Un scoop exclusif du site d’information Axios affirme que le gouvernement chinois a cherché à obtenir des fonds de la Banque mondiale pour mettre en place sa surveillance par reconnaissance faciale au Xinjiang. La banque n’a apparemment pas débloqué les fonds, s’abstenant ainsi d’être complice à son insu des violations des droits de l’homme en Chine.
Financement pour la surveillance au Xinjiang
Ces nouvelles révélations surviennent à la suite d’une étude de plus de 8 000 pages de documents d’achat officiels en langue chinoise de la Banque mondiale à partir de 2017. Les Chinois ont cherché à obtenir des milliers de dollars pour installer des caméras, des logiciels et d’autres technologies de surveillance dans les écoles du Xinjiang. La demande a été faite dans le cadre du « Projet d’enseignement et de formation techniques et professionnels du Xinjiang » lancé par la banque en 2015, qui fournit 50 millions de dollars sur cinq ans aux écoles professionnelles et à leurs partenaires dans la région.
« L’un des éléments demandés par une école financée par la Banque mondiale était un logiciel de gestion vidéo et de reconnaissance faciale capable de créer une " base de données de visages sur liste noire qui peut être paramétrée et armée " afin que " des alarmes de liste noire puissent être déclenchées lorsque des individus figurant sur la liste noire passent " et que les images qui en résultent soient envoyées directement à la police chinoise... L’un des systèmes de reconnaissance faciale demandés par une école financée par la Banque mondiale devait être capable de " distinguer les hommes et les femmes avec une fiabilité de 97 % ",... La demande de budget pour le système était d’environ 12 800 $ », selon Axios.
Il a été demandé à la Banque mondiale de fournir un système permettant de créer une base de données sur liste noire et de transmettre à la police chinoise des images des personnes inscrites sur cette liste noire. (Image : Capture d’écran / YouTube)
En août de cette année, la Chambre des représentants des États-Unis a fait part de ses préoccupations au sujet du projet. En conséquence, la Banque mondiale a mené une enquête et annoncé qu’elle réduirait le programme et nvoffrirait de financement qu’aux écoles professionnelles et non à leurs partenaires. Un porte-parole de la Banque mondiale a révélé que puisque les documents étaient en chinois, seuls ceux qui pouvaient lire la langue pouvaient en comprendre le contenu. C’est cette faille qui a incité la banque à continuer de financer les écoles chinoises alors même qu’elles avaient demandé du matériel de surveillance très perfectionné qui n'est pas nécessaire pour un établissement d’enseignement.
Les bénéficiaires potentiels du prêt voulaient que lvéquipement de surveillance soit compatible avec les fabricants chinois comme DaHua et HikVision. Ces deux entreprises ont été mises sur la liste noire des États-Unis en octobre de cette année en raison de leur implication dans des violations des droits humains. En conséquence, les entreprises américaines sont interdites de traiter avec elles à moins d’obtenir l’approbation nécessaire de l’administration fédérale.
Projet de loi Ouïghour
La Chambre des représentants des États-Unis a récemment adopté une loi visant à lutter contre la répression des Ouïghours musulmans en Chine. Ce projet de loi désigne Chen Quanguo, le secrétaire du parti communiste du Xinjiang, comme l’un des principaux responsables des mauvais traitements infligés aux Ouïghours dans la région. Ce projet « accuse la Chine d’exercer une discrimination systématique à l’égard des Ouïghours en les privant d’une série de droits civils et politiques, notamment des libertés d’expression, de religion, de circulation et d’avoir accès à un procès équitable », selon la BBC.
La Chambre des représentants des États-Unis a récemment adopté une loi visant à lutter contre la répression des Ouïghours musulmans en Chine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Parmi les politiques chinoises dénoncées par le projet de loi, figurent la collecte d’échantillons d’ADN d’enfants ouïghours, l’installation de systèmes de reconnaissance faciale et vocale au Xinjiang et l’utilisation de codes QR (signifie que le contenu du code peut être décodé rapidement après avoir été lu par un lecteur de code-barres, un téléphone mobile, un smartphone, ou encore une webcam. Son avantage est de pouvoir stocker plus d’informations quvun code à barres, et surtout des données directement reconnues par des applications, permettant ainsi de déclencher facilement des actions comme déclencher un appel vers un numéro de téléphone par exemple) pour repérer et surveiller les Ouïghours qui prient régulièrement. Le projet de loi doit maintenant être approuvé par le Sénat et le président Trump. Pékin a réagi vivement contre ce projet de loi, le qualifiant d’« ingérence flagrante » dans ses affaires intérieures. Le président Trump a récemment adopté un projet de loi soutenant les manifestants pro-démocratie à Hong Kong. On s’attend donc à ce qu’il adopte également le projet de loi Ouïghour, même si les États-Unis et la Chine sont engagés dans une guerre commerciale acharnée.
Traduit par Swanne Vi
Version en anglais : China Wants to Strengthen Xinjiang Surveillance Through World Bank Money
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