Les jeux de société semblent susciter un véritable engouement auprès des populations. La France notamment, d’après les chiffres du NPD Group, (National Purchase Diary Panel), occupe la première place sur le marché européen devant l’Allemagne. Comment expliquer un tel essor face à la concurrence du numérique ?
Des premiers jeux égyptiens aux « jeux de plateau » modernes
Les jeux de société rassemblent au minimum deux joueurs. Ils se caractérisent par un règlement, des supports matériels : tabliers (souvent appelés « plateaux »), cartes, aires de jeux, dés, pions, feuilles de papier etc…
Selon les fouilles archéologiques, les premières traces de jeux de société, remonteraient à l’Egypte antique. Le plus pratiqué d’entre eux , le « senet », un jeu de parcours, se jouait avec un plateau de trente cases. Le « mehen » ou « jeu du serpent » rappelle le jeu de l’oie. Pour les Egyptiens, les jeux représentaient à la fois un amusement et un rituel.
Le plus ancien jeu de stratégie combinatoire connu, le jeu de go « probablement créé en Chine pendant la période des Printemps et Automnes (771-453 av. J.-C.) » selon Wikipedia, est resté populaire jusqu’à nos jours surtout dans les pays asiatiques.
Avec le développement de l’imprimerie, les jeux de cartes et autres jeux de société modernes apparaissent progressivement avec un nom, un éditeur et des règles précises. Le Monopoly créé en 1935 et le Scrabble en 1948 figurent parmi les plus réputés.
C’est à partir des années 1990 que les jeux de société se diversifient de façon considérable en fonction du public visé.
Outil d’apprentissage et de socialisation pour les enfants
« Le jeu, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie » disait Pauline Kergomard, Inspectrice générale et fondatrice des écoles maternelles en France. Loin d’être une perte de temps ou un simple amusement, le jeu s’avère d’une importance capitale pour la croissance de l’enfant. En jouant, l’enfant développe diverses capacités telles que la concentration et la mémoire. Par ailleurs en manipulant les dés et les pions, il pourra accroître sa motricité.
Le jeu de société apporte une touche supplémentaire : celle de la socialisation. L’enfant, en allant à la rencontre de l’autre au sein ou au-delà du cercle familial, apprend à vivre « en société ».
A travers les règles du jeu, l’enfant va progressivement se familiariser avec les notions de loi, de sanction, de tricherie.
Du point de vue psychologique, il apprendra à gérer ses émotions. Apprendre à perdre lui permettra de forger son caractère. Être capable de gagner lui apportera l’estime de soi. Les spécialistes parlent des bienfaits du jeu de société sur le plan psychosocial.
Le jeu de société a l’avantage d’être intergénérationnel, divertissant et convivial. Il permet de consolider les liens familiaux et amicaux dans la bonne humeur. (Image : Annette Landin / Pixabay)
Source de bien-être, le jeu est recherché par les adultes
NPD Group, une entreprise américaine d’étude de marché, rapporte que le marché des jeux de sociétés « représentait 342 millions d’euros en France en 2018, avec une croissance de plus de 8% par rapport à l’année précédente » si on se réfère au site de cabinet marketing « Imbrikation ».
Ce dynamisme s’est accentué lors du confinement. « Comparées à la même semaine en 2019, les ventes de puzzles affichent une croissance de 122 % tandis que les jeux de société enregistrent une hausse des ventes de 83% », commente Lucie Arnaud, auteur de l’article publié le 31 mars 2020 sur le site de NPD Group.
De plus, depuis quelques années, une nouvelle tendance se développe, attirant une clientèle de plus en plus nombreuse : les bars à jeux et les ludothèques. Il s’agit d’établissements qui proposent la location de jeux de sociétés.
Le succès grandissant de la formule s’expliquerait pour diverses raisons : le jeu de société a l’avantage d’être intergénérationnel, divertissant et convivial. Il permet de consolider les liens familiaux et amicaux dans la bonne humeur. De plus, les consommateurs semblent rechercher des interactions véritables à l’abri des écrans et du virtuel.
La pratique régulière de certains jeux stimulerait les fonctions cognitives et retarderait la dégénérescence cérébrale. (Image : David Mark / Pixabay)
Les chercheurs Drew M. Altsschul et Ian Deary ont mené à l’Université d’Edimbourg au Royaume-Uni une étude évoquée dans l’ouvrage suivant : Drew M. Altschul et Ian Deary Playing Analog Games Is Associated With Reduced Declines in Cognitive Function : A 68-Year Longitudinal Cohort Study, in The Journals of Gerontology: Série B , nov. 2019.
Leurs conclusions montrent que la pratique régulière de certains jeux stimulerait les fonctions cognitives et retarderait la dégénérescence cérébrale.
En favorisant la concentration et l’agilité intellectuelle, les jeux de société se révèlent utiles à tout âge.
Témoins des traditions et des émotions, les jeux de société ont traversé les siècles. Ils restent les garants du partage et de la convivialité.
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