de ce papier chinois. « Depuis l’antiquité, les livres et les documents étaient rédigés pour la plupart sur des tablettes de bambou, puis sur du tissu de soie qu’on appelait zhi (紙). Le tissu était coûteux et les tablettes étaient lourdes, et aucun de ces supports ne convenait véritablement. C’est alors que Cai Lun eut l’idée de se servir d’écorce d’arbre, de fragments de chanvre, de toile usée et de filets de pêche pour fabriquer du papier.
Cai Lun a utilisé des écorces, du chanvre, des chiffons, des déchets de filets de pêche, etc. Il a choisi ces matériaux peu coûteux comme matières premières pour la fabrication du papier, et après une série de processus, il est arrivé à les transformer en un papier fin, peu coûteux et durable. En 105 ap. J.-C., Cai Lun présenta ses méthodes de fabrication du papier à l’empereur, qui les a appréciées et les a popularisées. En 116 ap. J.-C., Cai Lun est nommé marquis, et plus tard, on appellera le papier qu’il a inventé « papier du marquis Cai ».
Après la promotion de la fabrication du papier en Chine au IIème siècle ap. J.-C., le papier a grandement remplacé le tissu de soie . La technologie de fabrication du papier s’est également développée rapidement. Outre le chanvre et le kozoa d’autrefois, l’écorce de mûrier, l’écorce de rotin et la paille de riz ont également été utilisés comme matières premières, et plus tard, on a commencé à utiliser le bambou pour faire du papier. En termes d’équipement, il existait un moule à papier amovible sous forme de rideau en bambou à étaler dans le fond d’un cadre rectangulaire, également en bambou. Il permettait de récupérer de la pâte à papier de manière répétée et de transformer la pâte dans le cadre en feuille de papier, facilitant ainsi le démoulage. L’invention de ce moule a amélioré considérablement l’efficacité des ouvriers.
Dans la technologie de transformation, le renforcement du procédé alcalin au sulfate et du procédé de piler dans un mortier a amélioré la qualité du papier et donné naissance au papier de couleur, au papier couché, au papier de remplissage, etc. La dynastie Jin de l’Est ou Jin Orientaux (東晉, 317–420), utilisait des pailles de riz et de blé pour fabriquer du papier, appelé « papier fait main ». Ils utilisaient également du papier à base d’écorce de rotin, appelé « papier de rotin » ou « papier de corne de rotin ». Dans le Nord de la Chine, on plantait des arbres Zhishu pour la fabrication d’un papier d’écorce appelé « papier gepi ».
Dans les dynasties Tang (唐) de 618 à 907, et Song (宋) de 960 à 1279, la fabrication du papier de bambou a progressé rapidement. Pendant la dynastie Song du Sud (南宋), de 1127 à 1279, ce genre de papier est devenu le plus populaire en Chine. La fabrication du papier étaient répandue dans tout le pays, et les matières premières variaient d’un endroit à l’autre. Comme papier précieux, à cette période, il y a le papier jaune épais de la dynastie Tang, le papier de riz de la marque « Chengxintang » sous la période des Cinq Dynasties, le papier ciré jaune ou blanc de la dynastie Song et le papier d’écriture du Temple Jinsu réservé à la Grande collection de sutras, etc. Il y a aussi le papier calandré et divers papiers pour des créations artistiques. Le papier est également disponible en différentes couleurs. Sous les dynasties Wei (220 – 265) et Jin (265 –420), il y avait déjà des gens qui teignaient le papier en jaune avec la sève jaune des feuilles. Sous les dynasties Song du Nord (960 – 1127) et du Sud (1127 – 1279), il y avait différentes couleurs de papier comme le vert et le rouge, qui étaient très belles.
La technique de fabrication du papier inventée en Chine a été transmise en Corée dans les dynasties Wei et Jin, puis de la Corée au Japon en 610 ap. J.-C. Au milieu du VIIIe siècle ap. J.-C., elle a été introduite dans les pays Arabes et plus tard en Espagne. Après le XVIIIe siècle, la technique de fabrication du papier s’est répandue de l’Europe à l’Amérique du Nord, puis, dans le monde entier.
Traduit par Jade Lee
Source : https://www.secretchina.com/news/gb/2008/10/11/266614.html
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