En Chine, les abeilles mellifères européennes ont été introduites au 19e siècle. Depuis lors, on estime que près de 80% de la population indigène d’abeilles mellifères du pays a disparu. Les abeilles mellifères européennes ont entraîné un changement majeur dans les techniques de culture en Chine, ainsi que dans le domaine de la flore du pays.
Déclin des abeilles en Chine
Les abeilles européennes ont commencé à être utilisées en Chine parce que les faux bourdons étaient presque deux fois plus gros que les indigènes, et que les femelles se consacraient davantage à leur travail et produisaient plus de miel. Les abeilles suivent une hiérarchie dans laquelle la reine dirige la ruche et pond les œufs, tandis que les ouvrières produisent du miel à partir du pollen.
Il est intéressant de noter que les abeilles occidentales étaient considérées comme plus loyales envers la reine. « Nous avons constaté que les abeilles ouvrières occidentales prennent les messages de leur reine beaucoup plus au sérieux... Elles sont aussi plus disposées à exécuter ses ordres et à subvenir à ses besoins », a déclaré le professeur Tan Ken, de l’Académie chinoise des sciences.
Les abeilles occidentales étaient considérées comme plus loyales envers la reine. (Image : pixabay / CC0 1.0)
La reine des abeilles européennes émet également une phéromone plus forte que celle des reines asiatiques. En conséquence, les abeilles asiatiques ont souvent quitté leur reine et ont essayé de s’accoupler avec la reine abeille européenne. Pendant ce temps, les abeilles ouvrières européennes sont entrées dans des colonies d’abeilles asiatiques désertées et ont empêché les abeilles ouvrières asiatiques de s’approcher de leur reine. Ces facteurs seraient à l’origine d’un déclin rapide de la population d’abeilles asiatiques.
Cette importante chute de la population d’abeilles indigènes est catastrophique pour la Chine. Les abeilles asiatiques ont évolué sur une période de 70 millions d’années pour polliniser les plantes locales. Par contre, les abeilles européennes, introduites il y a à peine quelques siècles, sont incapables de reconnaître et de polliniser bon nombre de plantes originaires de Chine. En conséquence, l’extinction massive des abeilles mellifères asiatiques signifie également la disparition de nombreuses espèces végétales, entraînant d’importants changements écologiques.
Dans certaines régions de Chine, l’utilisation à grande échelle de pesticides a également été à l’origine de la baisse de la population d’abeilles. On dit que les agriculteurs pollinisent les fleurs à la main afin de les fertiliser et de produire des fruits. Les coûts élevés liés à la pollinisation manuelle des fleurs, combinés à la baisse des rendements en fruits, laissent présager un avenir où la production alimentaire mondiale pourrait chuter considérablement et créer un chaos social.
Dans certaines régions de Chine, il s’avère que les agriculteurs pollinisent les fleurs à la main afin de les fertiliser et de produire des fruits. (Image : R6, State & Private Forestry, Forest Health Protection / flickr / CC0 1.0)
La Chine a connu une situation similaire entre 1959 et 1961, au cours de laquelle s’est produite la fameuse « Grande Famine chinoise ». Dans le cadre des changements radicaux apportés à la politique agricole du pays durant ces années, le président Mao avait décrété que les moineaux étaient un fléau nuisible. Il considérait qu’ils mangeaient les réserves de céréales, ce qui nuisait à la production agricole. L’abattage massif des moineaux a entraîné une augmentation soudaine du nombre d’insectes ravageurs de récoltes. C’est l’un des facteurs qui a contribué à la famine.
La Russie alarmée
La Russie est également confrontée à une situation difficile en ce qui concerne ses populations d’abeilles. Dans la région située entre Moscou et la Sibérie orientale, des millions d’abeilles sont mortes cet été. Dans 24 des 84 régions de Russie, une mortalité massive d’abeilles a été signalée.
Les autorités craignent désormais que ce déclin des abeilles n’affecte à terme l’agriculture et ne provoque une baisse de la production alimentaire dans un avenir immédiat. « Si nous perdons les abeilles, tout sera affecté... Nous devons les protéger comme si elles étaient sacrées », a déclaré Arnold Butov, le chef du syndicat des apiculteurs de Russie, au Moscow Times.
Au cours des seuls mois de juin et juillet, près de 300 000 colonies d’abeilles sont mortes. Par conséquent, la production de miel du pays pourrait diminuer de 20% cette année.
Traduit par Swanne
Version en anglais : Bees and Ecology: Why Asian Worker Bees Prefer European Queen Bees
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