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Nature. Quand la Terre tremble

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Quito, capitale de l’Équateur, est située à plus de 2800 m d’altitude au coeur d’une grande vallée de la cordillère des Andes. Elle est entourée de montagnes, dont plusieurs sont des volcans actifs. Les séismes provoqués par les éruptions volcaniques y sont de moindre intensité et se situent proches du volcan. (Image : Albert Dezetter / Pixabay)
 

Ce mois de novembre 2019, la terre a tremblé en Europe.

Le 26 novembre, en Albanie, un tremblement de magnitude 6,4 a fait 900 blessés et 51 morts, et a laissé des milliers de personnes sans domicile. L’épicentre de la secousse se situait en mer Adriatique, à 34 kilomètres au nord-ouest de Tirana, à une profondeur de 10 kilomètres, selon le Centre sismologique euro-méditerranéen. Quelques heures plus tard, une secousse de magnitude 5,4 a été enregistrée en Bosnie voisine.

Puis, à son tour, l’île grecque de Crète a été secouée par un tremblement de terre qui n’a heureusement fait aucun dégât. Le séisme de magnitude 6,1 a été enregistré à 09h23 à une profondeur de plus de 70 kms, selon l’observatoire géodynamique d'Athènes.

Plus tôt ce mois de novembre, la terre a tremblé dans le sud-ouest de la France, ainsi qu’à Strasbourg et dans le Valais suisse.

Qu’en pensaient nos ancêtres ?

À l’époque gréco-romaine plusieurs théories étaient avancées. L’une d’elle était que les dieux se fâchaient. Le philosophe Thalès, lui, pensait que la terre flottait sur l’eau et que des tempêtes souterraines étaient la cause de ces tremblements de terre, d’autres penseurs estimaient qu’une période de sécheresse ou de grandes précipitations créaient des fissures et des effondrements ou que des feux et des gaz souterrains soulevaient la terre.  

Au moyen âge, les chrétiens pensaient que Dieu punissait les impies mais d’autres hypothèses étaient avancées comme celles de l’enseignant et écrivain allemand Konrad Von Megenberg, qui, dans son étude consacrée au séisme de Bâle de 1356, réhabilite la théorie d’Aristote attribuant les tremblements de terre à l’action de vents ou de gaz souterrains.

Bien que réfutée actuellement par le Vatican, l’idée d’un châtiment divin dans les catastrophes naturelles est partagée par beaucoup de gens. Pour ceux qui ont été exposés à ce genre de catastrophes, l’impact les affectent irrémédiablement ; Ils nécessitent une explication autre que «c’est le hasard» pour pouvoir se reconstruire.

Les causes

Ces plaques dites tectoniques sont en mouvement régulier
Ces plaques dites tectoniques sont en mouvement régulier. (Image : wikipedia)
 

Les scientifiques pensent que notre planète est recouverte d’une écorce composée de différents minéraux. Elle se présente comme un ensemble de plaques qui recouvre le magma. Ces plaques dites tectoniques sont en mouvement régulier et se séparent ou se chevauchent, créant une contrainte.

Les tremblements de terre surviennent lors d’une libération soudaine de la contrainte le long des failles de cette croûte terrestre à une profondeur de 30 à 600 kilomètres. Cette libération provoque des ondes à travers la terre et le long de la surface, créant les secousses que l’on ressent comme un tremblement de terre.

Les séismes sont aussi provoqués par des éruptions volcaniques mais ils sont de moindre intensité et se situent proche du volcan. Ils peuvent tout de même faire de gros dégâts comme à Messine en 1908

 

Le séisme de 1908 à Messine a duré de 30 à 40 secondes et a été suivi d'un tsunami qui a détruit les villes de Messine, Reggio de Calabre et Palmi. La catastrophe a fait de 75 000 à 200 000 morts selon les estimations.
Le séisme de 1908 à Messine a duré de 30 à 40 secondes et a été suivi d’un tsunami qui a détruit les villes de Messine, Reggio de Calabre et Palmi. La catastrophe a fait de 75 000 à 200 000 morts selon les estimations. (Image : Internet Archive Book Images)
 

Des séismes dits « induits » peuvent également être déclenchés lors de la construction d’un tunnel, d’un barrage, ou de forages de géothermie profonde, d’exploitation de gaz de schiste ou de mines profondes.

Les séismes des 13 et 14 novembre à Strasbourg pourraient avoir été provoqués par le site de Vendenheim-Reichstett, où la société Fonroche développe la géothermie profonde. Celle-ci  réfute tout lien avec son exploitation, à l’arrêt depuis le 8 novembre. Les données sont détenues par un comité de chercheurs du CNRS et de l’Université de Strasbourg et Fonroche ne pourra reprendre ses activités qu’une fois les résultats de cette enquête publiés.

Des séismes ont eu lieu en 2006 à Bâle Suisse, magnitude 3,4 et en 2013 à Saint Gall, Suisse, magnitude 3,5, les deux faisant suite à des travaux de géothermie profonde. Il s’agit donc de trouver en priorité des moyens d’obtenir la perméabilité nécessaire de la roche pour pouvoir réaliser un projet de géothermie, sans pour autant provoquer trop de secousses. Néanmoins, à de rares exceptions près, ces séismes sont de très faible intensité et à peine perceptibles en surface.

Toujours en novembre 2019, près de Montélimar, au niveau de la « faille de Rouvière », un séisme a provoqué une zone de rupture qui s’étend sur 4 km de long et un affaissement du sol de 4 à 8 cms. Très vite, l’hypothèse d’un impact de l’activité humaine dans la cause du séisme est envisagée. Le laboratoire ISTerre de Grenoble a expliqué au quotidien régional Le Dauphiné Libéré : « Ce serait une carrière positionnée juste au-dessus de la faille qui était déjà au bord de la rupture ». Quatre personnes ont été blessées et 825 logements ont été endommagés.

 

Cratère d'environ 20 m de diamètre et de 25 m de profondeur apparu à la suite de l'effondrement d'un tunnel de l'ancienne mine d'Herbolzheim (Bade-Wurtemberg) en Allemagne.
Cratère d'environ 20 m de diamètre et de 25 m de profondeur apparu à la suite de l’effondrement d’un tunnel de l’ancienne mine d'Herbolzheim (Bade-Wurtemberg) en Allemagne. (Image : DerFalkVonFreyburg / CC BY-SA 4.0)
 

Les séismes d’effondrement sont déclenchés par l’écroulement de grottes, surtout dans les régions karstiques, de mines, notamment les mines de charbon ou bien par d’importants glissements de terrain. Ils sont locaux.

Les effets

La puissance d’un séisme se mesure par son intensité et son amplitude ou magnitude sur l’échelle de Richter et par la profondeur de son foyer. À partir de 6, les meubles lourds se déplacent et les gens ont vraiment peur.

À 8, les bâtiments s’écroulent, à 9 la destruction des constructions est généralisée, 11 les constructions les plus solides sont détruites, le terrain est déformé et 12, étant le maximum, le paysage est bouleversé.

Lorsque de gros tremblements de terre surviennent en mer, ils peuvent provoquer un tsunami. Nous avons encore en mémoire le tsunami de 2005 en Thaïlande. L’Europe a aussi subit des tsunamis. 

En l’an 563, un pan de montagne s’est effondré dans le lac Léman, provoquant une vague de treize mètres à Lausanne et huit à Genève selon l’estimation d’un groupe de chercheurs de l’Université de Genève, dont les travaux ont été publiés dans la revue Nature Geoscience.

Le 1er novembre 1755, Lisbonne, Portugal a été frappée par un séisme estimé entre  8,5 et 9,4. Il y aurait eu entre 50 000 et 70 000 victimes parmi les 275 000 habitants. La secousse a été suivie par un tsunami et des incendies, qui ont détruit en quasi-totalité la ville de Lisbonne. Le lieu exact de son épicentre reste discuté, mais se situait dans l’océan Atlantique.

La province du Sichuan en Chine est régulièrement frappée par des séismes. En 2008, un tremblement de terre de magnitude 7,9 avait fait 87 000 morts ou disparus. Le 17 juin 2019, un séisme de magnitude 6 s’est à nouveau produit dans la province. Les responsables locaux ont annoncé que le séisme a fait au moins 12 morts et 134 blessés et plus de 100 000 personnes ont été impactées par le séisme. S’en est suivi plus d’une soixantaine de répliques, dont la plus importante de magnitude 5,1.

Le Japon est la partie du monde la plus touchée par les séismes, environ 20% des séismes supérieurs à 6 sur l’échelle de Richter se situe au Japon. Au cours de cette année, notamment le 10 mai, le 18 juin, les 25, 27 et 30 juillet, les 12 et 28 octobre et le 29 novembre des tremblements de terre d’une magnitude de 5,3 à 6,8 ont eu lieu sans faire de dégâts importants.

Prévention

 

Dans l’antiquité chinoise le Houfeng Didong Yi (instrument pour mesurer les vents et les mouvements de la terre) servait a localiser les lieux où se produisaient les séismes. (Image :  Wikimedia/CC BY 2.0)
Dans l’antiquité chinoise le Houfeng Didong Yi (instrument pour mesurer les vents et les mouvements de la terre) servait a localiser les lieux où se produisaient les séismes. (Image : Wikimedia / CC BY 2.0)
 

En Chine, sous la Dynastie des Hans Orientaux, Zhang Heng, le célèbre inventeur, mathématicien, géographe, cartographe, homme de lettres et érudit, a mis au point en l’an 132, un sysmographe, le Houfeng Didong Yi.  C’était un vase en bronze avec huit dragons soudés sur le pourtour du vase. Une bille posée dans la bouche de chaque dragon était prête à tomber dans la bouche d’un crapeau en fonction du lieu où se produisait le séisme. Cela permettait d’envoyer plus rapidement les secours.

Au Japon, les anciennes constructions en bois, vieilles de plus de 1300 ans absorbent les chocs et atténuent l’impact des séismes et des vents violents. Les différents étages sont empilés sur une colonne centrale. Quand un tremblement de terre se produit, les différents niveaux oscillent indépendamment les uns des autres et l’ensemble reste intact. Les nouvelles constructions japonaises sont toutes antisismiques, c’est la meilleure prévention à prendre en compte lors de la construction d’une maison située dans une zone à risque.

Dans les zones à risques, on peut fixer chez soi les appareils et les meubles lourds aux murs, localiser les points de coupure de gaz, eau et électricité, repérer un endroit où l’on pourra se mettre à l’abri.

Il faut aussi prévoir un poste de radio et des piles neuves, une torche électrique puissante, un manuel et une trousse de premiers secours et quelques provisions alimentaires ainsi que de l’eau potable.

Lors d’un tremblement de terre, une alerte donnée un peu à l’avance pourrait réduire le nombre des victimes. Lorsque l’alerte est lancée, il faut immédiatement se mettre à l’abri près d’un mur, d’une colonne porteuse ou sous des meubles solides, s’éloigner des fenêtres et des vitrages et, au dehors, de tout ce qui peut s’effondrer (bâtiments, ponts), à défaut s’abriter sous un porche, et si possible, se diriger vers un endroit isolé en prenant garde aux chutes d’objets, aux  lignes électriques. En voiture : s’arrêter si possible à distance de constructions et de fils électriques et ne pas descendre avant la fin de la secousse.

 

La puissance d'un séisme se mesure par son intensité et son amplitude ou magnitude sur l’échelle de Richter. Au dessus de 8, les constructions les plus fragiles, notamment les maisons s’écroulent.
La puissance d'un séisme se mesure par son intensité et son amplitude ou magnitude sur l’échelle de Richter. Au dessus de 8, les constructions les plus fragiles, notamment les maisons s’écroulent. (Image : Angelo Giordano / Pixabay)
 

Après un séisme, il faut couper l’eau, le gaz et l’électricité, ne pas allumer de flamme ou fumer. En cas de fuites, il faut ouvrir les fenêtres et les portes, ne pas prendre l’ascenseur et évacuer le bâtiment. Il faut aussi se tenir à l’écoute des radios locales et nationales. S’éloigner des zones côtières, même longtemps après la fin des secousses en raison d’éventuels raz de marée.

Lorsqu’on se retrouve bloqué sous les décombres, il faut se manifester en tapant contre l’objet le plus approprié (paroi, poutre, canalisation, table, etc.) se trouvant à proximité.

 

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