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Opinion. Vers l’abandon du contrôle des naissances en Chine ?

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En 1979 le gouvernement chinois, malgré une chute de la natalité décidait d’imposer la politique de l’enfant unique. (Image : Daniel Ramirez / Pixabay)
 

En 1979 le gouvernement chinois, malgré une chute de la natalité décidait d’imposer « la politique de l’enfant unique ». A cette période l’État accordait la priorité au développement économique et à l’accroissement du niveau de vie.

Afin  de contrôler les naissances, le gouvernement chinois a privilégié des mesures drastiques.

Stérilisations forcées et avortements tardifs étaient imposés aux couples. Entre 1979 et 1992, le nombre d’avortements aurait atteint le chiffre de 13 millions par an.

Le planning familial infligeait de lourdes amendes aux « contrevenants » qui enfreignaient la loi, ceux qui avaient un deuxième enfant. Dans un témoignage rapporté par l’agence Reuters en 2013,  Liu Fei, ouvrière chinoise et mère de 2 enfants, a dû « verser au planning familial une amende de 330.000 yuans, soit près de 40.000 euros, pour cette raison ». Ce montant représentait à l’époque « quelque quatorze années de son salaire », selon Reuters.

En outre, en cas de naissance illégale, le hukou, sorte de passeport intérieur et de livret de famille n’était pas délivré. Ce document donnait accès à tous les services publics, les transports ou la scolarité. Selon les estimations, environ 13 millions d’enfants abandonnés par crainte des sanctions et exactions appelés « enfants cachés » auraient mené une vie souterraine.

Conséquences de la politique de l’enfant unique

L’interdiction pour les couples d’avoir plus d’un enfant a eu des effets  démographiques considérables :

  • Déséquilibre filles-garçons

Selon la tradition chinoise, une  fille est « perdue » pour sa famille. Une fois mariée, elle devra entièrement se dévouer à sa belle –famille. Ce trait culturel expliquerait  la préférence pour les garçons.

La politique de l’enfant unique a contribué à accroître les infanticides, l’abandon des bébés de sexe féminin et les avortements sélectifs en faveur des bébés de sexe masculin.

Le déséquilibre entre le nombre de garçons et de filles s’est accru amplement.

Avec un rapport de 108 hommes pour 100 femmes, la Chine est le pays le plus masculin au monde, la moyenne mondiale étant de 102 hommes pour 100 femmes.

Ce déséquilibre aurait également généré des trafics humains. Des centaines de femmes en provenance du Vietnam ou de Birmanie,  attirées par des trafiquants leur promettant un emploi, sont vendues à des Chinois célibataires ou placées dans des maisons closes.

  • Baisse de la fécondité et vieillissement de la population

Amorcée dans les années 1970, la chute de la natalité s’est accentuée,  si bien qu’à partir de 1990 la courbe de la fécondité ne permet plus le renouvellement de la population.

En 2010, les experts estimaient que les personnes âgées de 60 ans représentaient 13% de la population globale. L’alourdissement des charges financières pour les plus jeunes générations s’ajoute à l’appauvrissement des aînés.

Compte tenu des prévisions, le vieillissement de la population risque de s’aggraver.

« La Chine pourrait perdre près de la moitié de ses habitants, en passant de 1,4 milliard aujourd’hui à 730 millions en 2100 », selon une étude parue le 15 juillet dernier dans la revue The Lancet. Cette baisse de la population induirait aussi un déclin du nombre de personnes en âge de travailler et pourrait impacter la croissance économique.

  • Enfant unique ou enfant roi

L’enfant unique a provoqué l’émergence de l’enfant roi ou du « petit empereur ». Avec l’enfant unique, en majorité des garçons, la famille chinoise s’est concentrée sur un seul enfant, devenu tyrannique et capricieux. Le schéma traditionnel de la famille confucéenne vouant du respect aux aînés se trouvait inversé.

 

En 2015, les couples chinois obtenaient l’autorisation d’avoir un deuxième enfant. (Image : Quang Nguyen vinh / Pixabay)
En 2015, les couples chinois obtenaient l’autorisation d’avoir un deuxième enfant. (Image : Quang Nguyen vinh / Pixabay)
 

La fin de l’enfant unique en 2015

Afin d’enrayer le vieillissement inquiétant de la population et corriger le déséquilibre hommes-femmes, le gouvernement chinois a décidé de mettre fin à la politique de l’enfant unique en 2015, en autorisant les couples à avoir un deuxième enfant.

Cependant, la courbe descendante de la natalité ne s’est guère modifiée.

En effet, l’augmentation constante du coût de la vie et des frais d’éducation en particulier, n’incitent pas les couples à agrandir leurs familles.

 

L’année 2020 marquera-t-elle le début d’une natalité entièrement libre en Chine ? (Image : Hai Nguyen / Pixabay)
L’année 2020 marquera-t-elle le début d’une natalité entièrement libre en Chine ? (Image : Hai Nguyen / Pixabay)
 

Vers l’abandon du contrôle des naissances ?

En 2017 avec un taux de 1,68 enfants par femme, le taux de fécondité atteint son indice le plus bas en Chine. Aux  Etats-Unis  ce taux correspond à 1,77 enfants par femme, en Europe à 1,59 et en France 1,9.

Dans un ouvrage intitulé « La Chine vers une catastrophe démographique » (Paris, Fayard, 2011), la sinologue démographe Isabelle Attané soulignait le défi démographique que devrait relever la Chine.

La journaliste Florelle Manda déclarait sur RFI, en 2019 : « 40 ans après la mise en place de la politique de l’enfant unique, la Chine pourrait bien supprimer tout contrôle des naissances. Un nouveau code civil devrait être adopté par l’Assemblée nationale en 2020 ».

L’année 2020 marquera-t-elle le début d’une natalité entièrement libre en Chine ?







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