Comment l’expression chinoise « cheval-tigre » a-t-elle pris le sens de négligence
L’expression chinoise « cheval-tigre » 馬虎 (mǎhū), qui peut être également doublée en chinois 馬馬虎虎 (mǎmǎhūhū), se réfère à un travail accompli avec négligence, de façon hâtive ou qui n’a pas été pris au sérieux. Ce proverbe prend sa source dans un évènement tragique de l’histoire chinoise.
À l’époque de la dynastie Song, vivait un artiste excentrique. Un jour, alors qu’il peignait un tigre et était sur le point de finir sa tête, un homme s’approcha de lui. Il lui proposa de l’argent pour avoir une peinture de cheval. Au lieu de prendre une nouvelle toile, l’artiste poursuivit sa peinture de tigre en lui ajoutant simplement un corps de cheval.
L’homme refusa d’acheter la peinture absurde. L’artiste accrocha alors la peinture de Cheval-Tigre au mur de son salon. Le fils du vieil artiste la vit et lui demanda : « Père, qu’avez-vous cherché à représenter dans ce tableau ? »
Le père se fâcha et répondit : « Mais pourquoi es-tu si bête ? Le tigre est un animal féroce qui peut dévorer les hommes. Si tu en vois un, cache-toi vite ou fais de ton mieux pour le tuer. »
Le garçon s’en alla, pensant que la peinture représentait vraiment un tigre. Un jour, alors qu’il se promenait dans la forêt, il aperçut un cheval. Il prit alors son arc et sa flèche et le tua. Il était très content : « Mon père va dire que je suis un héros qui a tué un tigre ! »
Soudain, le propriétaire du cheval apparut. Il attrapa le garçon et le traîna jusqu’à la maison de son père et demanda une compensation pour son cheval mort. L’artiste fut vraiment ennuyé que la peinture du Cheval-Tigre lui ait causé autant de problèmes. Alors qu’il était toujours en colère, son fils cadet vit la peinture et lui demanda ce que c’était : « Serais-tu encore plus bête que ton frère ? Je lui ai dit que c’était un tigre et il a abattu un cheval. C’est un cheval ! »
Il dit cela en pointant la peinture du doigt. Le garçon repartit pensant que la peinture représentait vraiment un cheval. Un jour, il s’aventura dans les montagnes et vit un tigre. Il le prit pour un cheval et s’approcha de lui. Mais avant qu’il ne puisse le monter, le tigre le tua et le dévora.
Lorsque l’artiste apprit les circonstances de la mort de son jeune garçon, il fut choqué et pleura tous les jours. Il blâma la peinture pour lui avoir coûté autant d’argent et la vie de son fils. Il brula la peinture et écrivit ceci : « A cause de la peinture du cheval-tigre, mon fils ainé a tué un cheval et mon fils cadet a été dévoré par un tigre. Voilà pourquoi j’ai brulé cette peinture. Je ne conseille à personne d’être négligent comme je l’ai été. »
Depuis lors, l’expression « cheval-tigre » est utilisée pour désigner un travail irréfléchi ou bâclé.
Traduit par Laïla Hachimi
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