L'asservissement de la communauté musulmane ouïghoure du Xinjiang par le régime chinois est certainement l'une des pires persécutions ethniques et religieuses de cette décennie. Ce qui le rend encore plus unique et horrifiant, c'est le fait que le Parti communiste chinois (PCC) a utilisé une technologie de pointe pour réprimer les Ouïghours.
Surveillance par l'intelligence artificielle (IA)
L'élément le plus important de la surveillance des Ouïghours par le PCC est la Plate-forme d'opérations interarmées intégrées (IJOP). L'IJOP, un système piloté par l'IA, recueille des données de sources multiples, y compris à l’aide de millions de caméras de vidéosurveillance, situées dans tout le Xinjiang, des adresses MAC des périphériques, des numéros de licence et d'identification des citoyens aux points de contrôle de sécurité, et ainsi de suite. En outre, les Ouïghours sont également obligés de télécharger sur leurs smartphones et ordinateurs, des applications qui suivent tous leurs agissement sur Internet. Toutes ces données sont recueillies et éventuellement analysées par l'IA pour identifier les «menaces» pour la société.
«Le système d'apprentissage en profondeur fait des recherches en temps réel, par le biais d’enregistrements vidéo de millions de visages, créant des archives qui peuvent aider à identifier les comportements suspects, afin de prédire qui serait susceptible de devenir un protagoniste «dangereux». Les prédictions générées automatiquement par ces technologies de «vision par ordinateur» se basent surde nombreux comportements, allant de l'habillement à la mode islamique, à l'absence ou à la pleine participation à une cérémonie nationaliste de lever de drapeau. Tous ces systèmes sont réunis au sein de l'IJOP, qui surveille constamment les comportements des Ouïghours qu'il observe», explique Logic Mag.
Les Ouïghours ont été jugés selon le nombre de fois où ils priaient. (Image : My visuals / Pixabay)
Lors de la création de l'IJOP, le régime chinois avait engagé près de 100 000 personnes pour effectuer une évaluation manuelle de la région. Les agents nouvellement embauchés se sont rendus dans toutes les maisons du Xinjiang pour recueillir les signatures et d'autres données biométriques des habitants, sous différents prétextes. Ils ont également classé les 14 millions de musulmans en trois groupes, en fonction du risque qu'ils représentent: «sûr», «moyen» et «dangereux». La classification d'une personne était déterminée en fonction de facteurs comme le fait d’avoir prié plusieurs fois, d’avoir enseigné l'islam à ses enfants, d’avoir un parent à l'étranger, etc. Les information recueillies lors de ces opérations à grande échelle ont établi les bases de l'IJOP. Aujourd'hui, l’IJOP ne nécessite plus autant d’informations recueillies par l'homme. Dans quelques années, il fonctionnera en grande partie comme une entité indépendante, sans intervention humaine, ou presque.
En février de cette année, Victor Gevers, expert néerlandais en cybersécurité, a découvert des bases de données non protégées sur des serveurs chinois. Ces données révélaient les faits et gestes de citoyens ouïghours sur une période de 24 heures. Elles provenaient de 6,7 millions de coordonnées géographiques, recueillies dans des endroits comme les cybercafés, les hôtels et les mosquées ; cela montre à quel point la surveillance est répandue et profondément enracinée dans la région. Les derniers rapports suggèrent que Pékin n'est pas satisfait de la mise en œuvre de ce système uniquement dans le Xinjiang. L'homme à l'origine de la répression au Xinjiang serait en train de jeter les bases d'une surveillance technologique qui s’étendrait à tout le pays.
Agir contre la répression des ouïghours
En Amérique, les militants ouïghours ont demandé au gouvernement américain de prendre des mesures strictes contre la Chine pour avoir persécuté la communauté musulmane au Xinjiang. Plusieurs législateurs américains ont également exprimé leur soutien à cette cause. De ce fait, l'ambassadeur des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, Sam Brownback, a déclaré que le gouvernement américain doit «renforcer sa position» en ce qui concerne la question de la répression des ouïghours. Cependant, plusieurs militants ouïghours estiment que peu de choses ont été faites pour rendre le gouvernement chinois responsable de ses crimes.
Mike Pompeo a demandé au gouvernement chinois de mettre fin à la pratique de la détention massive des Ouïghours. (Image : Bureau du président élu via flickr CC BY 4.0)
«Je suis attristé par la réaction timide de la communauté internationale, des dirigeants mondiaux, qui devraient être les défenseurs de la liberté et de la démocratie... Où est l'indignation contre une catastrophe aussi horrible et répugnante qui se produit sous nos yeux?... N’y a-t-il personne pour voir que les Ouïghours sont aujourd'hui confrontés au génocide culturel et physique en raison de leur identité et de leur religion?» a déclaré à CNN, Rushan Abbas, militant ouïghour américain et fondateur de Campaign for Uyghurs,.
En mars dernier, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a exigé que le gouvernement chinois mette fin à la pratique de la détention massive des Ouïghours. Près d'un million d'Ouïghours seraient soumis, de la part du régime chinois, à un lavage de cerveau dans des camps d'internement, où ils sont contraints de se défaire de leurs traditions et d'accepter la suprématie de l'idéologie communiste chinoise.
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