Cette instruction peut être réalisée à l’école mais aussi à la maison, tant que l’enfant suit un enseignement qui lui permettra d’acquérir les fondamentaux de savoir-lire, écrire, compter, mais aussi respecter autrui. (Photo : Pixabay.com)
Avec l’arrivée des vacances de la Toussaint, c’est aussi le moment de faire le point sur la rentrée scolaire ainsi que sur les mesures prises dans l’Education nationale.
Cette instruction peut donc être réalisée à l’école mais aussi à la maison, tant que l’enfant suit un enseignement qui lui permettra d’acquérir les fondamentaux de savoir-lire, écrire, compter, mais aussi respecter autrui
La maternelle connaît cette année une modification fondamentale dans sa réglementation. Quelle est-elle et pourquoi un tel changement ?
L’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire de 6 ans à 3 ans
Cette mesure-phare du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, promulguée dans le cadre de «l’école de la confiance» le 26 juillet 2019, a créé de nombreuses interrogations, non seulement dans les familles mais aussi dans les milieux éducatif et politique. Notamment, parce que la confusion persiste encore entre «scolarisation» et «instruction».
En effet, si la scolarisation consiste à inscrire un enfant à l’école, l’instruction obligatoire requise par la loi, correspond à un enseignement des savoirs.
Cette instruction peut donc être réalisée à l’école mais aussi à la maison, tant que l’enfant suit un enseignement qui lui permettra d’acquérir les fondamentaux de savoir-lire, écrire, compter, mais aussi respecter autrui. Pour cette 2ème option, les parents doivent tout de même informer la mairie ou les services départementaux de l’éducation nationale de leur souhait d’enseigner à la maison.
Dans les faits, cette loi ne change pas ou peu la réalité de la prise en charge des enfants de 3 ans, puisque 97,5% d’entre eux sont déjà scolarisés en école maternelle.
Ce pourcentage national chute dans certaines régions telles que la région parisienne (93%) ou des départements d’outre-mer comme la Guyane et Mayotte (70%).
Mais, l’obligation d’instruction impliquant celle d’assiduité, c’est surtout là où le bât blesse. En effet, nombre de parents inscrivant leurs enfants en petite section de maternelle ne les mettent à l’école que le matin, prétextant une sieste ou un déjeuner tardif.
Qu’ils se rassurent! Le Sénat a permis un assouplissement du contrôle de cette assiduité pour les élèves de petite section de maternelle. Les personnes responsables de l’enfant peuvent adresser au directeur de l’école une demande d’aménagement, laquelle ne pourra porter que sur les horaires de l’après-midi.
Avec l’option d’instruction à la maison, les contrôles seront néanmoins renforcés, et la mairie devra mener une enquête afin de vérifier si l’environnement de vie de l’enfant, ainsi que son état de santé, sont propices à l’enseignement à la maison, et si bien sûr, cet enseignement est effectivement mené régulièrement. Parallèlement, un inspecteur académique devra vérifier une fois par an, que les compétences de base sont bien transmises et assimilées.
Pourquoi un tel changement ?
Cet abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire vient modifier une loi datant du XIXe siècle qui considérait la maternelle comme un établissement de «première éducation», favorisant «le passage de la famille à l’école». Désormais, l’école maternelle prend une nouvelle dimension scolaire, préparant aux apprentissages fondamentaux du CP.
En effet, les Assises de l’école maternelle qui se sont tenues en 2018 ont mis en lumière de fortes disparités quant à la maîtrise du langage chez les enfants de 4 ans. Un enfant issu d’un milieu défavorisé avait entendu 30 millions de mots de moins qu’un enfant du même âge issu d’un milieu plus favorisé! On imagine les conséquences pour la richesse du vocabulaire oral et plus tard, pour l’apprentissage de la lecture. L’acquisition du vocabulaire oral est devenue une priorité à la maternelle.
Prendre davantage en compte les problèmes de comportement ?
Parallèlement à ce constat pédagogique, le personnel enseignant en maternelle fait de plus en plus face à des enfants présentant des problèmes de comportement pouvant porter atteinte à leur propre sécurité et à celle de leurs camarades. Des crises graves les amenant à frapper les autres enfants et même les adultes, la détérioration du matériel: on a parfois peine à croire que de jeunes enfants puissent en être l’auteur…
Et non, les problèmes de comportement ne sont plus l’apanage triste des collèges mais se recensent à tous les niveaux de la scolarité et, de plus en plus, dès la maternelle.
Carences éducatives? Hyperactivité due au sucre, à la multiplicité des écrans? Enfant-roi, ou autre extrême, enfant délaissé? Les questionnements sont nombreux quant à cette recrudescence de la violence et du non-respect des règles de vie en communauté, laissant enseignants, directeurs et personnels communaux impuissants et démunis face à des crises fréquentes provenant pourtant d’enfants non reconnus comme présentant un handicap mental.
Et que dire des autres élèves qui eux-aussi, doivent faire face, parfois pendant plusieurs années consécutives, à un camarade violent et imprévisible? Que dire d’une classe qui doit passer de longues minutes, voire des heures à attendre que l’enseignant ait pu gérer un comportement difficile, cette situation s’additionnant dans le temps et réduisant à long terme les temps d’apprentissage? Fait paradoxal, on notera la réduction d’effectif des enseignants spécialisés (RASED, Réseau d’aide spécialisé) dans la gestion des comportements, et des psychologues.
Face à ces évolutions dans la gestion des élèves, il faut espérer que d’autres mesures seront bientôt prises afin d’en limiter les conséquences sur le climat scolaire et l’apprentissage.
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