En mars, la Food and Drug Administration (FDA) a levé l'interdiction d'importation du saumon génétiquement modifié (GM), le premier animal au monde génétiquement modifié produit au Canada, et autorisé pour la consommation humaine.
Le fait que les détaillants n'auront pas l’obligation d’étiqueter le poisson comme produit génétiquement modifié suscite aussi la controverse, a rapporté The Epoch Times. La première récolte de saumon, produite par l'entreprise canadienne AquaBounty, devrait arriver dans les magasins à la fin de l'année prochaine.
Ce nouveau poisson, appelé saumon AquAdvantage, a fait l’objet d’une vente pilote de 5 millions de tonnes métriques en 2017. En avril dernier, le gouvernement canadien a approuvé la construction d'une nouvelle usine, sur l'Île-du-Prince-Édouard; la production annuelle attendue est de 250 millions de tonnes métriques, soit environ 550 000 lb.
Un saumon AquAdvantage grossit deux fois plus vite qu'un saumon naturel, en raison de l’ajout de gènes de croissance de saumon quinnat et de tacaud marin. Il peut atteindre la taille adulte en seulement 16 mois, alors que 30 mois sont nécessaires pour le saumon de l’Atlantique non modifié.
Bien que le poisson ait déjà été approuvé par la FDA en 2015, son importation aux États-Unis a été bloquée la même année, par la sénatrice Lisa Murkowski (R-Alaska), en raison du fait qu'aucune réglementation fédérale sur l'étiquetage n'avait été mise en place.
En décembre dernier, Le Congrès a adopté un projet de loi exigeant un étiquetage pour l’AquAdvantage, et pour d'autres produits génétiquement modifiés; cependant, les opposants à la modification génétique notent que le règlement n'entrera en vigueur qu’à partir de 2020, et que ce règlement laisse une marge de manœuvre importante concernant les détails sur l'étiquetage.
« En plus d’avoir provoqué un tollé général, il n'y a littéralement aucun bénéfice pour un consommateur de choisir un tel produit », a déclaré Megan Westgate, du projet Non-OGM basé à Bellingham, dans l'État de Washington.
Une fois les règles d’affichage mises en place, a dit Megan Westgate, des entreprises comme AquaBounty peuvent utiliser des codes-barres qui doivent être scannés, au lieu d'étiquettes claires.
Selon Megan Westgate, environ 2 millions d'Américains ont laissé des commentaires sur le site Web de la FDA pour protester contre le saumon GM.
« Il s'agit du premier animal au monde génétiquement modifié, autorisé pour la consommation humaine - c'est une affaire très sérieuse », a-t-elle déclaré. « Si la seule façon de vendre ce produit au public consiste à cacher le fait qu'il a été génétiquement modifié, alors je pense que cela démontre le fait que, si la vérité était révélée, une partie importante de la population refuserait de le consommer. »
Le saumon génétiquement modifié est-il sans danger ?
Selon The Epoch Times, Sylvia Wulf, PDG d'AquaBounty, a contesté les revendications de Westgate. Elle a déclaré que la loi sur la divulgation exige l'apposition d'un symbole sur l'emballage de tout aliment contenant des ingrédients génétiquement modifiés, et a ajouté que le saumon AquAdvantage a fait l'objet d'essais durant 20 ans pour assurer sa sécurité alimentaire, ainsi que pour éviter les préoccupations environnementales.
L'entreprise a également donné l'assurance que les femelles de la race ont été modifiées en vue de les rendre stériles, et que des mesures sont en place pour empêcher les poissons de s'échapper de ses fermes et d’éventuellement perturber la composition génétique des populations sauvages.
En dépit des efforts des militants canadiens et de la demande populaire, aucun étiquetage n'est requis pour les produits GM dans ce pays.
« Il s'agit du premier animal au monde génétiquement modifié », a déclaré Lucy Sharratt, coordonnatrice du Réseau canadien d'action sur les biotechnologies. « Les Canadiens en mangent, mais beaucoup d'entre eux ne savent peut-être pas du tout ce qui se passe et personne n'a le choix ou l'information nécessaires pour mettre en place des actions au niveau des magasins d’alimentation. »
Selon un sondage mené en 2018 par l'Université Dalhousie, près de 90 pour cent des personnes interrogées ont déclaré que les aliments et ingrédients génétiquement modifiés devraient être étiquetés, a dit M. Sharratt.
Sharratt et Westage ont noté que des études sur l'innocuité du saumon AquAdvantage ont été menées par des entreprises de l’agroalimentaire, ce qui pose un risque de conflit d'intérêts, selon The Epoch Times. Les activistes ont déclaré que presque aucune évaluation n'avait été faite au Canada ou aux États-Unis sur la sécurité environnementale dans l'éventualité où des poissons modifiés s'échapperaient dans la nature.
Par Leo TIMM
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